Permission de pleurer.

(Article initialement publié en avril 2012)

Il m’aura bien fallu deux jours pour digérer ce dimanche.

Perle avait une « grande » permission ce jour-là, et nous sommes partis tôt sur la route de la Montagne, pour la rejoindre le plus vite possible.

Arrivés au CHU, les enfants encore ensommeillés restant avec leur Papa dans la voiture, je cours me hâte vers le service pour enfin retrouver mon Tendre Amour.
Je la vois, à travers la porte vitrée, déjà prête, parée de sa plus jolie seule robe, attendant de pied ferme notre arrivée.

Après les formalités d’usage et avoir reçu les instructions médicales pour lui donner son traitement, enfin, nous franchissons cette porte. A nous sept heures de liberté, sans soignant, loin de cet hôpital..

Au regard des prévisions météo plutôt clémentes, nous avions prévu une journée balades/picnic/balades, dans un parc pas très loin.
Malheureusement, les prévisions ne sont que des prévisions, hein…Et malgré un soleil bien présent, le vent glacial et ses bourrasques nous ont vite transis.

Alors, à défaut de balade matinale, nous nous sommes rabattus sur la visite du Musée (voir mon article d’hier pour mes impressions).

Puis, direction le parc pour un picnic mérité, les estomacs levés bien trop tôt de la Troupe criant famine.

Le repas vite avalé, nous décidons, pour nous réchauffer, de faire le tour du Parc tranquillement. Mais déjà, Perle montre des signes de fatigue (le traitement avalé à midi fait ses effets), se referme, ne souhaite pas jouer avec ses soeurs et frère.

Blottie entre son père et moi tout le long de notre marche.

Le vent toujours bien présent commence à jouer sur nos états d’esprit, les petits râlant, les grandes se plaignant,  et nous grelottant.

Alors, bien trop tôt, sans solution de secours, nous reprenons la direction du CHU.

L’infirmier de service nous ouvre une salle pour que nous puissions passer un moment entre nous, à faire des jeux. Mais comme dimanche dernier, le coeur n’y est pas, personne ne s’investit vraiment. Les larmes commencent à couler..
Perle, de plus en plus crispée, montre des signes d’anxiété importants. Je les connais par coeur ces signes. La bouche serrée, les doigts qui viennent griffer, arracher, abîmer une joue, un bras…Ses beaux yeux bleus s’assombrissent, se remplissent de colère.

L’infirmier vient alors faire un petit compte-rendu de la semaine de la Puce. Pour l’équipe des soignants, Perle évolue vraiment. Malgré son discours plus que négatif à chaque appel vers nous, malgré sa tentative de fugue, malgré ses supplications, ses sanglots…Les médecins voient certaines choses se « décanter », Perle s’ouvre à eux, leur parle, se confie parfois, participe de plus en plus.

Puis vient l’heure du départ. Perle alors commence à entasser ses doudous et autres bricoles dans son petit sac à dos, sans dire mot, butée, pour nous suivre…
Commence alors la confrontation. Entre nous et la Puce, pour tenter de la raisonner. Entre l’infirmière et Perle..Sans résultats.

Et sa colère explosa. L’infirmière est contrainte d’enfermer notre puce dans la chambre d’isolement, le temps de notre départ.
Un départ en larmes, dans les cris, les pleurs et la peur…

Un retour long, morose et catastrophique, notre voiture ayant décidé de jouer les trouble-fête…
Avec un sentiment amer d’avoir raté cette journée, d’être resté encore une fois sur une drôle d’impression..Comme si ces moments en famille étaient « pour du faux » comme disent les enfants. A ne pas réussir à en savourer chaque instant, déjà dans l’attente du départ. A ne pas pouvoir se détendre. A presque souhaiter de ne pas être venus..

A notre arrivée à la Hutte, un appel aux soignants nous rassurera sur l’état de la Puce. Sortie de l’isolement dès notre départ, calmée, apaisée, elle aura pu manger avec le groupe.

Mais le noeud, qui tord mon estomac, qui m’amène un goût amer, est toujours là. L’impression que chaque jour qui passe sans Perle est un jour de plus qui nous éloigne d’elle.

La peur que plus rien ne soit jamais comme avant, que notre vie à sept ne soit plus la même, à son retour.
Peur de sa colère, de ses reproches, peur de lui avoir fait du mal…

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