Adolescente et descolarisée – épisode 2
Quand j’ai décidé d’arrêter mon activité professionnelle pour enseigner à Perle, j’étais pleine de bonne volonté, d’idées « trop top » pour lui faire ingurgiter tout le programme de 5ème.
Sous pression, avec une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, j’ai dès le 1er janvier concocté un emploi du temps précis et ordonné nos journées, afin que chaque minute soit consacrée à un apprentissage précis.
Sept jours. Mon beau planning a tenu 7 jours. Jusqu’à ce que Perle ait son premier contrôle pédagogique.
Gros moment de stress s’il en est, j’avais d’ailleurs « omis » de lui en parler jusqu’à l’avant-veille, tellement paniquée à l’idée qu’elle fasse une crise de panique (ouais, on fait une belle équipe de paniquées, toutes les 2).
Arrive cette inspection. Nous nous y rendons, sous la pluie et le vent, avec une voiture aux pneus lisses, histoire de corser l’aventure. On trouve le collège. Je négocie pour que ma puce, tétanisée devant cet immense collège et la foule d’adolescents bigarrés qui le remplissent, franchisse son portail.
Je fais genre je suis super à l’aise et ravie d’être là, et bizarrement ça marche, je suis à l’aise (je crois qu’à l’aube de mes 39 ans, je peux dire que je suis GUÉRIE de mon anxiété sociale!!!).
Donc je traîne ma puce jusqu’à la salle dédiée à notre inspection. S’y trouvent déjà d’autres familles pratiquant l’IEF, sourire jusqu’aux oreilles (ça, c’est louche, non?)
Et nous rencontrons l’Inspecteur chargé de mener l’entretien des familles (l’Inquisition!!) et ses conseillers, chargés d’évaluer le niveau scolaire de nos enfants.
Et je tombe des nues : il est aimable !! Il est souriant !! Il est bienveillant et empathique.
Cet entretien est une révélation, un soulagement, une liqueur sucrée qui coule sur l’acidité des plaies qu’avaient creusé la cohorte de « professionnels de l’Education nationale » depuis 2008.
Ce Monsieur (oui, j’ai oublié son nom mais pas la majuscule de sa gentillesse) a fait abstraction du mutisme de Perle, a plaisanté, devisé, papoté, s’est indigné avec nous des conditions dans lesquelles notre fille a été déboutée du collège l’an dernier, m’a rassurée, entendue, rassurée encore.
Puis un Conseiller a tenté d’évaluer le niveau de français/histoire/anglais de Perle. Passons …
Voyant à quel point parler et écrire était difficile pour ma fille, notre cher Inspecteur a repris le relais, en nous conviant de nouveau dans son bureau. Là, il a réussi, (God blesses him!) a déridé ma fille, à lui faire dire quelques mots, à la faire sourire et même rire (à l’étouffée certes, mais quand même!!) et à la questionner sans façon sur ses connaissances mathématiques.
A la fin de trois longues heures, ce brave homme a conclu que Perle avait un excellent cerveau en état de marche, et que c’est tout ce qui lui importait ! De là, il m’a dit de me détendre ! De souffler un bon coup et de revoir à la baisse ce que j’avais prévu comme cours.
De bonnes bases en maths, une bonne connaissance des différentes périodes de notre Histoire, savoir lire, écrire, s’exprimer, donner son avis, mûrir une réflexion, tenir une conversation basique en anglais et basta ! C’est tout ce qu’elle avait besoin de savoir pour réussir dans la vie !
Et que surtout, elle continue à s’enthousiasmer pour tout, qu’elle s’amuse, qu’elle découvre, qu’elle vive !
Il m’a aussi rassurée sur l’avenir scolaire de Perle : il nous transmettra une lettre de « dérogation » à donner à la future école de notre fille, au cas où la structure tique devant l’absence de dossier scolaire de Perle.
Voilà pourquoi mon beau planning de cours n’aura tenu que 7 jours.
Depuis, on joue aux Playmobils !

Wahoo, super nouvelles! Et bravo à toi pour tant de créativité pour trouver ce qui convient à Perle!