Elle recommençait à se camoufler. Sa grosse veste portée en permanence, une carapace salie et usée. Je la surprenais de nouveau à courber les épaules, à fermer les yeux. Sa bouche témoignait de ses peurs, hachée, triturée et blessée par ses doigts tremblants et nerveux.
Son sourire se faisait moins vif, ses paroles moins nombreuses.
Le matin, à l’aube, alors que l’heure de la réveiller avait sonné depuis longtemps, j’hésitais, le coeur noué. Je le jouais à quitte ou double. Un sourire ou des larmes. Jackpot gagnant lorsqu’elle se préparait seule, sans que j’ai à la motiver dix fois. Echec et mat, lorsqu’à l’heure de sortir dans la gelée matinale, elle était encore enfouie sous sa couette, la mine renfrognée et le front soucieux.
L’angoisse avait repris le dessus.
Le monstre tapi en son sein, bien qu’amadoué depuis quelques mois, n’en restait pas moins bien présent. Lourd et serrant d’une griffe de plomb la douce âme de mon enfant.
Alors, je reprenais mes litanies sans fin. Des encouragements et des câlins. Des caresses et des « cajolades ».
Parfois aussi, les larmes roulaient sur mes joues, sur mes mots, quand la fatigue et la peur étaient trop fortes.
Parfois même, les cris écorchaient ma gorge serrée, quand plus rien ne d’autre ne venait soulager notre peine.
J’étais démunie, j’étais une maman en carton.
Le monstre sortait de son sommeil pour bousculer ma Douce. Il crochetait, agrippait, retenait mon enfant, alors qu’elle était toute entière tournée vers un demain plus serein.
La fatigue physique venait amplifier la rage du Démon. Des jours et des jours à arpenter les chemins de terre, dans le froid et la bise. Des soirs et des week-ends, à courir et dribbler, sur le terrain vert.
Du plaisir pourtant, de la joie et de l’envie aussi.
Mais elle était bien fragile, quand même, ma fille.
Elle était si petite, malgré sa taille de géante.
Elle avait affronté et remporté déjà de nombreuses batailles contre ce monstre invisible.
Elle avait durci le front et serré les dents. Elle avait relevé la tête et bravé le vent.
Mais cette fois-ci, elle devait reculer.
Respirer. Expirer. Prier.
Presqu’à terre et sans souffle, nous allions nous relever, LA relever. La soutenir et la porter. Encore. Toujours.
Malgré la douleur qui grince dans mes os, et hurle dans mon cœur.
Malgré la peur qui broie nos âmes.
Elle va se relever. Bientôt.
Parce qu’elle a décidé de se battre. Parce qu’elle a décidé de GAGNER.
Il est des chemins si ardus qu’ils se construisent d’avancées en régressions.
COURAGE.
Merci ! Tant de petits signes, oh bien discrets parfois, nous font espérer des lendemains plus doux pour notre fille. Alors on serre les dents et on avance..
Texte très émouvant… Je n’ai pas de mot…
merci beaucoup
Courage, c’est beau comme tu l’accompagnes dans sa bataille, patiente, aimante, disponible. Bravo!