Le rôle de ma vie

Je suis une maman poule, à n’en point douter, quand tous les soirs, se glissent sous ma couette, avec leurs pieds froids et leurs piaillements bavards, un, deux ou trois petits poussins blonds.

Je suis une maman poule quand je le porte hors de son lit, enveloppé dans sa couette. Quand je lui prépare ses tartines, quand je l’habille, le chausse, le cajole toujours plus.

Mais je suis aussi une maman débordée, quand elles me répètent dix fois une information, et que pourtant je ne la retiens toujours pas.

Je suis une maman débordée, quand je ne sais plus qui je dois transporter où, quand je mélange les emplois du temps et les professeurs.

Mais je suis aussi une maman complice, quand je souris toujours à leurs blagues potaches, quand on partage secrètement une tablette de chocolat, planquées sous ma couette, parce que  » Mam’s, elle dit toujours oui ! »

Je suis une maman psy, quand elles me disent : « Je peux te parler ? », quand les copains/copines se confient également, quand j’essaie d’aplanir leurs difficultés, quand j’explique, conseille, écoute … toujours.

Je suis une maman fatiguée, quand je dois encore me battre contre eux et non plus avec eux. Quand je dois « faire de l’autorité ». Quand je hausse le ton, quand je dis non. Quand ils me font pleurer.

Mais je suis aussi une maman copine, quand on échange nos potins, quand on chante à tue-tête, quand on fait une partie de chatouilles.

Je suis souvent une maman ourse, quand je montre les dents pour les défendre, à tort ou à raison. Toujours eux en premier.

En bref, je suis une maman quoi.

Mais une maman qui crève de fierté quand je les regarde grandir, quand je nous vois si complices et si proches.

Bref, je ne m’étais pas trompée. Être maman est le rôle de ma vie.

 

 

Des pépites dans mes yeux.

Il y a quelques mois, j’ai découvert un livre merveilleux, qui m’a touchée en plein cœur.
Ce livre s’intitule « La Petite casserole d’Anatole », d’Isabelle Carrier.

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Pour résumer, c’est l’histoire d’un petit garçon, Anatole, qui depuis sa naissance, traîne une petite casserole rouge, qui l’embête fort dans sa vie de petit homme.
Elle se coince, le ralentit, l’empêche d’avancer ou de jouer avec les autres. Elle est source de moqueries et de rejets de la part de son entourage.
Vous l’aurez compris, ce livre traite de la différence, du handicap.

Lorsque je l’ai lu pour la première fois, j’en faisais la lecture aux enfants de la structure pour laquelle je travaille. Chose que je ne fais d’habitude jamais, car nous préférons prendre le temps de découvrir le livre seule, de se familiariser avec le texte pour en faire une lecture fluide et sereine aux enfants.
Mais là, tout à mon envie de découvrir l’histoire, je leur ai lue sans la connaître.

Et l’émotion m’a saisie. M’a serré la gorge et fait trembler la voix.
Ce livre est une pépite. Un chef d’oeuvre de bienveillance et d’amour.

Dans ce livre, le petit Anatole rencontre une personne-fleur. Une personne bienveillante qui va l’aider à s’accommoder de cette petite casserole. Qui va lui donner les ressources et la combativité pour vivre heureux avec sa différence.

personnefleur

Si je vous parle de ce livre, outre mon intérêt pour l’histoire, c’est qu’un jour, lors d’un de mes entretiens réguliers avec la psychologue de mon service, celle-ci a évoqué l’histoire d’Anatole, la comparant à celle de nos petits accueillis dans la structure.
Enfants déboussolés, en manque de repères, évoluant souvent dans un environnement familial insécure.

Toute à l’idée du handicap, je n’avais jamais fait le rapprochement entre la petite casserole d’Anatole et les carences affectives dont souffrent les enfants du Centre.

Et la jeune psychologue de me comparer à la personne-fleur de l’histoire. Et c’est vrai, c’est ce rôle que j’ai tenté de toutes mes forces d’incarner chaque jour, en offrant aux enfants ma bienveillance, mes valeurs, mon regard tendre et mes bras sécurisants.

Et c’est ce que je veux continuer à être, pour mes enfants d’abord, et pour ceux que je croiserai sur mon chemin de vie.

Que ce soit lors des ateliers bibliothèque que je co-anime dans une école primaire, quand rien ne me serre plus fort le cœur que de voir un enfant relever la tête, sourire et se détendre sous notre regard attentif et respectueux, alors même qu’il est considéré comme la terreur du quartier.

Quelle que soit ma route les prochains mois, les années à venir, je resterai la même, n’en déplaise à certains.

Douce et bienveillante, à l’écoute et les bras grand ouverts.

On me l’a reproché bien souvent, dans ma sphère personnelle et sur mon lieu de travail. Parce que je ne me fâche pas, ou peu ? Parce que j’ai toujours les bras prêts à câliner, à enserrer ?
La patience et la douceur me semblent, à long terme, beaucoup plus aidants qu’un cadre ferme et une présence autoritaire.

Parce que chaque enfant est une pépite, une merveille en devenir.
Et que chaque pépite met un peu plus d’or dans mes yeux, dans mon cœur.

(Si vous souhaitez découvrir ce livre, il est disponible dans toutes les bonnes librairies. Un court-métrage a également été réalisé par Eric Montchaud, prix du public du Festival International du Film d’animation à Annecy en 2014. Malheureusement, je n’arrive pas à insérer un lien valide dans ce billet, cruche que je suis ^^).

Il m’fatigue !

grosse colère

Et j’ai crié, crié-é !!! Enfin, il a crié surtout. Et il crie, encore. Tout le temps. 

Ouais, je parle de Fiston … Mon ToutPetit, mon Boubou, ma Terreur …

Mon Blondinet mignonnet (si si !! Il est mignon !) a décidé de ne communiquer qu’en hurlant (et tapant contre les murs, et renversant l’intégralité de ses jouets, et dispensant quelques mots grossiers au passage – pourquoi se priver, hein!) surtout lorsque nous avons le malheur de le contrarier / de lui parler / de lui demander quelque chose / de le regarder (ne barrer aucune mention inutile, c’est un package!).

titeuf

Même si je me targue d’avoir une ligne éducative bienveillante et maternante au possible, cela n’empêche que je fais preuve d’autorité et rappelle mes limites lorsque le besoin s’en fait sentir avec ma Tribu.

Avec les filles, dans leur petite enfance, cette autorité n’avait pas trop lieu d’être, tellement les guider a été une partie de plaisir. J’ai commencé à leur râler dessus plus tard, quand leur caractère s’est affirmé, et qu’il a fallu que je réaffirme le cadre éducatif instauré dans notre famille.

Avec Fiston, dès le départ, on en a bavé. Oui, clairement, on a ramé.
Les premiers mois, quand il pleurait sans cesse, ne se calmant qu’au sein, nuit et jour, non-stop.
Lors de ses premiers pas, à partir de 8 mois, quand il grimpait partout, inconscient du danger, chutant sans cesse, recommençant encore et encore.
Vers ses deux ans, lorsque je n’ai plus été en capacité nerveuse de l’endormir soir après soir au sein, et qu’un « bras de fer » s’est installé entre nous….pendant presque un an.
Quand on s’est inquiété de ne pas le voir parler à deux ans passés, alors qu’il était entouré d’une bande des pies jacassantes.

Quand on a (enfin) compris qu’on ne décoderait jamais son fonctionnement !

grincheux

C’est le plus adorable des petits garçons.
Câlin, mignon-fondant, doux, tendre et agréable, Fiston peut se montrer tellement craquant qu’il nous fait d’un coup d’un seul oublier tout ce que je viens d’écrire plus haut.

Mais ces derniers temps, ce côté charmant ne s’exprime plus qu’à l’extérieur de la maison : à l’école, en sortie (même dans les magasins, il arrive à rester charmant et poli), chez des hôtes, bref, partout sauf chez lui.

Tant mieux, me direz-vous ! Qu’il garde son caractère d’ourson grognon pour ses intimes, l’inverse serait dommage !
Tout à fait d’accord avec vous, je le reconnais !

Seulement, si parfois, nous pouvions, nous aussi, profiter un peu de son côté angelot !

Parce que là, tout de suite, alors qu’il a passé sa journée à râler, hurler, insulter, et qu’il se relève pour la énième fois de son lit, sourd à ma demande de repos, je n’ai qu’une envie, fuir.

Fuir….pour ne pas hurler plus fort que lui. Fuir…pour ne pas le détester.

J’ai cherché à savoir ce qui pouvait provoquer cette colère.

Tout va bien à l’école, d’après son institutrice et lui. Il raconte chaque soir les jeux partagés avec ses copains, et décrit toujours – je cite – « des travails trop fastoches » (question français, y a du boulot!)

Ses nuits sont sereines, éloignées de tout cauchemar ou énurésie qui pourrait nous alerter sur un mal-être.

J’ai tenté de lui offrir encore plus de bienveillance, d’attention positive, de valorisation pour combler un hypothétique déficit affectif.
J’ai tenté de cadrer, fermement.
J’ai tenté d’écouter et accueillir ses colères, sans jugement ni réaction punitive/autoritaire.
J’ai l’impression d’avoir tout tenté. En vain.

Et alors que mon état de fatigue croît sous la puissance de ses cris, je me sens dépassée, perdue, vaincue.
J’essaie de rester rationnelle et de me persuader que ce n’est qu’une étape de son développement.
Que cette colère, ces rebellions, sont peut-être un moyen de prendre son indépendance, se détacher de moi, mère fusionnelle.
Je tourne et retourne en boucle des hypothétiques justifications à ce comportement qui m’épuise.

Et j’attends que tournent les vents …

La leçon (ou comment ma fille m’apprend sa liberté)

liberté

Je suis Charlie. Mais je ne sais pas dessiner. Je n’ai pas su écrire non plus, cette semaine. Pas le goût, pas les mots, trop à dire mais sans envie. D’autres l’ont fait tellement mieux, dans l’émotion, dans le cynisme, dans les rires, dans les larmes. Libres.

Je suis Charlie. Je me suis levée. J’ai prié, moi l’athée. J’ai communié. J’ai fait silence. J’ai informé.
Mes enfants. Qui n’ont pas bien compris pour la plupart. Mais qui ont ressenti mon émotion, ma peine.

Sauf une. Qui s’est rebellé. Prem’s n’était pas à la maison cette semaine mais à l’internat. Nous ne communiquons pas durant ces semaines loin de nous, sauf urgence vitale (j’ai plus de déo, je finis plus tôt etc…)
Nous n’avons donc pas parlé des « événements » ensemble avant son retour, ce soir.

Elle est rentrée alors que j’étais absente. Elle m’a, comme à chacun de ses retours, sauté au cou lorsque je suis revenue. Et je l’ai gentiment envoyée bouler. Parce que j’étais déjà toute entière tournée vers l’actualité. Le dénouement des prises d’otages. La fin de cette attente cauchemardesque.

Et elle qui voulait me raconter ses événements à elle, sa semaine, ses anecdotes, son plaisir d’être enfin à la maison. Je ne l’ai pas écoutée.

Mais plus tard, à table, j’ai posé des questions. J’ai voulu savoir. Pourquoi, comment. Mais toujours pas écouté. Je me suis indignée du peu de réactions dans son école.

Et elle s’est rebellée. A tempêté, a crié, a pleuré.

J’ai tout simplement oublié SA Liberté.

Ma fille m’a donné une leçon ce soir. Quand je pensais, par mes mots et mes actes de ces trois derniers jours, apprendre à mes enfants comment être un Homme Libre, un Citoyen solidaire et tolérant, j’ai tout simplement bafoué le premier de leurs Droits. La Liberté.

Oui, ma fille, tu es Libre. De ne pas comprendre. De ne pas être touchée plus que cela. Parce que ta génération est à ce point abreuvée d’informations morbides et glauques au possible que tu ne relèves même plus.

Oui, ma fille, tu es Libre. De ne pas vouloir « être Charlie ». De ne pas vouloir t’exprimer, de garder le silence.

Oui, ma fille, tu es Libre. Libre de préférer parler des dernières embrouilles entre camarades de classe, libre de savoir ce qu’on mange ce soir. Libre de rire, de blaguer.

Oui, ma fille, tu es Libre. Libre de me crier ton opposition. Libre d’hurler à mon visage que « ça » te soûle, que t’en as marre de n’entendre parler que de « ça », de ne voir que « ça » sur les chaînes info.

Libre tout simplement d’exprimer ce que tu penses, ou ne penses pas d’ailleurs, TOI. Avec tes convictions de jeune fille, ton inexpérience, ton innocence. Tu es libre et je l’avais oublié, moi qui pourtant, prône mes valeurs éducatives tolérantes et bienveillantes.
J’avais oublié et je te demande pardon.

J’ai compris que me lever pour défendre notre Liberté d’Expression, cela passe aussi par m’asseoir et écouter ma fille. Me taire et la laisser parler. D’elle. De futilités.
Ma Liberté s’arrête où commence celle des autres. Celle des mes enfants.

Oui, ils ont le Droit. De s’amuser comme des fous. De faire les zouaves sur le canapé et m’empêcher d’écouter BFM TV. De se disputer comme chiens et chats pour une couronne d’épiphanie. De râler parce qu’on ne regardera pas leur DVD ce soir.

Merci de me ramener à ma réalité.
Je vais recommencer à vivre. Pour vous mes enfants, qui êtes mon Passé, mon Présent et mon Avenir.
Je vais continuer à écrire sur vos enfantillages, sur vos rebellions, sur vos rires et vos émotions.

Vous êtes ma Liberté d’Expression.

Je vais retenir la Leçon.

#jesuischarlie

#jesuischarlie

Concentré d’Amour

bougies

« J’ai 10 ans ! J’sais bien qu’c’est pas vrai, mais j’ai 10 ans »

Hélas, malgré les belles paroles d’Alain Souchon, elle va bien avoir 10 ans.

Ma Championne. Ma Mini-Bulldozer. Ma 100 000 Volts.

10 ans bientôt qu’elle a remplit ma vie de bruits et de rires, de cris et de bouderies, de coups d’éclats et d’émotion pure.

Lors de ma grossesse, je n’imaginais pas à quel point cette petite brunette allait changer ma vie.

Perle avait 20 mois à la naissance de Championne, et était une petite fille placide et souriante, toujours discrète et paisible.
Je m’attendais à donner naissance à la même, une petite blonde joufflue et zen.

Championne a été tout le contraire. Brune et fine, nerveuse et accaparante. Toujours à 100 %.

100 % d’amour, tout de suite, pour tous. Je me souviens encore de son corps si frêle, si fragile, férocement accroché à mon cou comme un bébé primate s’accroche à sa mère. De ses mains qui nous cherchaient en permanence, pour toujours garder notre contact. De notre relation fusionnelle ses six premières années de vie, où nos cœurs battaient à l’unisson, mon âme et mon souffle rien que pour elle.

100 % d’énergie. Tout le temps. Jamais de répit avec celle que j’ai vite surnommé ma Mini-Bulldozer, tellement elle renversait tout sur son passage. Pourtant, elle a commencé par bien cacher son jeu, en ne marchant qu’à 17 mois, en restant frêle et petite longtemps.
Mais dès sa 2ème année, j’ai su que cette petite brindille recelait des accus inépuisables, toujours à courir, jamais sommeil, dévorant ses repas comme l’ogre qu’elle n’est pas.
Énergie qui cesse d’un coup d’un seul, le soir, quand enfin ses batteries sont vides et qu’en une fraction de seconde, elle plonge dans le sommeil.

100 % d’émotion. Voir 200 % tellement elle déborde. Impossible pour elle de dissimuler son émotion. Quand elle pleure devant une scène de film poignante. Quand elle n’arrive pas à retenir des larmes de joie, en écoutant son Coach la féliciter. Quand elle est fâchée, et Ô comme elle se fâche fort et souvent ! Quand elle est vexée, dépitée et qu’elle envoie tout valser, d’un coup de poing rageur.

100 % de stress. Pour elle, quand elle est dépassée, perdue, paniquée. Alors, je la vois ronger, mordre, arracher ongles et peaux de ses doigts si malmenés déjà. Et je vois aussi les cheveux qu’elle mâchouille jusqu’à les abîmer irrémédiablement. Et je la vois se tordre de douleur quand la migraine la submerge.
Pour nous souvent, quand nulle parole ni aucun acte n’arrive à la canaliser. Qu’elle déborde. Que son insolence prend le pas sur son éducation.

100 % de fierté, pour nous sa famille. Qui l’avons vue évoluer vitesse grand V. A l’école, où notre Mini-Bulldozer devient une image d’Epinal. Au football, milieu dans lequel nous baignons depuis 2 ans maintenant et où notre toute petite fille a tout d’une grande. Dans le quotidien, où ses réflexions nous étonnent, nous surprennent et nous font fondre d’amour.

L’amour. Oui, c’est bien cette émotion qui me fait frissonner lorsque je la contemple endormie, épuisée par une journée de folie. C’est l’Amour qui me tire un sourire quand je l’entends parler, parler et encore parler, sans jamais s’arrêter. C’est cet élan de tendresse quand je la vois se faire maternante et maladroite devant ses petites cousines. C’est ce sentiment puissant et inaliénable qui me fait frémir quand je la vois, ma Crevette, ma ToutePetite devenir une si grande fille.

Mon Amour, ma Championne, ne change pas d’un iota, je t’en conjure ! Dans les cris et le bruit, dans les rires et les câlins, crampons aux pieds et sourire aux lèvres, poing levé et ego surdimensionné, reste la même. Celle que j’aime.

lou2014

Une histoire de rythmes.

Chacun sa partition, chacun son rythme....

Chacun sa partition, chacun son rythme….

J’ai beau me répéter qu’il ne faut pas, que cela ne sert à rien, à part à m’inquiéter inutilement, je ne peux m’en empêcher.

 

Vendredi, lorsque les enfants sont rentrés de leur dernier jour d’école, les bras chargés de cahiers, de classeurs et de centaines de dessins à admirer, je n’ai pas pu m’en empêcher.

La première chose que j’ai fait est d’éplucher le carnet de progression de Fiston.

Et de frémir devant chaque rond orange. Ne pas voir les multiples points verts, passer outre la belle appréciation de l’institutrice. Ne buter que sur ces points « négatifs ».

Et comparer.

L’évolution de ses sœurs au même âge.

Le vocabulaire et l’excellente diction de sa petite cousine de 3 ans à peine.

Ses camarades de classe, plus avancés en graphisme.

Et entendre Deuz se plaindre de ne pas le comprendre lorsqu’il parle.
Et me désespérer, chaque soir, de lui enfiler une couche.

Comparer. Je le fais machinalement. Alors que je sais bien que chaque enfant évolue à son rythme. Que ce vocabulaire balbutiant, cette mauvaise prononciation et ces hésitations en graphisme ne présagent en rien de son avenir.

Comparer l’incomparable.

Avec une aînée précoce, vive et appliquée, qui à 3 ans à peine, remplissait des pages de récits inventés.

Avec une Deuz plus tranquille, mais tellement impliquée, soigneuse et avide d’apprendre.

Même avec Perle, avant le début de ses soucis de phobie, qui évoluait tranquillement, mais tellement pipelette.

Ou avec ma Championne, ma bulldozer, si pressée d’apprendre, qu’elle a pleuré toutes les larmes de son corps, en sortant de sa première journée au CP, tellement déçue de ne pas savoir lire au bout de 6h en primaire.

Le comparer, alors qu’il est unique. M’inquiéter, alors qu’il est si vif et enjoué.
Hésiter. A aller voir l’institutrice, qui pourtant ne s’inquiète pas, elle.

Alors, oui, il progresse doucement. Trop doucement pour moi.
Il n’articule rien, n’aime pas « lire », pas trop écrire les quelques lettres qu’il connaît.

Alors non, il ne veut pas lâcher ses couches. Il ne les quittera jamais, d’ailleurs, il me le soutient.
Alors non, il ne veut pas toujours dormir seul, et se glisse dans mes draps régulièrement, pour un câlin tout doux.

Alors non, il ne sait pas trop, ne veut pas trop, se débrouiller par lui-même, tellement habitué, conditionné, à ce qu’une de ses petites mamans se précipite pour faire à sa place.

Comparer. L’observer. L’espionner. Le secouer, parfois, quand ses attitudes me heurtent.

Mais savoir. Qu’il va bien. Que tout « roule » pour lui. Oh oui ça roule, entre camions de pompiers et voitures de police.
Qu’il progresse quand même. Sans le montrer. Parce qu’il est brouillon et agité. Qu’il n’aime rien de moins que construire une cité géante dans mon salon, avec ses Kapla et ses playmo, et tout laisser en plan cinq minutes plus tard.
Parce qu’il est tonique et inépuisable. Qu’il préfère sauter une heure dans le trampoline ou taper dans le ballon avec Championne qu’écouter une histoire ou s’habiller seul.

Comparer. Les comparer. Mes incomparables.

J’ai pas fini de m’inquiéter, moi….

Ecologie de l’éducation, à l’écoute d’André Stern.

Hier soir, j’ai eu l’immense plaisir d’assister à une Conférence d’André STERN.

Des semaines que j’attendais cette soirée.

andré stern

Cette conférence était organisée par une toute jeune et sympathique Association, Graines d’Enthousiasme.

graines enthousiasme logoGraines d’Enthousiasme est une Association du pays Voironnais (Isère) gérée par un Collégiale de parents « qui vise à permettre aux parents de se soutenir mutuellement à travers des rencontres et des activités régulières autour du maternage proximal (écoute du besoin du nouveau-né, du bambin, de l’enfant…), de la parentalité positive (communication bienveillante, écoute active) et de l’accompagnement de l’enthousiasme de l’enfant dans le respect de ses dispositions spontanées ».

Site internet

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J’ai fait la connaissance (toute virtuelle) d’André Stern, il y a quelques mois, en visionnant cet interview :

Je suis tombée amoureuse, totally in love de l’énergie, du rayonnement et de l’enthousiasme de cet homme. A la fin de la vidéo, j’avais les larmes aux yeux, le cœur serré et palpitant, partagée entre l’amertume et une joie indescriptible. Amertume de penser à mes enfants et leur enthousiasme brimé. A mon enfance, mon adolescence, ma vie entière où j’ai réfréné, dompté et mis sous bâillon mes élans d’enthousiasme. Et la joie, profonde, convaincue, de savoir que j’ai, que nous avons tous, la possibilité infinie de nous enthousiasmer, de découvrir, d’appréhender, d’aimer le monde qui nous entoure et de nous accomplir personnellement sans cesser une seule seconde de prendre du plaisir.

Tout d’abord, laissez-moi vous parler d’André Stern.

andré stern photo« Né en 1971, il grandit dans le respect de la disposition spontanée de l’humain, caractéristique du travail de son père, le chercheur et pédagogue Arno Stern.

Marié, père d’un petit garçon, André Stern est musicien, compositeur, luthier, auteur, conférencier et journaliste. Il a été nommé Directeur de l’Initiative « Des hommes pour demain » par le Prof. Dr. Gerald Hüther, chercheur en neurobiologie avancée. Il est initiateur du mouvement « écologie de l’éducation » et Directeur de l’Institut Arno Stern (Laboratoire d’observation et de préservation des dispositions spontanées de l’enfant).Il co-dirige également le Théâtre de la Tortue avec Giancarlo Ciarapica depuis 2004.

Il est l’un des protagonistes dans « Alphabet », le nouveau film du cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer (« We feed the world » et « Let’s make money »).
Son travail dans les médias, ses activités de conférencier dans les universités, auprès des professionnels de l’éducation et du grand public répondent à un intérêt croissant de la part de tous ceux qui, de près ou de loin, vivent et travaillent avec les enfants.

En bref, André Stern n’a jamais été à l’école. N’a jamais suivi d’enseignements « obligatoires », structurés, cadrés et mis en place par d’autres, sans que cela soit de sa propre initiative, de son envie propre et personnelle.

André Stern se définit simplement comme étant « un enfant tout à fait banal de 42 ans, qui n’a jamais cessé de jouer. »

En effet, d’après A. Stern, le tout petit enfant, dès sa conception (ou tout du moins dès qu’il possède une conscience) a des dispositions spontanées, qui, si on ne les réfrène ni ne les conditionne, lui permettent d’acquérir des apprentissages, d’évoluer, de se développer sans jamais cesser de jouer.

(Il est important de préciser que Mr Stern n’est absolument pas contre le système scolaire, contre l’école, ou pour la dé-scolarisation. Il relate simplement son expérience d’enfant, ses ressentis, son vécu.)

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Les dispositions spontanées primaires de l’Enfant

LE JEU

Observons un petit enfant. Que fait-il lorsqu’il est en paix ? Il joue. L’enfant joue sans discontinuer si on lui en laisse la possibilité (quelques soient les circonstances et l’environnement (humain et social : guerre, misère, luxe…)

L’ENTHOUSIASME

L’Enfant peut s’émerveiller et s’enthousiasmer à l’infini pour chaque chose qu’il a à sa portée.

Des études cliniques ont permis de calculer qu’un petit enfant a des élans d’enthousiasmes (que l’on remarque par scanner au niveau de l’activité cérébrale) environ toutes les 2 à 3 minutes.
Un adulte, lui, ressent cet élan d’enthousiasme environ 2 à 3 fois par an !!

Selon d’autres études cliniques réalisées par des neurobiologistes, le JEU et l’ENTHOUSIASME sont des dispositifs natifs (que l’on possède à la naissance) parfaits pour apprendre.

Et même, le développement cérébral est favorisé par l’enthousiasme : ce dernier est donc un engrais cérébral inné, infini.

Nous pouvons donc dire que cet enthousiasme est la seule ressource terrestre inépuisable, gratuite, et même renouvelable à volonté, car plus nous nous enthousiasmons, plus nous avons envie de revivre cette sensation de plaisir !

LA CURIOSITÉ

C’est là une prédisposition primordiale pour la croissance d’un enfant. En effet, la curiosité va le pousser à s’intéresser à un domaine, à l’appréhender, à ressentir de l’enthousiasme face à la masse de connaissances et aux compétences qu’il va développer.

Aussi, être curieux, jouer et ressentir de l’enthousiasme est le moyen le plus simple et le plus sûr d’acquérir connaissances et apprentissages.

D’ailleurs, nous tous pouvons en témoigner. Qui ne s’est pas passionné pour un sujet donné ? Une langue vivante, un sport ou toute autre activité ? Vous rappelez-vous une souffrance, une obligation à apprendre, à maîtriser cette activité ? Non, bien sûr, vous auriez même pu passer des heures entières à parfaire vos connaissances/compétences.

Comme mon Fiston, qui des jours durant, a lu, questionné, dessiné des camions de pompiers

jusqu’à connaître leur fonctionnement et leur descriptif par cœur.

Alors que, si vous réfléchissez à la façon dont vous avez appris quelque chose qui ne présentait aucun intérêt pour vous, n’éveillait aucune once de curiosité ni n’allumait aucune flamme d’enthousiasme,vous avez certainement ressenti un malaise, une obligation, un sentiment de contrainte et d’échec face à l’apprentissage difficile de ce domaine.

Comme ma Perle qui a subi brimades et humiliations dans son apprentissage de l’écriture.

Qui en a tellement souffert qu’elle n’a plus su écrire pendant plus d’un an.

Mais voilà, dans notre société au cadre rigide, où chacun doit se cantonner à une case bien précise, les adultes estiment de leur devoir d’imposer ces apprentissages aux enfants. Dans un ordre donné, selon des études, des réflexions de soi-disant experts de l’enfance (marcher à tel âge, dormir une nuit complète, connaître une quantité de mots définie à un âge défini, savoir compter, conjuguer, obéir etc etc….)

Mais forcer notre petit enthousiaste à rester sagement dans une seule case ne mène qu’à une chose : brimer et freiner son enthousiasme inné et effacer ses dispositions spontanées pour des apprentissages qui lui sont propres afin de lui imposer nos dispositions et nos attentes.

Un enfant, par son attachement intense à son référent primaire, choisira d’instinct de combler nos dispositions plutôt que les siennes.

Mais, me direz-vous, si l’environnement de l’enfant n’est pas disposé à favoriser l’éveil et la curiosité de l’enfant (milieu social, environnement culturel, circonstances familiales), il faut bien que quelqu’un ou quelque chose se charge de l’intéresser, de lui ouvrir les voies de l’apprentissage ? (crèche, écoles, facultés etc…)

Que nenni, que nenni.

Il n’y a pas de dispositions (milieu social, environnement, circonstances (disponibilité de l’adulte, etc…) favorables à l’évolution de l’enthousiasme, c’est l’inverse.
L’Enfant est instinctivement curieux et enthousiaste. Il n’a aucun préjugé, ni « a priori » : il va vers l’autre sans tenir compte de l’âge, de la race, de l’origine, du milieu social.
L’Enfant est sociable par excellence. Il va de lui-même se rapprocher, entrer en lien avec l’autre (quelqu’il soit) par intérêt commun, par partage (collectionner les bouchons comme Papi – bricoler une moto comme le voisin, jardiner comme Papa) et non pour trouver un miroir à lui-même.

Et là, vous vous interrogez : mais ? Et les enfants de son âge ? Comment peut-il les rencontrer s’il est « exclu » du système classique (école, collège etc..) ?
Pourquoi aurait-il absolument besoin de rester avec ses semblables ? Bien sûr, il sera enthousiaste de partager des jeux et des expériences avec un camarade du même âge. Mais il le serait tout autant avec quelqu’un de 50 ans plus âgé. C’est le partage et l’enthousiasme qui le motivent, et non la condition sociale
Cantonner l’enfant à rester avec ses pairs est le meilleur moyen d’annihiler son enthousiasme et ses dispositions spontanées.

Autre idée reçue : l’adulte doit imposer – par un cadre, des limites – une discipline pour apprendre l’autonomie à l’Enfant.

On me reproche d’accorder trop d’importance à mes enfants, de trop leur laisser de liberté.

Alors que ce n’est que du respect face à leurs dispositions spontanées, leur identité.

J’ai appris, énormément, intensément, grâce à eux. Avec enthousiasme et confiance.

Hors, plus l’attachement est fort et intense, prolongé, plus l’enfant acquiert de l’autonomie. Rassuré, confiant en ses référents d’attachement primaire et les sachant absolument fiables et constants (mère, père, autre adulte qui lui a prouvé son attachement et sa confiance dès la toute petite enfance), l’enfant n’aura pas peur d’évoluer en autonomie, de rencontrer des obstacles, des difficultés. Ainsi libre de ses actes, il ne ressent pas les peurs et les tabous de l’adulte, se sait capable.

Comme mes enfants. Que je n’ai jamais laissés pleurer, que j’ai porté, soutenus, accompagnés.

Je suis souvent surnommée « maman-poule » par mon entourage, on m’a fort souvent reproché de trop les couver, d’être trop tendre, voir trop fusionnelle. Alors qu’il n’en est rien. J’ai seulement suivi mon instinct primaire qui me dicte d’éviter toute souffrance à mon enfant, en le rassurant quand il pleure, en le consolant quand il souffre. J’ai simplement refusé de l’humilier en le punissant, refusé de vouloir à tout prix qu’il rentre dans une petite case.

De plus, donner son « accord », montrer son enthousiasme et sa bienveillance face aux expériences/découvertes/apprentissages de l’Enfant le conforte dans son envie/sa volonté et lui laisse la pleine possibilité d’être enthousiaste et donc de développer des compétences élevées dans le domaine qui l’enthousiaste.

Car la compétence n’est qu’un effet secondaire de l’enthousiasme. Et non l’inverse. Nous ne sommes pas heureux d’être compétents. Mais nous sommes compétents car nous avons été heureux (enthousiastes) lors de l’apprentissage de ces compétences.

Et là est toute la différence entre ces compétences acquises dans l’enthousiasme et la confiance, et des qualifications (diplômes, études supérieures etc..) que nous aurons acquis par des apprentissages codés, dictés par la société, imposés dans un rythme pas forcément en cohésion avec nos dispositions spontanées.

La société nous dit qu’il est nécessaire d’apprendre l’effort, de devoir vivre la difficulté, de savoir dépasser ses limites.
Imposer un effort intense à un individu conduit immanquablement à l’échec. Alors que si il y a enthousiasme, plaisir intense, l’individu est capable de dépasser ses limites, de démultiplier ses forces, grâce au plaisir ressenti devant le dépassement de soi.

Comme mon Fiston par exemple : sa marotte en ce moment est de passer l’aspirateur.

A 5 ans, il n’a pas la taille adéquate à cet appareil.

Trop lourd, difficilement maniable, trop grand pour mon toutpetit.
Mais Fiston n’en a cure.

Inlassablement, il continue à traîner l’aspirateur, à se débattre pour tenir le manche correctement,

à lutter contre la force d’aspiration qui freine son avancée.

Et il accomplit ces efforts surhumains, il lutte contre les obstacles avec le sourire aux lèvres,

fier comme un Pape, heureux comme tout.

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Et là est la clé de tout apprentissage : le PLAISIR, l’ENTHOUSIASME.

Alors, comme le dit si bien Mr STERN, reculons-nous. Observons nos enfants. Laissons les s’enthousiasmer, se passionner pour le même jeu des heures, des jours durant. Acceptons leur évolution personnelle, sans chercher à tout prix à les voir accomplir ce qu’un pédiatre, un instituteur ou un psychologue nous incite à leur apprendre.

Et faisons de même !
ENTHOUSIASMONS-NOUS !

Au commencement de la rédaction de ce billet, je voulais « simplement » synthétiser en quelques phrases la philosophie, cette écologie de l’éducation que souhaite partager André Stern. Seulement je n’ai pas su que dire et quoi passer sous silence. Quelle idée résumer et quelle autre développer.
Et surtout, chacun de ses mots, chacun de ses partages m’a émue, remuée, touchée, sensibilisée, qu’il m’est impossible de ne pas tous les citer.
Alors, j’espère, si jamais j’ai l’insigne honneur d’être lue – un jour – par Mr Stern, qu’il ne m’en voudra pas d’avoir ainsi dévoilé ses réflexions, sa philosophie de vie. Il me paraît si urgent, si vital que chacun d’entre nous se questionne, s’observe afin de retrouver le sens primaire de notre être, le PLAISIR.

Pour tous ceux d’entre vous qui souhaitent découvrir cet enfant si attachant, André Stern a décrit son enfance dans ce livre, que je vais m’empresser d’acquérir !

stern livre

[ceci est aussi ma participation au Projet 52 du blog C’est quoi ce Bruit, dont le thème cette semaine était « Lire »]

Il est des signes qui ne trompent pas.

Ce soir, je regardais mon fils. Mon ToutPetit. Il jouait avec ses sœurs, à faire le zouave comme il le fait si bien.

Et, au lieu de m’en amuser, de ricaner comme à l’accoutumée devant ses facéties, j’ai senti un grand vide.

Car il est des signes qui ne trompent pas.

Il a grandi. Il a pris son envol.

Je devrais m’en réjouir, tellement ses premières années de vie ont été chaotiques et difficiles à vivre pour moi.

Attachés l’un à l’autre. Collés serrés, fusionnés. Des heures d’insomnie à tenter de l’apaiser. Des milliers de tétées pour enfin le combler. Des pleurs. Mes pleurs, face à ce petit être dévoreur d’énergie. Ses pleurs.

Et, sans que je ne m’en aperçoive, mon ToutPetit, mon bout de moi s’est détaché.

Quand il évolue vite, très vite. Quand il rattrape ces 5 premières années où il ne vivait qu’à travers moi.

Quand il réclame sa part de lionceau dans ma Tribu, quand il s’impose, dispose.

Quand il se débrouille seul. Qu’il le revendique même, ce savoir-faire seul.

Il est des signes qui ne trompent pas.

Quand il s’endort seul, depuis longtemps déjà. Quand il câline sa soeur plutôt que que moi. Quand je m’aperçois que la journée a coulé sans qu’une seule fois je l’ai pris dans mes bras.

Il est des signes qui ne trompent pas. Mais qui font mal, là, tout bas.

Attachés l’un à l’autre. Collés serrés, fusionnés.

Comme il est amer, ce goût d’indépendance, mon Fils.

Comme il est douloureux, ce deuil.

Il est des signes qui ne trompent pas.

Mon Fils, mon grand bonhomme, au sourire renversant et au sourire charmant. Je vais te regarder grandir, encore et toujours. T’aimer plus fort que tout.

Mon ToutPetit, mon Dernier, j’ai gravé au fond de moi chacun de tes mouvements esquissés dans mon ventre, chaque douleur préparant ta venue au monde. Je garde en mémoire chaque pli de ton cou. Ma main peut tracer dans l’air les courbes de ton corps, de ton dos tout doux tout chaud, que j’ai tant caressé, dans l’espoir de te calmer. Je me souviens de chaque tétée partagée, de mon lait, de mon âme qui coule de mon cœur au tien. Je sens encore ton corps contre le mien, ta petite main serrée dans mon cou.

Presque 3 ans de lien lacté ♥

Presque 3 ans de lien lacté ♥

Il est des signes qui ne trompent pas.

Mon Fils, ma Terreur, tu es grand. Et tu vas devenir plus grand encore. Fort comme un homme. Beau comme un Dieu.

Mon Fils, ma fierté ♥

Mon Fils, ma fierté ♥

Mais tout au fond de moi reste figée l’image de mon nouveau-né. Mon dernier. Pour l’éternité.

Naturellement.

Il y a quelques jours, confortablement blottie sur mon canapé, j’ai visionné – enfin – le film « Entre leurs mains ». Je l’attendais avec tant d’impatience. J’ai même participé, à ma moindre mesure, grâce au crowdfunding*, à son élaboration.

affiche-petite

Car s’il y a un projet dont j’ai suivi l’actualité cette année c’est bien celui-ci.

Parce qu’accoucher de manière physiologique est un droit, que les mères seules savent, ressentent et expriment la bonne façon de faire.

Parce que les sages-femmes se battent envers et contre tous pour défendre ce droit, pour un accouchement librement décidé et vécu dans le respect total de l’humain.

Qu’il soit à la maison, accompagné d’une sage-femme, en plateau technique ou en maternité de niveau 3, au choix des parents, il doit être respectueux de la physiologie de la mère et de l’enfant.

J’ai accouché 5 fois, à chaque fois en maternité ou hôpital. Par ignorance les premières fois, c’était comme ça, on accouche à l’hôpital, en position « poulet de Bresse », perfusée, monitorée, périduralisée, et « coachée » par le personnel présent : « Allez Madame, on pousse, allez on se fâche maintenant !! ». S’en sont suivies épisio, déchirures et autres joyeusetés. Mais c’était normal, on fait comme ça, dans notre société civilisée, on oublie que la grossesse et l’accouchement sont aux origines de l’humanité, on ferme bien sa bouche et on obéit.

Alors, non, je n’accuse pas. J’ai vécu des accouchements relativement faciles et rapides (que je raconte ici). Seulement, si j’avais su…

Car plus tard, en grandissant, j’ai appris que non, cette façon ultra-médicalisée n’était pas la norme en matière d’accouchement. Qu’en fait, je sais très bien, en tant que femme lambda, mettre au monde mes enfants naturellement sans intervention outre mesure d’un obstétricien imbu, d’une sage-femme débordée, d’un anesthésiste énervé, ou d’un personnel hospitalier complètement harassé.

Je l’ai vécu pour Perle, lors de mon 3ème accouchement. Une naissance ultra-rapide, grâce à un travail tranquillement vécu à la maison. Une naissance sans artifice, en 5 minutes, à ma façon.

J’ai pu, un peu, touché du bout du périnée, un accouchement physiologique pour ma quatrième fille. Grâce à une équipe formidable, qui a accompagné sa naissance, sans trop intervenir. En me respectant, en écoutant mes choix.

Et, pour mon dernier, il y a bientôt 5 ans, j’ai souhaité accoucher chez moi, dans mon cocon  dans ma bulle, entourée de mes proches. Seulement, le papa n’était pas du tout pour ce choix, terrifié à l’idée qu’il m’arrive quelque chose.

Ce n’est pas grave. Enfin pas trop. Enfin, tant pis quoi…

Et depuis 5 ans, j’ai lu, entendu, rencontré des femmes ayant vécu leur accouchement à domicile, ou en plateau technique, ou en salle de naissance dite « nature ».

J’ai lu le récit de naissances respectueuses, physiologiques (oui, une femme accouche plus facilement accroupie, que sanglée sur le dos, par exemple). J’ai reniflé d’émotions, pleuré de regret, jalousé et félicité ces femmes.

birth

J’ai appris le combat de ces sages-femmes, qui se battent pour un respect de la physiologie lors des accouchements. Un combat contre les assureurs, un combat contre le milieu hospitalier, contre nos dirigeants.

Je n’étais pas assez informée lors de mes grossesses pour faire un choix éclairé et correspondant à mes réelles attentes. Mais si je peux, par cet article, faire réfléchir une ou plusieurs femmes, en projet d’enfant, enceinte. Si je peux atteindre, par mon émotion, des parents, des médecins, des sages-femmes.

Si enfin, on se posait, on discutait ensemble. Pour instaurer, en France, dans nos hôpitaux et maternités à la pointe de la technologie, un réel accompagnement humain et physiologique et non une prise en charge arbitraire, infantilisante et réductrice.

Je vous conseille vivement de visionner le documentaire « Entre leurs mains » :

Bande annonce :

Prochaines diffusions (Version courte – chaîne Public Sénat) :
31 décembre à 18h30
2 janvier à 22h30
4 janvier à 14h15
5 janvier à 11h20

Pour en savoir plus, rendez-vous sur leur site, qui fourmille de liens et de sources utiles.

Allez surfer, également, sur le site des Déchaînées, bien écrit, bien documenté.

*La finance participative (ou crowdfunding) est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui fait appel à un grand nombre de personnes pour financer un projet.
Ce mode de financement se fait sans l’aide des acteurs traditionnels du financement, il est dit désintermédié. L’émergence des plateformes de finance participative a été permise grâce à internet et les réseaux sociaux.
La finance participative comprend différents secteurs tels que le prêt entre particuliers, le crowdfunding (collecte de dons), l’investissement en capital (« equity crowdfunding »)…

Grandir n’est pas toujours un jeu d’enfant (ressources et liens utiles)

Etre parent d’adolescent me paraissait simple et évident. Je pensais que mon vécu, mes expériences et ma bienveillance seraient suffisants. Que l’amour immense et inaliénable que j’éprouvais panserait leurs blessures, apaiserait leurs fièvres.
Mais tout cela n’a pas suffi.

Et il me faut apprendre, tâtonner  chercher, essayer encore et toujours. Pour mieux les comprendre, mieux les accompagner, les guider.

Prems connait des moments difficiles depuis quelques mois, elle se perd dans des ses désirs et butte face aux attente d’une société trop conformiste, trop rigide.
Deuz, depuis toujours, exprime un mal-être, une souffrance que l’entrée dans l’adolescence transforme en rébellion, en violence et agression.

Je suis démunie, inapte à apaiser leurs souffrance. Alors j’ai appelé à l’aide, chercher sur quel support, vers quelle structure m’appuyer.
J’ai trouvé des lectures, pour tenter de percer le mystère de l’adolescence, et j’ai surtout trouvé un lieu bienveillant où déverser mes doutes et mes peurs. Un espace de paroles, pour nos enfants d’abord, pour nous parents ensuite.

Vous trouverez ci-dessous une liste de quelques livres et les coordonnées de la Maison des Adolescents de l’Isère, qui nous a offert à ma fille et moi, un temps bienveillant, attentif et respectueux.

ADOS EXPLIQUES A LEURS PARENTS (LES)

« Les Ados expliqués à leurs parents » par Marie-Rose MORO aux éditions Bayard.
Réunis en grands thémes (les secrets, les apparences, les conduites à risque,…) cet ouvrage regroupe des centaines de questions que se posent les parents au sujet de leurs adolescents (Que faites-vous exactement sur MSN ? Pourquoi ne peut-on plus entrer dans votre chambre ? Pourquoi semblez-vous perdus sans vos amis ? etc.). À chaque question correspondent plusieurs réponses d’ados, qui permettent aux adultes de mieux comprendre leur univers et leur état d’esprit. À la suite de ces réponses, Marie-Rose Moro livre son décryptage, en s’appuyant sur son expérience et son analyse personnelle de la situation des adolescents aujourd’hui. Son discours, rassurant, éclairant, sera utile aux adultes et les aidera à mieux se situer par rapport à leurs adolescents.

« Paroles pour adolescents, ou le complexe du homard » par Françoise et Catherine DOLTO, aux éditions Folio Junior.
Un adolescent, disait Françoise Dolto, c’est un homard pendant la mue : sans carapace, obligé d’en fabriquer une autre, et en attendant confronté à tous les dangers. Découverte de soi, sexualité, révolte, tentations de la violence, de la drogue ou de la dépression : à tous ces défis, Françoise et Catherine Dolto essayent de répondre. Elles s’adressent aux adolescents, mais aussi à leurs parents et aux éducateurs. Parler directement aux adolescents au lieu de parler d’eux : telle aura été la dernière audace de la grande psychanalyste, auteur de Lorsque l’enfant paraît et de La Cause des enfants.
Ce livre veut fêter la force de vie des adolescents, leur capacité à inventer l’avenir car, pensent F. Dolto et C. Dolto, la société changera sous la pression des jeunes.

Logo Maison des Adolescents Isère

Un lieu d’écoute et d’accompagnement

Tu as entre 12 et 21 ans ; tu te poses des questions et tu ne sais pas à qui en parler. Tu n’as plus envie d’aller en cours ou de poursuivre tes activités. Plus rien ne t’intéresse et tu ne sais pas comment le dire et personne ne te comprend. Tu es triste ou inquiet parce que quelqu’un dans ton entourage va mal ou est parti et tu ne sais pas avec qui en parler…Des professionnels sont là pour te recevoir en toute confidentialité et pour t’aider à trouver des réponses à tes questions. 

Un espace « accueil » : des éducateurs, des assistantes sociales, des conseillères de centre de planification, des psychologues.
Un espace « santé » : des consultations médicales, des entretiens infirmiers, des ateliers thérapeutiques.

(prochainement, un article-ressources sur le quotidien et surtout le sommeil des tout-petits)