Ma différence

Besoin d’écrire.De poser des mots sur ces maux.

De laisser couler ma peine avec l’encre de ma plume.

Pour tenter de conjurer le mauvais sort, réécrire le destin.

dépression

Ma différence, mon enfant.

Il ne peut être écrit que sa vie sera ainsi. Bercée d’illusions, rythmée d’insomnies.

Deuz va mal. Malmenée et désorientée, elle se noie dans un état dépressif.

Et que rien n’apaise sa douleur. Quand elle se réfugie dans les pleurs, dans la violence.

Cela fait tant d’années que Deuz mène ce combat contre ses démons. Tellement de temps à prendre, à laisser filer parfois, pour nous cacher de sa réalité d’enfant difficile, différente.

Et quand, enfin, la situation semble s’éclaircir, l’horizon se dévoiler, il est encore un obstacle à franchir. Une montagne à gravir.

Embourbrée dans des relations amicales difficiles, Deuz perd pied et faiblit. Depuis quelques jours, le sommeil la fuit, les vertiges et nausées ne la quittent plus et la peine lui colle à la peau.

Rien de ce que je dis ou fais ne l’atteint.

Comme il est difficile d’être une Maman, alors. Comme j’aimerais, d’un coup de baguette magique, effacer ses maux et repeindre en rose son adolescence.

Comme j’aimerais, parfois, avoir le droit de secouer ces petites gamines hargneuses qui brisent mon enfant.

Qu’il serait doux de lui montrer son avenir, de lui prouver que sa vie sera plus douce, après.

Que ces instants de conflit ne sont que passagers, que la maturité et l’expérience seront ses alliées face à l’adversité.

Mais à 14 ans, on s’en fout de l’avenir. On s’en fout des belles paroles dont les adultes nous bassinent.

C’est tout de suite, maintenant, que la vie doit être belle et pétillante.

Deuz a de l’amour à revendre, des rires à partager….mais personne n’est là. Rejetée en bloc par une société adolescente perdue. Quand la majorité est conditionnée par des codes sociaux puérils et dangereux. Quand la majorité se moque de la timide, repousse la différente.

Comme il est difficile de la voir souffrir, ma différence. Comme elle fait écho en moi, cette souffrance.

Il ne me reste qu’à passer le relais. Attendre des autres qu’ils prennent soin de mon enfant. Attendre que le temps fasse son œuvre, qu’il panse péniblement ses écorchures.

Faites que tournent les vents et vienne le temps de l’insouciance pour ma différence.

Brèves et Histoires courtes

journalNe pas trop réfléchir, ne pas penser, avancer, encore, un pas devant l’autre pour ne pas laisser le chagrin me submerger.

Cette fin d’année, qui sonne la fin d’une histoire, courte, bien trop courte, me laisse un sale goût, un relent de nausée, un battement de coeur en décroché.

Plus que 3 nuits de garde avant la fin de mon contrat au Foyer. Mon âme est lourde de larmes, et ma gorge nouée. Mais je m’accroche à leur amitié, à leur présence et leur espoir. Pour qu’un jour, notre histoire reprenne là où elle va s’arrêter bientôt.

Il m’est bien difficile de trouver en moi l’esprit de Noël. Le temps passe, le jour tant attendu par mes petits approche, et pourtant je suis figée, comme anesthésiée.

Et l’ambiance dans la Tribu ne m’aide pas non plus il faut dire…Entre dépression et rébellion, fatigue et petits microbes ambiants, la Tribu est un peu en hibernation ces jours-ci.

Alors, et parce que ma vie, ce n’est pas ça, du chagrin et de la colère, non, mais des rires, du bruit, des câlins et du fouillis, je me raccroche à toutes ces petites parenthèses, brèves et douces accalmies dans ma tempête.

Comme quand Fiston, tout chaud ensommeillé, que je réveille doucement, et qui me dit : « Maman, tu sais c’est quoi mon endroit préféré au monde ? Bah c’est dans ton lit ! »

Oh oui, mon Tout-Petit, oublions un instant que tu es grand, profitons de ces instants magiques, quand tu te blottis dans mes bras, tes mains chaudes dans mon cou, mon nez humant le parfum du tien. Oublions la morale, ceux qui réprouvent et ceux qui blâment, et partageons encore, comme avant, ces instants tous doux.

Comme quand Prems, qui pose un instant son mal-être, et qui chahute fort fort avec son papa, quand elle nous enlace si long, quand je sens son coeur battre contre le mien, et que nous nous sentons invincibles.

Comme quand Perle me surprend encore et toujours, par ses gestes empreints d’apaisement, par ses émotions si vives, par sa gentillesse si belle.

Comme quand ma Louloute tremble devant le spécialiste des sportifs, mais qu’elle brave sa peur et redresse son petit menton. Quand elle est tellement elle, si fort, si vite, bien trop pénible à mon goût, mais tellement vivante.

Comme quand ma Deuz, si rebelle et vindicative, baisse sa garde et sourit. Quand ses mots tendres me troublent la vue, quand son sourire s’épanouit.

Comme quand, malgré les obstacles, l’incompréhension et les doutes, il est là, solide et présent, qu’il m’offre malgré tout son soutien indéfectible.

Alors d’accord, cette année fût encore une fois chargée de chagrins, de cris, de larmes et d’insomnie. Mais je ne retiendrais que leurs rires, leurs bras qui m’enserrent, leur amitié qui me porte, me relève quand je trébuche. Je grave au creux de moi tous ceux qui sont là, toujours, pour ma Tribu et pour moi.

Quelques histoires courtes, mais de l’amour longue durée.