Nos enfants grandissent, leur besoin d’autonomie aussi.

Mes p'tits oisillons tous mignons !!

Mes p’tits oisillons tous mignons !!

Aujourd’hui, je vous propose d’aborder un thème souvent sujet à polémique : l’autonomie de nos enfants.

Dès la naissance de nos chérubins, nous sommes abreuvés, harcelés de bons conseils à ce sujet.
Laisse le pleurer, ne le porte pas trop, il va être collé à tes basques, tu vas en faire un capricieux, un incapable etc, etc….

Et comme vous le savez, je suis une mère fusionnelle, qui a pratiqué le portage physiologique et le co-dodo en intensif (Fiston dort encore régulièrement avec nous).
Mes bras n’ont jamais été aussi heureux qu’emplis d’enfants et je pleure à chaque rentrée scolaire.

Mais cela ne m’a pas empêchée d’encourager, voir favoriser l’autonomie de mes enfants.
Dès leur plus jeune âge, je les ai laissés libres de faire leurs propres découvertes et expériences, comme utiliser des couverts « de grand » avant leurs 12 mois (et même un couteau à steak), grimper dans les arbres, manipuler outils et autres appareils dit d’adulte.
Ou alors, rentrer seuls de l’école, aller à la boulangerie, partir en vacances avec leur grand-mère ou séjourner chez des copains dès la maternelle (bon ok, j’avoue avoir verser toutes les larmes de mon corps en leur absence, fusionnelle je vous dis!)

Tout est question de confiance. J’ai confiance en leurs capacités d’apprentissage, en leur volonté de faire seul, leur soif de liberté.

Mais, car il y a un mais, cette confiance, ce laxisme diront certains (oh, j’en ai entendu, des commérages et des critiques!) m’est facile et naturel jusqu’à un certain point.
Tant qu’il s’agit de laisser mon petit de 2 ans bricoler avec le tournevis ou laisser Championne choisir ses tenues (et pourtant, là, il en faut du lâcher-prise, vu ses goûts vestimentaires!), je le fais avec plaisir.

Seulement, mes enfants grandissent (bien trop vite à mon goût, d’ailleurs). Et leur besoin d’autonomie et d’indépendance croît avec eux.

Vous voyez où je veux en venir ? A mes ado, bien entendu.
Je ne sais pas si, l’âge avançant, je me fais plus inquiète, stressée, ou si peut-être les médias et la sur-information dont ils nous abreuvent quotidiennement génèrent en moi des peurs nouvelles, mais j’avoue que ces derniers temps, je m’interroge beaucoup.

Car la liberté que je leur laissais il y a quelques années n’est pas celle qu’elles réclament aujourd’hui. Séjourner un week-end chez des ami.e.s n’a plus la même définition.

J’ai un exemple tout frais : ce soir, Deuz ne rentre pas à la maison après sa journée de cours. Elle est invitée à dormir chez une amie. Que je connais bien entendu et dont je connais les parents, Deuz a déjà séjourné chez eux et vice-versa.

Seulement, autant il y a quelques années, Deuz et ses copines se contentaient de jouer et papoter en toute sécurité, sous la surveillance bienveillante des parents, autant aujourd’hui, je sais que leurs divertissements sont tout autre.
Comme se balader dans les rues du village, en bande, gloussantes et ricanantes, en quête éventuelle d’un autre groupe de jeunes.
Comme passer des heures à se photographier (Ah, la mode des selfies et des duck-face!) et publier en rafale ces clichés sur les réseaux sociaux, à grand renfort de « J’aime », « Tro tro belle !! » et autres « Tro cool cette soirée avec mes Bestaaaahhh !! »….LOL…ou pas.

Car me viennent en tête tous les dangers auxquels sont exposés nos adolescents : la cigarette, l’alcool, les mauvaises rencontres et j’en passe.

Et c’est là qu’entre en jeu la Confiance.
Sans m’en rendre compte, par envie de partage, j’ai toujours, dès leur plus jeune âge, permis, encouragé mes enfants à parler, se confier, m’interroger sur tous les sujets qui les questionnent. Aucun tabou à la maison, en tout cas avec moi, leur père étant moins à l’aise quand il s’agit de discuter.
J’ai toujours répondu du mieux que je pouvais, sans fioritures. J’ai même provoqué des discussions, des débats (parfois houleux) sur des thématiques qu’il me semblait important d’aborder.
Que ce soit la sexualité, la contraception, l’avortement, l’homosexualité ou les impôts (oui, Prems panique beaucoup à l’idée de devoir remplir une déclaration d’impôts, un jour!), nous parlons de tout, constamment, beaucoup.

Mais bien que la communication règne en maître sous notre toit, je sais, par expérience, et je le constate jour après jour, que l’adolescent a un jardin secret bien gardé.
Ce qui est naturel, bien entendu. Je suis fusionnelle certes, mais je respecte tout à fait leur vie privée.

Seulement, il me vient à paniquer à l’idée que je ne connais pas si bien que ça mes filles, en fait. Que peut-être, elles ont une personnalité différente lorsqu’elles sont à l’extérieur. Sûrement, d’ailleurs. Mais jusqu’à quel point ?

Comment savoir où se situent leurs limites entre l’indépendance et la mise en danger ?
Comment les protéger sans les fliquer ?

Je n’ai pas de réponses. Je tâtonne, j’y vais à reculons parfois, de peur de les braquer et de rompre leur envie de se confier.

Ce matin, j’ai seulement dit à Deuz de m’envoyer un SMS lorsqu’elle arrivera chez son amie, alors que je brûlais d’envie de la submerger de consignes/mises en garde : ne parle pas aux étrangers, ne te maquille pas trop, fais attention à tes postures, appelle-moi !!! Dis-moi tout !!!

Non, surtout pas. Je vais verrouiller très fort la serrure sur mes angoisses et patienter, attendre qu’elle veuille bien, ou pas, me raconter un peu.

Les laisser prendre leur envol, quand l’immensité leur tend les bras.

Et vous, quelle est votre position face au besoin d’indépendance de vo(s)tre adolescent(s) ?

 

L’Art et la Manière

affiche 1Cohabiter avec un ado n’est pas chose aisée.

En effet, il faut savoir que cet être en construction n’a pas le même rythme que vous, parent.

Une journée dure 24 heures ? Il en passera la moitié à dormir. Minimum. Les jours d’école.

Aussi, lorsque vous avez la chance de le voir éveillé, vous bondissez sur l’occasion d’échanger quelques propos intéressants.

  • « Kevin ! (oui, appelons notre ado « Kevin », cela lui va si bien… Mais vous pouvez remplacer « Kevin » par « Beverly », ça lui va très bien aussi ) Kevin ! Ce serait sympa de descendre ton linge à laver, parce qu’il va pas se rendre dans la panière tout seul ! »
  • « Ouais, c’est bon, j’le f’rai, c’est pas la mort. »
  • « Kevin ! Je t’ai déjà demandé 100 fois de ne pas t’asseoir sur l’accoudoir de ce canapé ? Tu n’écoutes jamais, ma parole ! »
  • « Ouais, c’est bon…C’est pas la mort. »
  • « Kevin ! Tu ne vas pas porter cette casquette hideuse pour rendre visite à Mémé Paulette, quand même ! »
  • « Oh c’est bon, c’est pas la mort ! »

Vous pensez que la communication est rompue, que le dialogue n’est plus possible entre l’héritier et vous.

Que nenni, parent, que nenni !! L’ado sait baragouiner autre chose que cette expression si conciliante et évasive.

En effet, dans certaines situations, l’ado saura exprimer son opinion de façon ferme et mature.

Par exemple, lorsque vous lui demanderez aimablement d’extirper son postérieur de sous la couette pour donner un coup de main dans la maison. Ou bien, quand vous vous enquerrez de l’avancée du DM de Maths qu’il doit rendre demain à la première heure. Ou enfin, lorsque vous l’inviterez à se joindre au reste de la famille lors de la virée hebdomadaire au marché, dimanche matin – avant 10 heures, sinon Mme Germaine aura vendu ses meilleures salades et ne restera plus que quelques vieilles feuilles défraîchies.

Alors, votre adolescent vous assénera une phrase mûrement réfléchie et lourde de sens :

« J’ai la flemme… »

Vous ai-je souhaité bon courage ?

Hé, hé ! A bientôt..

Ne pas rompre le fil.

la-vie-ne-tient-qu-a-un-filNotre relation avec les autres est parfois bien compliquée. Polluée par des éléments extérieurs qui nous font lâcher prise, fermer nos écoutilles et nous replier dans notre bulle.

Notre perception est souvent obstruée par nos convictions, nos émotions, qui parfois, au lieu de nous guider dans la bonne direction, nous perdent dans des voies sans issue, sans retour.

Je vous ai déjà parlé de la relation conflictuelle qui perdure entre Deuz et nous. De cette bataille constante d’autorité, de ces cris, ces heurts incessants.

La séparation de cet été (Deuz a passé le mois d’Août « à la mer ») nous a fait le plus grand bien. A moi, en tout cas. Cette trêve m’a permis de souffler d’abord, et réfléchir ensuite.

Moi, qui me considère comme un parent à l’écoute, attentive aux besoins de mes enfants, empathique et bienveillante, j’ai depuis longtemps oublié cette ligne directrice quand il s’agit de Deuz.

Devant sa colère, ses insultes, ses rebellions et sa souffrance, je ne suis plus que rejet, agressivité et négation.

Et je ne veux plus. Je ne peux plus. Je ne veux plus appréhender son retour le soir, frémir d’angoisse en découvrant son regard belliqueux. Je ne peux plus investir mon énergie dans cette relation destructrice. STOP.

Alors, il y a quelques semaines, à son retour, j’ai pris la décision, que quoi qu’il m’en coûte, je serais pour elle aussi, malgré tout ça, la mère bienveillante que je suis pour mes autres enfants.

Ne pas rompre le fil.

Mais quand la fatigue s’en mêle, quand les nerfs lâchent, cela ne m’est pas facile. Il m’a fallu trouver des ressources extérieures, des personnes bienveillantes, « béquilles » sur qui m’appuyer en ces moments de faiblesse.

Et nous sommes deux, dans cette relation. Il me faut sans cesse faire taire ma colère pour entendre sa souffrance. Lui ouvrir les bras plutôt que lui claquer la porte au nez.

Apprendre à jouer des mots, des émotions devant cette enfant si différente, dans nos dialogues de sourds parfois.

Et je constate que cela va mieux. La communication se met doucement en place entre nous. Les cris s’estompent rapidement. L’opposition lâche du terrain.

Hier soir, la colère a grondé, les cris ont fusé. Mais j’ai freiné de toutes mes forces contre la rage qui m’envahissait. Et ça a fonctionné.

Ne surtout pas rompre le fil.

Deuz, ma Belle et re-Belle, gardons-nous de cette haine et tissons ensemble ce lien solide qu’est notre amour.