Ce que je suis

monjour

Dans quelques jours, par le hasard d’un calendrier blagueur, il paraît qu’une année de plus va se rajouter à mon compteur déjà bien avancé [comme dirait Monsieur Mon Mari, toujours si diplomate, c’est même plus de l’occasion, à ce niveau-là].

Cette journée consacrée, je la vis mal, très mal. Entre ma gêne face aux douces attentions de mes proches, entre le regret de voir ma jeunesse disparaître dans le rétroviseur de ma vie (quelle poète, je m’épate !), entre l’envie d’être fêtée et ma timidité maladive, habituellement, je vis ce jour de gr(asse)âce comme une épreuve et un cauchemar.

Mais, je me surprends cette année à ne rien ressentir. Bien sûr, il n’est pas très plaisant de penser que je ne rajeunis pas. Surtout quand je vois mes aînées approcher de leur début de vie d’adulte et qu’il me semble que c’était hier, pour moi, ces premiers pas vers l’autonomie. Bien sûr, le miroir me rappelle chaque jour que la vie fait son oeuvre et me conduit doucement vers la fin de mon périple.

Non, je ne ressens rien. Pas d’angoisse, aucune peur. Même, il me prend l’envie de fêter mon jour de naissance comme il se doit, entourée de mes proches et d’amis. Ce que je ferai, dans la joie et l’amour, dimanche prochain.

Et surtout, la grande différence cette année est que, profondément, intensément, je sais qui je suis. Je me connais enfin. Je me suis apprivoisée, je sais m’aimer (un peu), m’écouter (beaucoup), me pardonner (toujours).

Je sais qui je suis, je connais mes forces et mes faiblesses, je n’ai plus peur d’être Moi, entière et fragile, coriace et sensible.

Je suis enfin capable d’affirmer mes choix, mes désirs. Je suis assez forte maintenant pour contredire le monde entier si cela ne me convient pas. Capable de me détourner des belles paroles des autres si elles me font du mal. Je suis une adulte. Bien dans mes baskets, presque à l’aise dans mes bourrelets, totalement accomplie dans mes choix de vie.

Je suis comme je suis et n’y changerai rien.

J’ai toujours près de moi, dans le recueil de poèmes de mon adolescence, ce texte de Prévert, qui me parle tellement.

Je suis comme je suis

Je suis comme je suis

Je suis faite comme ça

Quand j’ai envie de rire

Oui je ris aux éclats

J’aime celui qui m’aime

Est-ce ma faute à moi

Si ce n’est pas le même

Que j’aime à chaque fois

Je suis comme je suis

Je suis faite comme ça

Que voulez-vous de plus

Que voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaire

Et n’y puis rien changer

Mes talons sont trop hauts

Ma taille trop cambrée

Mes seins beaucoup trop durs

Et mes yeux trop cernés

Et puis après

Qu’est-ce que ça peut vous faire

Je suis comme je suis

Je plais à qui je plais

Qu’est-ce que ça peut vous faire

Ce qui m’est arrivé

Oui j’ai aimé quelqu’un

Oui quelqu’un m’a aimée

Comme les enfants qui s’aiment

Simplement savent aimer

Aimer aimer…

Pourquoi me questionner

Je suis là pour vous plaire

Et n’y puis rien changer.

Jacques Prévert – Paroles

Quand l’avenir se dessine.

Comme vous le savez, mes deux aînées traversent quelques turbulences dans leur adolescence :

Prems, ma belle blonde de 15 ans a très mal vécu son entrée en Seconde, entre crises d’angoisse et agoraphobie et nous avons dû opter pour une scolarisation à la maison depuis Janvier. Cahin caha, elle tente sans grande motivation d’avancer dans son programme scolaire. Seule, isolée des jeunes de son âge, démotivée et facilement perturbée par la vie de la maisonnée, elle peine et renâcle à étudier.

Deuz, ma Différence, rencontre depuis le début de son entrée en 4ème des difficultés relationnelles, souffre d’un mal-être et d’une légère dépression qui l’ont conduit à manquer énormément les cours, à pleurer des heures entières, et même il y a quelques temps, à penser à la pire des délivrances.

Nous, pauvres parents démunis, sommes bien malmenés entre les administrations scolaires qui nous rejettent la responsabilité de l’état moral de nos enfants, entre les différents services de soin qui ne parviennent pas à rassurer nos filles, entre notre rôle de guide, d’accompagnant de nos enfants vers leur vie adulte, et notre faille d’humains, tellement désespérés et impuissants devant leurs souffrances.

Aussi, plutôt que d’écouter les gens bien-pensants, les proches « bien intentionnés » et la majorité populaire qui nous conseilleraient, si on les les laissait le faire, de mettre un bon coup de pied au culs de nos gamines, voire une baffe ou deux, d’asseoir notre autorité et de les contraindre à se comporter en mouton docile et muet, nous avons bien fort fermé nos oreilles. Nous avons détourné le regard. Ou plutôt, nous avons écouté et regardé nos filles.

Deuz exprime depuis quelques années le besoin de s’éloigner de la maison, perdue dans cette fratrie brouillonne, effacée entre une aînée paisible et sûre d’elle et des cadets bruyants et quémandeurs d’attention.

Et Prems, sans aucune affinité avec le monde scolaire, attendait avec hâte d’atteindre un âge « avancé » lui permettant d’entrer dans la vie professionnelle.

Nous avons, à force de recherches et de prospection, trouvé comment contenter nos deux aînées.

Aussi, ce matin, sous la fraîche pluie printanière, nous sommes parties, mes filles et moi, à la découverte d’une structure réunissant, sur le papier, les attentes et désirs de mes filles. Et nous n’avons pas été déçues. Accueillies chaleureusement, nous avons été guidées tout le long de notre visite par des intervenants bienveillants, souriants, attentifs à mes enfants.

Très vite, Prems, pourtant si réservée, a affiché un grand sourire et un enthousiasme naissant. Deuz, plus effacée, a néanmoins trouvé des réponses à ses attentes.

Aussi, c’est le cœur léger (et le portefeuille encore plus, ahem..), que nous avons pré-inscrit nos 2 belles dans cette MFR iséroise, où Prems pourra acquérir un diplôme lui ouvrant les portes des métiers de la Puériculture, comme elle le souhaite depuis longtemps, et où Deuz pourra sereinement poursuivre sa scolarité tout en bénéficiant de tous les moyens possibles pour choisir son orientation professionnelle.

Mille questions se bousculent encore dans mon esprit : comment allons-nous gérer nos deux pensionnaires, aux plannings différents, aux déplacements plus fréquents (entre stages et formation), est-ce que financièrement, l’équilibre de notre famille ne va pas s’en ressentir (et vais-je trouver rapidement l’emploi supplémentaire qui nous permettra d’assumer le coût de leur scolarité), comment mes cadets vont-ils vivre l’absence de leurs grandes sœurs, Fiston surtout, lui qui est si attaché à Prems ? Et ma Championne, qui partage la chambre de ma Première, saura-t’elle faire sans elle ?

Tant de questions qui n’auront leur réponse qu’à la rentrée prochaine. Mais mon cœur de Maman se repaît du sourire des filles, se soulage de ses incertitudes.

Aujourd’hui, mes filles ont un avenir. Un avenir qui se dessine plus serein, plus fort, plus construit. Un avenir qu’elles ont choisi.

lumière

Réveil.

jeune_arbreC’est le Printemps ! Enfin, nous quittons le solstice d’Hiver, cette période de latence et d’hibernation qui me lamine le corps et l’âme.

Enfin, je sais que petit à petit, le froid va s’éloigner, le soleil se faire plus présent et plus chaud et que la dépression va lentement laisser la place à l’énergie.

Depuis toujours, toutes les fibres de mon être réagissent fortement aux cycles de la nature et j’ai constaté, au fil des ans, à quel point je réagis au climat.

Chaque hiver, de novembre à mars, mon esprit se met en veille, en gris. Je me replie, je m’isole, je me traîne. Physiquement, je fais comme l’ours bougon qui s’empâte et comate. La moindre activité me demande une énergie que je n’ai plus, le moindre souci prend des ampleurs dramatiques.

Mais chaque année je me réveille. Dès les premiers signes du renouveau, mon âme se régénère. L’énergie revient, l’envie aussi.

Et aujourd’hui, enfin, j’ai rouvert la porte au bonheur. C’est écrit, noir sur blanc, sur tous les calendriers. Même si l’hiver n’est pas tout à fait terminé, laissant encore quelques signes de sa froidure, je sais que le meilleur est à venir. Les heures passées à flâner dehors, le chant ravissant des mésanges du jardin, les premières sorties de Madame Hérisson. Les balades le long du Rhône et ses berges fleurissantes, les premières bronzettes sur ma terrasse, les premiers picnic en famille.

Et autant hier, je me lamentais du retour de Mme la Poisse dans ma Hutte, autant aujourd’hui, les mêmes galères me semblent surmontables. Je sais que cela va aller. Nous allons nous en relever.

Mille projets fourmillent déjà dans mon esprit. Mon corps frémit et me supplie de le faire vivre.

Je suis une fille du Printemps. Née en ce beau mois de Mars, même la perspective de souffler mes 37 bougies bientôt n’arrivera pas à me plomber le moral.

Je suis une fille du Printemps. Je me suis réveillée.

Un peu de nous, un peu de tout

comebackJe suis connectée !! Grâce aux doigts de fée de mon beau-frère adoré, mon ordi a retrouvé une nouvelle jeunesse ! J’avoue que je n’ai pas réussi à me sevrer plus de quelques jours de mon addiction à l’internet, aussi j’ai très vite « emprunté » l’ordinateur portable de Monsieur Mon Mari pour faire mon tour quotidien.

Mais enfin, j’ai sur les genoux mon précieux, ronronnant et vibrant sous mes doigts qui courent sur le clavier. Je peux de nouveau vadrouiller à mon aise, laisser mille onglets ouverts, jeter mes idées de billets sur mon éditeur de textes. La belle vie, quoi !

Alors, en ce dimanche soir, alors que les enfants, bien stressés par la reprise demain, font les hystériques dans leurs lits, je fais la sourde oreille et viens vous raconter quelques brèves et autres anecdotes de ma Tribu ! Let’s go !

#Prem’s

Après des débuts prometteurs dans ses études à la maison, ma belle blonde s’est vite découragée et a repris ses bonnes habitudes, c’est à dire sieste à gogo et glandage intensif. Aucune production d’écrit alors que le CNED attend d’elle une implication intense pour rattraper ces 3 mois de non-sco.

Alors, ma petite soeur a gentiment proposé de l’accueillir quelques jours afin que son conjoint aide ma blonde à progresser dans les matières ardues que sont la Physique-Chimie et les Maths. De plus, elle a pu éprouver son attrait pour les métiers de la puériculture en pouponnant ses petites cousines. Mille mercis à eux !

#Deuz

Que dire de ma Différence ? Ces deux dernières semaines, je ne l’ai qu’entr’aperçue, dix minutes par-ci, dix minutes par-là quand elle daignait sortir de son antre. Ma brune sensible a définitivement basculé du côté des ados, en préférant largement s’enfouir sous sa couette H24, tablette et téléphone à portée de mains, plutôt que de nous honorer de sa présence.

Mais, après les épreuves qu’elle a traversées ces deux derniers mois, entre coup de blues et grande détresse, j’ai préféré ne pas la bousculer et la laisser vivre à son rythme. Et j’en ai été bien récompensée par ses jolis sourires, son calme et sa douceur quotidiennes, lorsque nous nous croisions dans la maison !

Depuis quelques jours, ma jolie puce se voit affublée d’immondes bagues enlaidissant ses belles dents de jeune fille. J’étais contre ce dispositif de correction dentaire, n’y voyant guère d’utilité, mais ma fille y tenait particulièrement, assez complexée par ses (si mignonnes) dents du bonheur. Alors, la voilà partie pour plus d’un an d’appareillage. Pour l’instant, elle gère cela comme une chef, malgré les douleurs et gêne occasionnées par ces bouts de plastique.

Même physiquement, ma ReBelle évolue à vitesse grand V. Bien qu’ayant une alimentation normale, elle voit son poids descendre doucement mais sûrement, ce qui, pour ma rondelette, est un vrai plaisir. Elle qui se sent si différente des autres par cette silhouette enrobée, elle qui rejette si violemment les signes de sa féminité, se voit différemment et le poids ainsi envolé lui libère un peu l’esprit.

La semaine prochaine, nous irons visiter une école, pas très loin de chez nous, où elle aimerait être inscrite, en internat, l’an prochain. A suivre…

#Perle

Pas grand’chose à dire de ma tendre fille, si ce n’est qu’elle aussi frôle l’adolescence du bout des doigts.  A 12 ans bientôt, elle a toujours un caractère en or, mais n’aime rien de moins que s’isoler pour bouquiner, visionner des mangas ou faire un tour en vélo. Quelques mois la séparent de la fin de sa scolarité en primaire, et déjà elle bouillonne de questions quant à la vie au Collège. Bientôt, elle ira le visiter avec sa classe, préparera son dossier d’entrée en Sixième. Bientôt une nouvelle étape pour mon tendre amour.

#Championne

Notre mini-bulldozer, d’habitude pleine d’entrain, infatigable, toujours le ballon au pied, montre quelques signes de lassitude ces temps-ci. A bientôt 10 ans, Loulou oscille entre un attrait pour la féminité, des aspirations de jeune fille et son besoin vital de se dépenser en continu. Malheureusement, perdue, elle ne sait comment concilier tout ça et déboussolée, elle baisse les bras. Parle de stopper sa (toute débutante) carrière prometteuse de footballeuse. Abasourdis, nous tentons de lui ré-insuffler cette énergie qui la caractérise d’habitude, et espérons que le temps fera son oeuvre et lui permettra de voir clair dans ses aspirations.

#Fiston

Mon toutpetit, mon ouistiti, mon insomniaque. Que dire sinon qu’il grandit fort et vite, en bêtises et en réparties. Des milliers de câlins, des tonnes de bisous, des gronderies, des fâcheries pour de vrai, des coup de blues et des rigolades ont rythmé les vacances de mon ange blond.

Et nous dans tout ça, Monsieur Mon Mari et moi ? Nous avançons, jour après jour, un pas après l’autre, trop happés entre nos emplois, notre rôle de parent, notre charge de travail quotidien. Fragilisé, malmené, bien fatigué, notre couple vacille et tangue. Mais l’amour qui nous lie, depuis bientôt 17 ans, nous permettra, j’en suis sûre, de vivre un avenir plus doux et plus tendre. Chaque fibre de mon être lui appartient, chaque cellule de mon corps vit pour et par lui. Nous nous en sortirons, c’est une promesse.

C’est sur cette note d’amour que je terminerai ce billet de retour. Pleine d’envies sous ce doux soleil printanier. Envie de vivre, de rire et de partager. Envie de petits riens, comme un apéro sur la terrasse, une soirée entre amis. Envie de trop grand, comme cet appel de ma maternité vieillissante, qui me tord les boyaux et l’âme chaque heure qui passe.

Juste l’envie de vivre, de les aimer toujours plus fort, toujours mieux. Toujours.