Un jour d’été (ou comment l’histoire a commencé)

Elle était née au petit matin d’un jour d’été, bien après l’heure, comme avant elle ses deux grandes sœurs.

Elle avait pris son temps, au creux de moi, déjà elle montrait cette façon d’être si particulière, tellement calme et discrète.

Sa naissance fut pourtant tout le contraire, violente et rapide, entre un ascenseur et une table d’accouchement encore embarrassée d’une naissance précédente.

Mais cette violence venait certainement de mon corps, de Dame Nature, enfin décidée à aider ma douce à voir le jour, car à peine née, toujours fripée, Perle restait calme et silencieuse, très vite souriante et charmante.

Et pourtant, dieu que je l’avais trouvée laide, ces premiers jours, rose vif, trop grande, trop grosse. Mon corps et mon cœur malmenés par une fin de grossesse épuisante, je l’observais, la scrutais, de ses cheveux blonds aux plis de son corps potelé, pour tenter de l’apprivoiser, de me l’approprier.

Je n’imaginais pas à cet instant l’osmose et la complicité qui allaient nous lier, moi, mère débordée et celle que j’allais très vite appelée mon Doux, mon Tendre, mon Incroyable Amour.

Entourée de grandes sœurs volubiles, Perle se faisait souvent oublier, toujours immobile et sereine, déjà elle se créait une bulle rien qu’à elle, d’où elle observait ce drôle de monde, elle regardait vivre sans trop s’en mêler, de loin, sans bruit.

Et toujours, elle portait ce sourire merveilleux, qui partait de sa bouche perlée pour éclater dans ses grands yeux bleu océan.

Gravé au fond de mon âme, je garderai le souvenir de ses étreintes matinales, quand enfin sa sœur aînée avait pris le chemin de l’école et que je venais la lever. Chaque matin, sans faillir, elle m’attendait, sûrement réveillée depuis longtemps, souriante et paisible. Et chaque matin, elle me tendait les bras, se nichait au creux de mon cou, et me serrait fort, fort de ses petits bras blonds.

Oh mon Amour ! Je ressens encore aujourd’hui ton étreinte tendre, l’amour perle au bord de mes yeux et mon cœur chavire encore, tant d’années après.

Qui aurait pu deviner, en ces temps bénis, que ma douce petite fille allait subir le pire, et tellement détester ce monde …

Dans ma peau, dans mes tripes.

Très tôt, l’envie a été là. Elle m’a broyé les tripes quand les autres petites filles de mon âge ne pensaient que marelle et corde à sauter. Elle m’a obsédée quand j’aurais dû ne penser qu’à battre la campagne de mes semelles usées.
Elle se rappelait à moi par surprise, lorsque je croyais l’avoir enfouie. Surgissant sans prévenir, au détour d’une odeur, au contact d’une peau.
Plus mon âge avançait, plus ce besoin se faisait impérieux et lancinant. A me clouer de douleur l’année de mes 13 ans. A l’aube de mon adolescence, à peine consciente de ce que pouvait être la féminité, déjà je me tendais toute entière vers cette obsession.

Etre mère.
Me sentir pleine, là, juste au creux de mes entrailles. Juste ici, dans ce vide absolu qui hurlait chaque heure du jour et de la nuit.
Mon corps et ma tête ne savaient que réclamer ce que je ne comprenais pas vraiment bien, moi, la petite adolescente complexée et dépressive.

Etre mère. Donner la vie. M’emplir de cet amour inconditionnel pour un être créé de ma chair et de mon sang. Transmettre mon âme et mon cœur.

Etre mère. Mais l’être vraiment, pleinement, consciemment. J’ai su attendre, encore et encore. Alors que l’occasion maintes fois s’est présentée de me « reproduire », au détour d’une relation éphémère ou stérile. Ne pas me précipiter. Attendre. Espérer. Qu’arrive celui qui saurait créer avec moi cet enfant tant désiré.

Etre mère.

Il y a 16 ans exactement, le 9 septembre 1998 à 10h12, je devenais Mère. Maman.
Il y a 16 ans jour pour jour, je découvrais ses grands yeux bleus, je me shootais dans les plis de son cou, je comblais le vide dans mes bras.
Mon ventre se reposait enfin, comblé de 9 mois à porter ce morceau de mon âme.

Il y a 16 ans jour pour jour, je faisais d’un homme un Père. Un Papa. Un homme bien jeune, qui fêtait ce jour-là ses frêles 17 ans. Un adolescent fragile mais sûr. Inconscient mais aimant. Tendre et protecteur. Qui a su, dans ses bras d’enfant, consoler, porter et soutenir notre fille, la consécration de notre amour.

Il y a 16 ans jour pour jour, naissait une toute petite fille blonde, silencieuse et tranquille. Une petite fille qui allait se révéler encore plus merveilleuse que jamais je n’aurais pu l’imaginer. Une enfant au caractère fort et assuré, aux sentiments exacerbés et intenses. A l’intelligence rare et à l’énergie inépuisable.

Une enfant qui a aujourd’hui 16 ans. Qui n’a plus rien d’une enfant. Une merveilleuse jeune femme est apparue au fil des mois.
Une jeune femme qui m’emplit de fierté et de reconnaissance. Une adulte en devenir, si attentionnée et aimante. Ma complice, ma moitié, mon amour. Ma toute petite, mon soutien, ma béquille. Ma fragile, ma douce blonde.

Celle qui a m'a faite Mère

Celle qui a m’a faite Mère

Ma fille.
Mon amour, tu es loin de moi aujourd’hui. Un avant-goût des années à venir, où tu vas doucement prendre ton envol. Mon amour, j’ai tant à te dire.

Tout d’abord, MERCI. Merci pour tout ce que tu apportes à notre famille, par tes attentions quotidiennes, ton aide inestimable pour moi, mère légèrement désorganisée. Merci pour l’amour que tu portes à tes frère et sœurs. Toujours. Patiemment. Pour tous ces gestes que tu fais sans mot dire. Ces câlins pour panser peines et bosses. Ces corvées que tu effectues sans démonstration. Pour tous ces moments intimes que tu m’apportes. Nos discussions interminables, nos silences si complices. Tes bras autour de moi, ta tête sur mon épaule.

Tu commences cette semaine une nouvelle page de ta jeune vie, en intégrant cette école. Tu te destines à un métier qui te correspond tellement, toi la jeune femme plus que maternante et bienveillante. Déjà tellement mature et posée.

Et j’aimerais te transmettre ma force et ma foi. Qu’elles pansent et apaisent cette angoisse qui te ronge. Que ton mal-être disparaisse et libère ta confiance.
Je crois en toi, en ton âme si belle.

Ma Bella Bionda, ma Première. Joyeux Anniversaire mon Bébé.

Sweet-16-Party

Sans m’étendre autant (par respect pour son intimité) j’ai une pensée amoureuse pour mon Homme, pour le papa de mes enfants, qui fête aujourd’hui ses 33 ans. Qui assure sans faillir depuis 16 ans, droit et fort toujours, pour nous soutenir. Parce qu’à travers les nuages, les tempêtes ou les arcs-en-ciel, il est là, pour moi, pour eux.

Joyeux Anniversaire mon Amour.

Il est des signes qui ne trompent pas.

Ce soir, je regardais mon fils. Mon ToutPetit. Il jouait avec ses sœurs, à faire le zouave comme il le fait si bien.

Et, au lieu de m’en amuser, de ricaner comme à l’accoutumée devant ses facéties, j’ai senti un grand vide.

Car il est des signes qui ne trompent pas.

Il a grandi. Il a pris son envol.

Je devrais m’en réjouir, tellement ses premières années de vie ont été chaotiques et difficiles à vivre pour moi.

Attachés l’un à l’autre. Collés serrés, fusionnés. Des heures d’insomnie à tenter de l’apaiser. Des milliers de tétées pour enfin le combler. Des pleurs. Mes pleurs, face à ce petit être dévoreur d’énergie. Ses pleurs.

Et, sans que je ne m’en aperçoive, mon ToutPetit, mon bout de moi s’est détaché.

Quand il évolue vite, très vite. Quand il rattrape ces 5 premières années où il ne vivait qu’à travers moi.

Quand il réclame sa part de lionceau dans ma Tribu, quand il s’impose, dispose.

Quand il se débrouille seul. Qu’il le revendique même, ce savoir-faire seul.

Il est des signes qui ne trompent pas.

Quand il s’endort seul, depuis longtemps déjà. Quand il câline sa soeur plutôt que que moi. Quand je m’aperçois que la journée a coulé sans qu’une seule fois je l’ai pris dans mes bras.

Il est des signes qui ne trompent pas. Mais qui font mal, là, tout bas.

Attachés l’un à l’autre. Collés serrés, fusionnés.

Comme il est amer, ce goût d’indépendance, mon Fils.

Comme il est douloureux, ce deuil.

Il est des signes qui ne trompent pas.

Mon Fils, mon grand bonhomme, au sourire renversant et au sourire charmant. Je vais te regarder grandir, encore et toujours. T’aimer plus fort que tout.

Mon ToutPetit, mon Dernier, j’ai gravé au fond de moi chacun de tes mouvements esquissés dans mon ventre, chaque douleur préparant ta venue au monde. Je garde en mémoire chaque pli de ton cou. Ma main peut tracer dans l’air les courbes de ton corps, de ton dos tout doux tout chaud, que j’ai tant caressé, dans l’espoir de te calmer. Je me souviens de chaque tétée partagée, de mon lait, de mon âme qui coule de mon cœur au tien. Je sens encore ton corps contre le mien, ta petite main serrée dans mon cou.

Presque 3 ans de lien lacté ♥

Presque 3 ans de lien lacté ♥

Il est des signes qui ne trompent pas.

Mon Fils, ma Terreur, tu es grand. Et tu vas devenir plus grand encore. Fort comme un homme. Beau comme un Dieu.

Mon Fils, ma fierté ♥

Mon Fils, ma fierté ♥

Mais tout au fond de moi reste figée l’image de mon nouveau-né. Mon dernier. Pour l’éternité.

Naturellement.

Il y a quelques jours, confortablement blottie sur mon canapé, j’ai visionné – enfin – le film « Entre leurs mains ». Je l’attendais avec tant d’impatience. J’ai même participé, à ma moindre mesure, grâce au crowdfunding*, à son élaboration.

affiche-petite

Car s’il y a un projet dont j’ai suivi l’actualité cette année c’est bien celui-ci.

Parce qu’accoucher de manière physiologique est un droit, que les mères seules savent, ressentent et expriment la bonne façon de faire.

Parce que les sages-femmes se battent envers et contre tous pour défendre ce droit, pour un accouchement librement décidé et vécu dans le respect total de l’humain.

Qu’il soit à la maison, accompagné d’une sage-femme, en plateau technique ou en maternité de niveau 3, au choix des parents, il doit être respectueux de la physiologie de la mère et de l’enfant.

J’ai accouché 5 fois, à chaque fois en maternité ou hôpital. Par ignorance les premières fois, c’était comme ça, on accouche à l’hôpital, en position « poulet de Bresse », perfusée, monitorée, périduralisée, et « coachée » par le personnel présent : « Allez Madame, on pousse, allez on se fâche maintenant !! ». S’en sont suivies épisio, déchirures et autres joyeusetés. Mais c’était normal, on fait comme ça, dans notre société civilisée, on oublie que la grossesse et l’accouchement sont aux origines de l’humanité, on ferme bien sa bouche et on obéit.

Alors, non, je n’accuse pas. J’ai vécu des accouchements relativement faciles et rapides (que je raconte ici). Seulement, si j’avais su…

Car plus tard, en grandissant, j’ai appris que non, cette façon ultra-médicalisée n’était pas la norme en matière d’accouchement. Qu’en fait, je sais très bien, en tant que femme lambda, mettre au monde mes enfants naturellement sans intervention outre mesure d’un obstétricien imbu, d’une sage-femme débordée, d’un anesthésiste énervé, ou d’un personnel hospitalier complètement harassé.

Je l’ai vécu pour Perle, lors de mon 3ème accouchement. Une naissance ultra-rapide, grâce à un travail tranquillement vécu à la maison. Une naissance sans artifice, en 5 minutes, à ma façon.

J’ai pu, un peu, touché du bout du périnée, un accouchement physiologique pour ma quatrième fille. Grâce à une équipe formidable, qui a accompagné sa naissance, sans trop intervenir. En me respectant, en écoutant mes choix.

Et, pour mon dernier, il y a bientôt 5 ans, j’ai souhaité accoucher chez moi, dans mon cocon  dans ma bulle, entourée de mes proches. Seulement, le papa n’était pas du tout pour ce choix, terrifié à l’idée qu’il m’arrive quelque chose.

Ce n’est pas grave. Enfin pas trop. Enfin, tant pis quoi…

Et depuis 5 ans, j’ai lu, entendu, rencontré des femmes ayant vécu leur accouchement à domicile, ou en plateau technique, ou en salle de naissance dite « nature ».

J’ai lu le récit de naissances respectueuses, physiologiques (oui, une femme accouche plus facilement accroupie, que sanglée sur le dos, par exemple). J’ai reniflé d’émotions, pleuré de regret, jalousé et félicité ces femmes.

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J’ai appris le combat de ces sages-femmes, qui se battent pour un respect de la physiologie lors des accouchements. Un combat contre les assureurs, un combat contre le milieu hospitalier, contre nos dirigeants.

Je n’étais pas assez informée lors de mes grossesses pour faire un choix éclairé et correspondant à mes réelles attentes. Mais si je peux, par cet article, faire réfléchir une ou plusieurs femmes, en projet d’enfant, enceinte. Si je peux atteindre, par mon émotion, des parents, des médecins, des sages-femmes.

Si enfin, on se posait, on discutait ensemble. Pour instaurer, en France, dans nos hôpitaux et maternités à la pointe de la technologie, un réel accompagnement humain et physiologique et non une prise en charge arbitraire, infantilisante et réductrice.

Je vous conseille vivement de visionner le documentaire « Entre leurs mains » :

Bande annonce :

Prochaines diffusions (Version courte – chaîne Public Sénat) :
31 décembre à 18h30
2 janvier à 22h30
4 janvier à 14h15
5 janvier à 11h20

Pour en savoir plus, rendez-vous sur leur site, qui fourmille de liens et de sources utiles.

Allez surfer, également, sur le site des Déchaînées, bien écrit, bien documenté.

*La finance participative (ou crowdfunding) est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui fait appel à un grand nombre de personnes pour financer un projet.
Ce mode de financement se fait sans l’aide des acteurs traditionnels du financement, il est dit désintermédié. L’émergence des plateformes de finance participative a été permise grâce à internet et les réseaux sociaux.
La finance participative comprend différents secteurs tels que le prêt entre particuliers, le crowdfunding (collecte de dons), l’investissement en capital (« equity crowdfunding »)…

Devenir Mère.

Pour m’en souvenir. Leur transmettre. Les 5 chaînons de mon coeur.
(Articles publiés en août 2011)

La naissance de Prems.

Première grossesse, premières découvertes, premiers émois. Naïve, toute jeune, mal accompagnée, je n’ai pas profité de cette grossesse pourtant sereine et paisible.

8 septembre : dépassement DPA + 5 jours. Je suis hospitalisée pour un déclenchement.

Initialement, ma mère devait m’accompagner au moment de l’accouchement. Mais arrivée le jour de l’hospitalisation, je tremble de peur et lui demande de céder sa place au Futur Papa.  17 ans moins un jour, ce dernier n’a pas tout à fait réalisé je pense l’arrivée imminente de Prems, mais accepte sans souci d’être présent pour moi.

Arrivée à 16h, une sage-femme m’examine et Aïïïïe !!! pratique un décollement des membranes (ce que je ne saurais que des années plus tard, en lisant des témoignages de mamans).

Je reste rapidement seule dans ma chambre, ma mère repartant avec mon ami (obligé de suivre, 16 ans ½, pas de permis of course). Une autre maman partage ma chambre, je vais très vite comprendre qu’elle vient pour une fausse couche avancée. (J’ai trouvé ça ignoble de l’obliger à supporter ma présence, mon énorme ventre pétant de santé, alors qu’elle pleurait sa grossesse inachevée).

Dans la nuit, à 3h exactement, une douleur dans les reins me réveille. J’attends un peu, je guette. La douleur revient, régulière très vite. J’appelle les SF, on m’examine : le travail a débuté.

A 6h, je ne supporte plus du tout la douleur. J’ai terriblement peur que mon ami arrive trop tard et rate la naissance de sa fille (le déclenchement était prévu pour 7h).

On m’installe en salle d’accouchement.  On me propose la péri, j’accepte sans hésiter.

Mon ami et ma mère arrivent rapidement. Je suis paniquée, à bout de nerfs, perdue, pas du tout préparée à accoucher. Mais je me rappelle avoir réussi à sortir un « Joyeux Anniversaire mon Chéri, sacré cadeau pour tes 17 ans hein ! »

Je vomis de douleur à chaque contraction.

La SF me met le masque à oxygène, l’odeur me soulève le cœur, je suis de nouveau malade.

A 8h, l’anesthésiste arrive, péri posée ! Oufff !! Je retrouve un peu de ma conscience.

Combinée à l’oxygène, la péri fait tellement effet que rapidement, je n’ai plus aucune sensation à partir de la taille. Je ne sens plus rien, ni les contractions, ni les soignants quand ils m’examinent. Mais je revis, ma peur reflue, je suis bien, je plaisante, je ris même….Je suis complètement shootée à l’oxygène.

A 9h, j’ai une drôle de sensation, j’ai l’impression qu’un « truc » va tomber (ouais, ton bébé, ma grande !).

Mon homme va chercher une SF. Il revient seul, avec le message « c’est normaaaal, Madame ! » (Il me dira plus tard que l’équipe était en train de petit-déjeuner, croissants tout chauds compris)

L’équipe revient, guette les contractions, on plaisante…

A 9h45, la sage-femme me dit qu’on va s’y mettre, hein, on est là pour ça ! Ah, z’êtes sure ? Je suis bien là, moi, je n’ai pas envie de pousser.

Vu la péri de cheval et l’oxygène que j’ai sniffé, je n’ai aucune force, aucune sensation donc je galère à pousser efficacement.

Heureusement, ma poulette est déjà bien motivée et fait quasi tout le travail à elle seule.

10h12, la sage-femme me pose sur le ventre un bébé tout vert (j’apprendrai plus tard que la Puce avait fait son méconium in utéro).

Elle me fixe de ses grands yeux ouverts, étonnée et étrangement calme. Ma vision « idyllique » du bébé rougeaud, braillard et fripé en prend un coup. Elle est fine, longue, silencieuse.

Elle part à la pouponnière pour les soins et son premier bain. Etrangement, c’est ma mère qui l’accompagne. Je ne saurai jamais pourquoi je n’ai pas encouragé le Papa à la suivre. Cela restera un regret, une douleur de lui avoir volé ce moment unique et si précieux, qu’est la découverte de son enfant.

Je me rappelle mes tremblements incontrôlés, les larmes mouillant mes joues, mon cœur enfin comblé.

Je suis devenue Maman, le 9 septembre 1998, à 10h12.

Naissance de Deuz.

Deuz est un bébé non programmé. Accident de pilule quand Prems avait 7 mois.
Grossesse catastrophique nerveusement, je suis en pleine dépression.
26 décembre 1999 (repas de famille à l’occasion des fêtes) : depuis 2 jours, j’ai la sensation d’une légère fuite. Ma maman me conseille d’aller à l’hôpital pour un contrôle. Mon terme est le 19 janvier.

Arrivée à l’hôpital, on m’examine. Apparemment,  pas de fissure de la poche. Mais BB est en siège,  donc peut-être que son fessier appuie et bouche artificiellement cette fissure. Je suis donc hospitalisée pour la nuit. Je suis catastrophée.

Lendemain matin, la gynéco de garde fait une écho : BB est toujours en siège. Elle veut faire une césarienne (pourquoi ? j’avoue ne même pas avoir pensé à poser cette question !). Je suis épuisée physiquement et nerveusement , donc je ne réagis pas plus que ça à son annonce.

Nouvelle écho de contrôle avant la césarienne : BB se retourne en live sous la sonde !

Vérification de mon col : R.A.S. Col légèrement ouvert mais sans maturité. Aucune fissure. Je rentre chez moi, rassurée (un peu) et quand même impatiente d’accoucher.

11 janvier : une amie à moi accouche (sa DPA était prévue le 28 janvier !). Je lui rends visite avec mon gros ventre, je me rappelle ma lassitude et ma « jalousie » face à cette jeune maman rayonnante.

20 janvier : visite de contrôle post DPA. Tout va bien, BB est en pleine forme, le liquide amniotique est abondant. Aucun signe d’accouchement imminent. « Rentrez-chez vous Madame et à dans 2 jours. »

22, 24 et 26 janvier : rebelote : courir à l’hôpital (je ne conduis pas à cette époque, mon mari doit donc se libérer pour m’amener à l’hosto, nous devons faire garder l’aînée, un vrai casse-tête).

Le 26 donc, l’équipe me dit de ne pas revenir, mais de les appeler tous les matins. Ils sont surbookés. N’ont pas le temps de me déclencher pour l’instant.

Mon état nerveux est lamentable, je n’ai plus aucune force physique.

Le 28 au matin, à 7h : je me lève pour appeler l’hôpital. Petit tour par les toilettes. En voulant enfiler mon pantalon, je me fais pipi dessus. Bizarre, je sors des WC. Là, un déclic ! Et si je perdais les eaux en fait ?! Je ne suis pas sûre, je doute.. Mais je tente le tout pour le tout et appelle l’hôpital pour les en informer.

Bien sûr, la sage-femme qui me répond me conseille de venir, même si je sens bien « qu’ils n’ont pas que ça à faire… ».

08h15 : nous déposons notre aînée chez son Papi, on boit un café. Au bout de quelques minutes, mon Papa me regarde et me dit « Vous feriez mieux d’y aller, hein, le travail a commencé ». Et en entendant ses mots, je réalise soudain que j’ai des contractions. Légères, mais réelles.

Nous partons pour l’hôpital. Dans la voiture, j’essaie de calculer l’écart des contractions. Toutes les 10 minutes…

Arrivée à l’hôpital, la sage-femme m’examine et pendant le TV, la poche finit de se percer. Bon, là, c’est sûr, j’ai bien perdu les eaux. Chouette, cette grossesse va enfin se terminer, et je vais pouvoir rencontrer Deuz !

On m’installe en box de travail.

Les contractions s’intensifient rapidement, je ne gère plus du tout.

L’anesthésiste me pose une péridurale. Qui ne fonctionne qu’à moitié : j’ai le ventre, le bassin et le bas du corps insensibilisé, sauf au niveau du vagin. Ouch !!

Ça tire, ça brûle, l’expulsion est longue et douloureuse. Je n’y arrive pas, je me sens partir…

De plus en plus de monde envahit le box, une dizaine de personnes environ. L’interne de garde arrive, vérifie les données du monito, regarde mon vagin (allez-y c’est portes ouvertes aujourd’hui pff)….Et j’entends au loin : « Trop tard pour la césa »…

Quoi ????????? Qu’est-ce qui se passe ????????? Je regarde le monito, vois le rythme cardiaque du BB s’affaiblir à chaque seconde. Je demande des explications.
On me répond : « ne vous occupez de rien, on fait notre boulot »…Ah oui, bien sûr, je suis là pour cueillir des fraises moi, c’est vrai…

Là, sans me prévenir, l’interne encercle le haut de mon ventre de ses énormes paluches et appuie comme un damné en poussant vers la sortie.
J’ai ressenti une immense douleur, une brûlure innommable, une déchirure incroyable. J’hurle comme une bête.

12h40 : Je sens mon enfant naître, et je n’ai pas le temps de reprendre mon souffle que je vois un soignant l’emporter tout au bout de la salle, dans une couveuse.

De loin, très loin, avec mon regard de myope, je distingue un petit schtroumpf tout bleu, qui vagit doucement.

Elle a froid, elle est transie, elle a failli y rester. Le cordon ombilical était enroulé en de multiples tours autour de son cou, chaque contraction, chaque poussée d’expulsion l’étranglait un peu plus.

Finalement, on me rend mon enfant, que je n’ai pas encore pu voir. Je ne la verrai d’ailleurs qu’au bout de 8 heures, car ils me la posent sur ma poitrine, nue, en peau à peau, pour que je la réchauffe. On entasse trois couvertures chauffantes sur nous (sauf que moi je n’ai pas froid hein !) Je vais suer sans pouvoir bouger, toujours allongée sur la table d’accouchement pendant 8 longues heures, à sentir un bout du crâne de cet enfant inconnu contre mon menton.
Je reste si longtemps au bloc car il n’y a de place nulle part pour m’installer. Le baby-boom de l’an 2000, ça vous dit quelque chose ?

Finalement, vers 20h, on nous emporte vers une chambre à 8 lits ( !!!). Au cours du trajet, on me prend l’enfant pour l’identifier. Je dois crier le prénom que nous avons choisi car déjà le brancardier m’emporte…
Au bout d’un très long moment, enfin, une soignante roule vers moi un berceau en plastique avec un tout petit bébé emmailloté, chapeauté, dont seul le museau dépasse.
Le premier geste que j’aurai est de défaire ce emmaillotage (maintenu à grands coups de scotch médical) et d’enfin découvrir mon enfant, ma fille, si parfaite, petite et douce.

Deuz est née le 28 janvier 2000 à 12h40. Mon cœur de Maman a doublé de volume, bat plus fort, plus loin.

La naissance de Perle.

Cette grossesse a été fortement désirée par le Papa et moi.
Grossesse sans souci.

1er  juillet : DPA. Rendez-vous de contrôle à la Clinique – R.A.S. (et c’est reparti pour des aller-retour tous les 2 jours).

3 juillet : visite de contrôle. R.A.S.

J’en ai marre, ras-le-bol de courir à la clinique tous les 2 jours pour rien. C’est ma 3ème grossesse, 3èmedépassement de terme. Je décide de faire « la morte » jusqu’à l’accouchement.

8 juillet : En fin de journée, quelques contractions se font sentir. De plus en plus fortes. Nous partons à la clinique.

L’examen freine mon enthousiasme. Faux travail. Je me ramasse une brasse par l’équipe, j’aurais dû venir plus tôt, bla bla bla….

La sage-femme me donne un ovule de calmant pour stopper les contractions et me propose de m’hospitaliser pour la nuit. Je refuse. Nous rentrons à la maison en début de soirée.

Toute la nuit, les contractions reviennent. De plus en plus fortes. Je fais l’aller-retour entre mon lit et le balcon (pour respirer et fumer une cigarette, j’avoue).

09 juillet : vers 6h, je ne tiens plus et réveille mon mari. Nous partons rapidement pour la Clinique.

Durant le trajet, les contractions s’accélèrent, j’ai de plus en plus mal. Arrivés à la clinique, j’ai peine à descendre de la voiture, je sens mon bébé descendre, il me gêne pour marcher.

L’ascenseur prend tout son temps pour nous monter à l’étage de la maternité.

L’équipe nous attend. M’engueule : « On vous avait bien dit de rester ici hier soir ».

Je m’affole, je panique, Bébé arrive.
L’équipe veut à tout prix prendre le temps de m’installer.

Il est 6h55. Je secoue (pardon !) le sage-femme qui tente de poser un cathéter. J’ai mal, il faut que je pousse.

7h05 : Perle naît. Une sensation incroyable. Sentir pour la première fois toutes les étapes de la naissance de mon enfant. Accompagner ses mouvements. La légèreté ressentie lorsqu’elle glisse hors de son nid.

Après l’avoir accompagnée au bain, mon mari me ramène la puce et part s’occuper des aînées à la maison (et surtout rapporter des vêtements pour notre blondinette, car rien dans le trousseau n’est à sa taille, à ma « grosse » pépète !)
Je reste seule sur la table d’accouchement, mon bébé dans les bras.
La tension retombe, je me sens faible, j’ai peur de lâcher la petite.

Finalement, mon obstétricien arrive pour recoudre la déchirure. Sans anesthésie : « Mais nan, vous n’avez pas mal, occupez-vous de votre Bébé ! ».

Après 3h d’une longue attente, enfin je serai ramenée dans ma chambre, et pourrais découvrir sereinement ma Perle, lui donner sa première tétée.

Perle est née le 9 juillet 2002, à 7h05. Premier accouchement sans péridurale, cette naissance aura été le déclic de ma maturité de maman, l’ébauche de ma remise en question.

Naissance de ma Mini-Bulldozer.

La grossesse débute mal, je perds 13 kilos les premiers mois. Je suis malade, nauséeuse, ai de nombreux malaises, des crises de tachycardie.

Très mauvais contact avec l’obstétricien. L’écho morpho du 5ème mois révèle un bébé « trop petit ».

Rendez-vous pris pour un doppler.

2h de route sous la neige pour atteindre le cabinet médical.

Doppler normal, excellent contact avec la docteure, qui me rassure en tout point. Mon bébé va très bien.
Je ne sais pas si c’est le soulagement, mais je commence à prendre du poids, à m’étaler. Je rattrape allègrement les kilos perdus au début, et finis ma grossesse en véritable baleine.

6 mai : DPA – Visite de contrôle. RAS – L’obstétricien s’extasie sur le beau gabarit de Bébé (mouais, ce n’est pas toi qui me lynchais y a pas si longtemps ??).

8 mai : nouvelle visite de contrôle. RAS. Comme pour Perle, je décide de ne pas revenir à la Clinique avant le début du travail, malgré les mises en garde de mon médecin.

10 mai après-midi : quelques contractions commencent à se faire sentir. Rapidement, elles deviennent très douloureuses. Me rappelant la naissance express de la précédente, je file à la Clinique. Dès le début du trajet, les contractions cessent (et Merde…).
L’examen confirme que c’est un faux-travail. Retour à la maison.

Nous renvoyons ma maman chez elle (elle était venue garder les aînées).

A 18h, les contractions reviennent en force. Je décide d’attendre, histoire de ne pas rappeler ma mère trop vite 😀

A 19h, j’avale une assiette de pâtes entre 2 contractions (je sais comme on nous interdit d’avaler quoique ce soit arrivé à l’hosto, pas question de crever de faim toute une nuit).

Finalement, la douleur devient vraiment forte. Nous appelons la maman de mon homme (histoire de varier les nounous !).

A 20h, elle arrive. Je lui propose un café….Oh et puis non, on va y aller de suite, hein, je sens que Bébé ne va pas tarder.

Nous filons (à la vitesse de la lumière, la Clinique est à 40 minutes normalement, nous mettrons moins de 20 minutes). Je ne tiens plus assise sur mon siège, je suis pétrifiée de peur à l’idée d’accoucher dans la voiture.

21h, nous arrivons à la Clinique. J’ouvre ma portière, les contractions s’arrêtent net. Re-Merde !!!

Bon, maintenant qu’on y est, hein, on va quand même aller saluer l’équipe médicale.

Les sages-femmes m’installent en salle de monito. Bah oui, il n’y a bien plus aucune contraction. Le calme plat, total.
Le TV montre un col ouvert à 4. Ouf ! Quand même.

Vu la fainéantise absolue de mon utérus, la sage-femme m’installe dans une chambre. Les contractions reprennent un peu, je marche le long du couloir avec mon mari. Soufflant à chaque contraction. Ça s’arrête de nouveau.

Il est 23h, je suis fatiguée, mon mari aussi. Je décide d’aller me coucher.

Mon homme part se reposer dans la voiture.

La sage-femme vient me voir. S’inquiète de me voir somnoler. Me propose d’activer le travail en perçant la poche des eaux. J’acquiesce mollement, j’ai bien envie de piquer un petit roupillon quand même.

Elle me propose la péridurale. Je la refuse.

Elle perce la poche des eaux. La douleur fuse. Le travail s’accélère rapidement. Je suis à quasi dilatation complète. Je demande à ce que l’on appelle mon mari.

Qui s’est endormi, et n’entend pas son téléphone.
Anecdote amusante (quoique, sur le moment, j’étais plutôt terrifiée qu’il n’arrive pas à temps) : la puéricultrice voit notre voiture depuis la fenêtre de la salle d’accouchement. Voit mon mari dormir. Voit son téléphone s’éclairer lorsqu’elle l’appelle. Voit qu’il ne se réveille toujours pas….

Finalement, elle descend toquer à la vitre de notre voiture.

1h : le futur Papa nous rejoint. Les choses sérieuses peuvent commencer.

Je ne ressens aucun besoin de pousser malgré les contractions interminables qui s’enchaînent.
L’expulsion sera longue et douloureuse.

A un moment, je râle que « plus jamais, plus jamais, je recommencerai ! ».

Mon mari, petit plaisantin, me propose de le noter et de le signer. J’en rigole (mais ne signe rien du tout, pas folle la guêpe !).

1h40 : ma quatrième fille naît. Instant sublime, douleur intense. Je découvre une toute petite demoiselle aux longs cheveux noirs.

La sage-femme nous laisse tranquillement faire connaissance et  proposer à ma puce sa tétée d’accueil.

Puis la puéricultrice la mesure, la pèse et prépare son bain (qu’elle lui donnera à côté de moi, je pourrais même lui caresser les cheveux…A ma fille, hein, pas à la puer’ !).

Moment de sérénité absolue, dans la pénombre, juste nous 3.

Puis le Papa exténué repart finir sa nuit à la maison.

Je réintègre très rapidement ma chambre, debout, poussant le berceau de ma puce.

Merci à l’équipe de m’avoir tant respectée, écoutée, accompagnée.

Ma louloute est née le 11 Mai 2004. Intensément, douloureusement. Enfin un accouchement où j’aurais été totalement maîtresse de mon corps, actrice des évènements.

La naissance de Fiston.

La grossesse est difficile : tous les petits maux se sont donné rendez-vous chez moi. Dès le début, je ressens une angoisse indicible, incompréhensible, qui m’empêche de m’épanouir. Je n’ose quasi pas bougé le petit doigt avant la fin du premier trimestre.

Enorme prise de poids, que je tente pourtant de contrôler, en vain. On suspectera un diabète gestationnel, le test se révèlera négatif.

A partir du 8ème mois, ma sangle abdominale déclare forfait et je ne peux quasiment plus me bouger.

A l’écho morpho du 5ème mois, le sexe de l’enfant est vérifié. C’est un garçon. Grosse angoisse. Certains membres masculins de la famille du Papa souffrent d’une maladie génétique atteignant les glandes surrénales. A chaque visite, l’obstétricien pratiquera une échographie de contrôle, par principe. Car la maladie n’est diagnostiquée qu’à la naissance. Il nous informe au passage que cette maladie atteint principalement les filles, ce que nous ignorions totalement!! Heureusement mes puces ont échappé à cette saleté.

Le terme approche, je suis de plus en plus lourde. Le médecin pense que le bébé aura un poids considérable à la naissance.

31 janvier : DPA (qui est passé du 3 février au 31 janvier, après vérification des sages-femmes !). Echographie : tout va bien pour le bébé.

3 février: petite visite de contrôle. Je me fais une nouvelle fois sermonnée pour ne pas être venue plus tôt (la routine, quoi !). Nouvelle écho. Mon obstétricien demande à ce que le chef de service pratique lui aussi une écho. Craignent que le bébé ne puisse pas sortir (mais bien sûr….)

4 février : coup de fil d’une sage-femme. Après concertation, les médecins veulent m’hospitaliser pour un déclenchement. Le Bébé est trop gros. Il faut arrêter la grossesse.
J’ai un gros coup au moral sur le moment . Je souhaite tellement accoucher normalement. Pour moi, déclenchement signifie péri (les douleurs sont paraît-il beaucoup plus douloureuses).

16h : j’arrive à la maternité avec le Papa. On m’installe et on procède à la routine : TV, analyses diverses et variées, monito. Tout va bien.

Je  serais sous monito toute la nuit et une soignante posera un tampon déclencheur à minuit.

Je reste éveillée (de toute façon, dormir avec toutes ces sangles, impossible !). Je guette la moindre douleur. Rien, calme plat. Enfin calme relatif, vu l’énergie que mon Bébé déploie à me labourer le ventre. Il bougera ainsi jusqu’à l’expulsion (j’aurais dû y voir un signe, comprendre que bébé allait être une Terreur !).

Au petit matin, mon mari arrive, persuadé que le travail a commencé. Et non !

5 février : Midi, toujours rien. Mon obstétricien m’examine. Aucune modification du col. On parle d’un nouveau déclenchement dans la soirée et si rien n’agit, césarienne le lendemain.
J’avoue, qu’à ce moment-là, je suis tellement épuisée, vidée moralement, que j’accepterais la césarienne de suite.

Nous passons le début d’après-midi à somnoler (enfin surtout le Papa) et attendre.

15h30, je ressens quelques contractions, toutes légères. Je ne dis rien, j’attends.

16h, ça commence à bien serrer ! Je me traîne péniblement vers le bureau de la SF. Examen : je suis dilatée à 4 ! Yes !!!

La sage-femme me refroidit immédiatement, le travail sera sûrement très long. Je m’effondre. Je n’en peux plus, je veux qu’il naisse et que ça s’arrête.

17h : j’entre en salle de travail. Je me prépare et m’installe. La sage-femme m’incite (fortement) à demander la péridurale. J’accepte, à bout de nerfs.

17h30 : l’anesthésie est posée (après moult tâtonnements et réflexions de l’anesthésiste, qui râle sur mon surpoids).

17h45 : je revis. La douleur reflue doucement. Mais très vite, j’ai mal du côté droit. Une douleur intense presse l’aine.

L’anesthésie parle de modifier le dosage.

Mais je sens que quelque chose se passe, quelque chose pousse vers le bas, m’entraîne.

La sage-femme m’examine : je suis à dilatation complète, l’expulsion a commencé !! Je sens l’adrénaline gonfler mes veines, l’énergie me revenir, j’ai hâte, hâte !!

18h : il faut que je pousse !!! (Première fois en 5 accouchements que je ressens ce besoin, cette force irrépressible d’expulser mon enfant). C’est plus fort que tout, je deviens animale.

La sage-femme « panique »… « Non, il ne faut pas qu’il sorte maintenant, je ne suis pas prête !! .. » pose sa main sur le crâne de mon enfant pour le retenir et sonne de l’autre main pour appeler une aide. Je suis tellement euphorique que j’en ris, je la trouve pathétique à paniquer ainsi.

La tête et le premier bras de mon fils sont sortis.
L’obstétricien arrive, se cale dans l’axe de mes jambes et regarde en commentant. Se moque de mes râles : « mais non, vous n’avez pas mal, vous avez la péri »…….

Après 3 longues poussées, mon fils glisse hors de moi, je me penche et la sage-femme m’aide à le poser sur mon ventre.
Je suis en transe, des sensations incroyables ont traversé mon corps au moment de sa naissance. (On parle parfois d’orgasme de l’expulsion). Etre si connectée à mon corps, à mon enfant, m’ont permis de savourer chaque étape de la naissance, d’apprécier même cette douleur intense, primitive, qui me reliait à l’humanité et la maternité universelle.

Je découvre doucement mon fils, si beau, si gros, si parfait. Son père le porte à son cœur, le petit émet un doux vagissement, presque un gazouillis. Je fonds en larmes de bonheur.

Fiston est né le 5 février 2009, à 18h20. Il m’a fait naître une nouvelle fois Maman. Mais il m’a fait naître en tant que Mère, héritière de sensations millénaires. Je suis enfin comblée.