J’ai tellement de choses à dire et puis en fait, pas tant que ça ….
Des petits bonheurs aux grosses galères, des doutes aux espérances, la vie déroule son fil entremêlé de nœuds comme partout, chez vous, chez eux …
Tous lotis à la même enseigne … alors pourquoi mériterais-je plus d’attention qu’un autre.
Mais parce que notre lien, entre vous mes lecteurs, et moi petite scribouillarde anonyme, est important et me manque, je reviens à petits pas, à petits mots, comme ceux que mes enfants me laissent lorsque j’enchaîne les jours de travail sans vraiment les voir, comme ceux que je leur écris, le matin, pour tenter de prendre soin d’eux, de loin, trop vite.
« Comme un grand »
Mon bébé, mon tout petit, mon Fiston. Qui s’est parfaitement adapté au rythme de l’école primaire, qui lit « comme un grand » tout ce qu’il peut trouver à déchiffrer. Qui ne semble pas perturbé d’être sans sa sœur, entrée au collège …
« Comme une ado »
Ma championne, entrée sans trembler dans la cour des grands, avec ses baskets et son survêt’, sans faillir devant ce nouveau monde. Épuisée d’enchaîner études et entraînements, mais motivée par ses bons résultats en cours comme sur le terrain. Ravie de découvrir l’univers des ados, qu’elle tente de nous faire partager, tout en insolence et en arrogance.
« Comme une exilée »
Ma Perle. Dans l’attente et dans l’errance, ma fille voit s’échapper sa vie sans pouvoir la rattraper. Exclue du fait de sa dé-scolarisation, de sa solitude jour après jour à la maison. Déconnectée, sans repère. Elle reste droite et souriante, aimante et adolescente, quand enfin, la Tribu rentre. Mais montre des signes d’étouffement, d’envie d’ailleurs, d’autre chose. Malheureusement, nous peinons à trouver une aide, une structure, un début d’avenir pour elle.
« Comme une douleur »
Ma Deuz, ma plus rebelle du tout. Un début d’année scolaire difficile, à tenter de s’intégrer dans un lycée bien grand, bien étouffant pour ma solitaire. Entre envies et fatigue, entre maladie et blessures, ma deuz souffre depuis quelques mois, corps et coeur. L’incertitude me ronge quant à son avenir.
« Comme une pro »
Ma Prems. Qui s’épanouit de jour en jour dans ses études, s’impliquant toujours plus dans ses apprentissages. Qui prouve aux professionnels qu’elle est faite pour ça.
Mais qui vit à fond ses 17 ans, pleine d’énergie incontrôlable, claquant les portes, râlant et maugréant. Qui passe du rire aux larmes, entre câlins serrés et bataille rangée.
» Comme des vieux «
Fatigués. Epuisés. Dépités. Monsieur Mon Mari et moi maintenons tant bien que mal notre embarcation familiale sur les flots mouvementés.
Sans trop se voir, avec nos horaires décalés. Sans trop se parler, avec nos rancoeurs mal placées et nos envies d’autre chose.
Unis, soudés quand même.
« Comme une envie d’ailleurs »
Parce que la vie va trop vite, parce qu’ils grandissent sans moi, parce que je ne peux plus, je ne veux plus, j’arrête. Après des mois à partir les larmes aux yeux, la boule au ventre, je rends les armes. Dans deux mois et quelques, je quitterai mon poste d’auxiliaire, pour démarrer une nouvelle aventure.
Une décision douce-amère, que j’ai prise sans hésiter. L’avenir est encore flou et incertain, s’annonce certainement plein de galères et de doutes mais je sais pourquoi. Pour qui, surtout. Pour eux, mes cinq petits et mon double.
Parce que j’ai décidé que ma vie, ce n’était pas la réussite sociale ou professionnelle. Ce n’est pas une course contre la montre, pour espérer grappiller une heure de bonheur par jour.
C’est prendre le temps de les voir grandir, c’est les accompagner, les soutenir, les chérir sans aucune mesure, sans pression.
Parce que j’ai compris, que le plus important c’est eux six, et uniquement eux. Dans la pauvreté peut-être, dans les galères certainement, mais dans l’amour et le partage, la complicité et le partage. Toujours. Unis.
Alors voilà où j’en suis.
Tournée vers l’avenir, le leur comme le mien. Tremblante de doutes, mais pleine d’espérances pour un futur plus doux.