Dans ma peau, dans mes tripes.

Très tôt, l’envie a été là. Elle m’a broyé les tripes quand les autres petites filles de mon âge ne pensaient que marelle et corde à sauter. Elle m’a obsédée quand j’aurais dû ne penser qu’à battre la campagne de mes semelles usées.
Elle se rappelait à moi par surprise, lorsque je croyais l’avoir enfouie. Surgissant sans prévenir, au détour d’une odeur, au contact d’une peau.
Plus mon âge avançait, plus ce besoin se faisait impérieux et lancinant. A me clouer de douleur l’année de mes 13 ans. A l’aube de mon adolescence, à peine consciente de ce que pouvait être la féminité, déjà je me tendais toute entière vers cette obsession.

Etre mère.
Me sentir pleine, là, juste au creux de mes entrailles. Juste ici, dans ce vide absolu qui hurlait chaque heure du jour et de la nuit.
Mon corps et ma tête ne savaient que réclamer ce que je ne comprenais pas vraiment bien, moi, la petite adolescente complexée et dépressive.

Etre mère. Donner la vie. M’emplir de cet amour inconditionnel pour un être créé de ma chair et de mon sang. Transmettre mon âme et mon cœur.

Etre mère. Mais l’être vraiment, pleinement, consciemment. J’ai su attendre, encore et encore. Alors que l’occasion maintes fois s’est présentée de me « reproduire », au détour d’une relation éphémère ou stérile. Ne pas me précipiter. Attendre. Espérer. Qu’arrive celui qui saurait créer avec moi cet enfant tant désiré.

Etre mère.

Il y a 16 ans exactement, le 9 septembre 1998 à 10h12, je devenais Mère. Maman.
Il y a 16 ans jour pour jour, je découvrais ses grands yeux bleus, je me shootais dans les plis de son cou, je comblais le vide dans mes bras.
Mon ventre se reposait enfin, comblé de 9 mois à porter ce morceau de mon âme.

Il y a 16 ans jour pour jour, je faisais d’un homme un Père. Un Papa. Un homme bien jeune, qui fêtait ce jour-là ses frêles 17 ans. Un adolescent fragile mais sûr. Inconscient mais aimant. Tendre et protecteur. Qui a su, dans ses bras d’enfant, consoler, porter et soutenir notre fille, la consécration de notre amour.

Il y a 16 ans jour pour jour, naissait une toute petite fille blonde, silencieuse et tranquille. Une petite fille qui allait se révéler encore plus merveilleuse que jamais je n’aurais pu l’imaginer. Une enfant au caractère fort et assuré, aux sentiments exacerbés et intenses. A l’intelligence rare et à l’énergie inépuisable.

Une enfant qui a aujourd’hui 16 ans. Qui n’a plus rien d’une enfant. Une merveilleuse jeune femme est apparue au fil des mois.
Une jeune femme qui m’emplit de fierté et de reconnaissance. Une adulte en devenir, si attentionnée et aimante. Ma complice, ma moitié, mon amour. Ma toute petite, mon soutien, ma béquille. Ma fragile, ma douce blonde.

Celle qui a m'a faite Mère

Celle qui a m’a faite Mère

Ma fille.
Mon amour, tu es loin de moi aujourd’hui. Un avant-goût des années à venir, où tu vas doucement prendre ton envol. Mon amour, j’ai tant à te dire.

Tout d’abord, MERCI. Merci pour tout ce que tu apportes à notre famille, par tes attentions quotidiennes, ton aide inestimable pour moi, mère légèrement désorganisée. Merci pour l’amour que tu portes à tes frère et sœurs. Toujours. Patiemment. Pour tous ces gestes que tu fais sans mot dire. Ces câlins pour panser peines et bosses. Ces corvées que tu effectues sans démonstration. Pour tous ces moments intimes que tu m’apportes. Nos discussions interminables, nos silences si complices. Tes bras autour de moi, ta tête sur mon épaule.

Tu commences cette semaine une nouvelle page de ta jeune vie, en intégrant cette école. Tu te destines à un métier qui te correspond tellement, toi la jeune femme plus que maternante et bienveillante. Déjà tellement mature et posée.

Et j’aimerais te transmettre ma force et ma foi. Qu’elles pansent et apaisent cette angoisse qui te ronge. Que ton mal-être disparaisse et libère ta confiance.
Je crois en toi, en ton âme si belle.

Ma Bella Bionda, ma Première. Joyeux Anniversaire mon Bébé.

Sweet-16-Party

Sans m’étendre autant (par respect pour son intimité) j’ai une pensée amoureuse pour mon Homme, pour le papa de mes enfants, qui fête aujourd’hui ses 33 ans. Qui assure sans faillir depuis 16 ans, droit et fort toujours, pour nous soutenir. Parce qu’à travers les nuages, les tempêtes ou les arcs-en-ciel, il est là, pour moi, pour eux.

Joyeux Anniversaire mon Amour.

Ôtez-moi d’un doute !

calendrier

Un mois.

Un mois pour prendre LA bonne décision. Celle qui peut changer ma vie, leur vie.

Décider si cela vaut la peine de bousculer leurs habitudes, de détruire leur équilibre, notre équilibre.

Choisir l’absence et le manque de temps. Oublier, un peu, leurs besoins et leur demander beaucoup.

Dans un mois, je devrais décider.

Et j’ai peur. Peur de faire ce choix égoïste. Peur de l’inconnu aussi. Peur de rater, chuter, manquer.

Mais j’ai envie. Envie de vivre cette expérience. Envie de grandir. Besoin d’évoluer.

Alors je vous pose la question. Je me tourne vers vous, mères de famille, mamans-poules ou mamans « t’es toujours au boulot ! »…

Je fonce, oui ou non ? Je fais le grand plongeon dans le vide ou je reste sagement accrochée au bord ?

Dans un mois, je devrais avoir décidé, si oui ou non, je reprends mes études.

Dans un mois, je débute une toute nouvelle carrière, : après veilleuse de nuit, je vais occuper un poste d’auxiliaire puéricultrice en journée. Et j’ai l’opportunité de décrocher le diplôme.

Mais c’est un an d’études. 10 mois passés sur les bancs de l’école, entre potassage de cours et stages pro.

Vais-je arriver à concilier mes études, mon boulot et ma vie de famille ?

A 37 ans, suis-je capable encore d’assiduité scolaire, de vivacité d’esprit ?

Combien de moments en famille seront sacrifiés au profit de mon « petit » épanouissement personnel ?

Dois-je demander leur accord à mes enfants ?

Et surtout, pourquoi je cogite autant ??

Help !!!

« Vis ma vie…de parent d’ado » #A table !

Nous avons étudié précédemment la mutation de votre enfant en adolescent et quelques manifestations inhérentes à cet état.

Abordons aujourd’hui un sujet délicat, encore plus délicat que la diversification alimentaire chez le bébé (et pourtant dieu sait que ce sujet est enclin à la polémique et aux bons (ahem) conseils), je disais donc, abordons le sujet de l’alimentation chez l’adolescent.

Je vous propose un comparatif entre les repas d’un bambin de 6/7 ans et d’un ado (je rappelle que chez certains spécimens, cette période dite de « transition » peut durer très très longtemps!)

Un indice visuel pour vous, téléspectateurs !

Un indice visuel pour vous, téléspectateurs !

Mettons-nous en situation (référence comique inside, saurez-vous la reconnaître?) : nous sommes dimanche et la journée commence…

Un petit-déjeuner dominical

• chez le bambin :
Levé à 6 h 30 (comme tous les enfants, votre tête blonde confond hélas les jours de semaine – où vous devez l’extirper de sous sa couette manu militari une demi-heure avant le départ pour l’école, et la fin de semaine – où vous aimeriez bien, bordel, qu’il dorme au moins jusqu’à 8 h!!), le bambin a les accus rechargés à bloc et est prêt à dévorer un repas pantagruélique : cacao, tartines, gâteaux, jus de fruits, compotes et autres pâtes à tartiner, le petit-déjeuner est souvent le repas préféré de nos bambins.

• chez l’ado :
Il s’extirpera péniblement de sous sa couette aux alentours de midi, lorsque l’odeur du rôti/frites aura réussi à percer la fumée de miasmes planant dans sa chambrée. Il déboule, enfin il déboule lentement hein, faut pas pousser non plus, dans la cuisine, le cheveu rebelle et la voix enrayée (le portrait craché de sa mère, ce petit) et s’installera tranquillement à table, repoussant votre persil ciselé et les pelures de patates pour poser son kilo de pâte à tartiner. Non, il ne peut pas attendre le repas. Il a faim. Maintenant. Et il engloutit les trois quarts du pain tout frais du jour que vous avez ramené du marché, ce matin de bonne heure.

Un déjeuner

• chez le bambin :
Levé depuis de longues heures, votre bambin a multiplié les activités ce matin et a donc très faim.

D’ailleurs dès 10 h, il vous demandera régulièrement : « C’est quand qu’on mange ? » « On mange quoi ? ».

Et même si vous avez réussi à prolonger un peu votre nuit en le calant devant un DVD de la Reine congelée, il aura eu le temps de construire une cabane avec le canapé, customiser le sioupère-urgent-rapport-que-Boss-réclame-depuis-une-semaine, fraîchement imprimé hier soir (fallait pas le laisser traîner) et réclamer dix fois d’aller faire du trampoline.

Il est enfin l’heure de se mettre à table.

Après avoir rechigné à grignoter une feuille de salade (j’aime pas l’herbe) (salade qu’il aura consenti à avaler uniquement grâce à la puissance de votre chantage persuasion : une feuille de laitue = une frite), votre bambin engloutit, entre deux diarrhées verbales, une tranchette de viande et une poignée de frites. Tout ce qu’il attend, c’est le dessert. Un yaourt parfum fraise, ou peut-être même deux, suivis d’une part de tarte au sucre, suffiront à son bonheur.

• chez l’ado :
Après avoir liquidé son kilo de NutNut et 3 baguettes, l’ado a disparu dans les profondeurs de son antre, sans un mot. Seuls témoins de son passage, les reliefs de son repas sur la table. L’ado ne range pas. Non. Il dispose.
Vous l’exhortez à vous rejoindre à table « pour une fois qu’on peut prendre un repas en famille !! »  mais l’ado ne réagit déjà plus, sans doute enfoncé sous sa couette pour une sieste digestive.

Mais, plus tard, alors que vous vous affairez à des activités saines et récréatives (non, pas une sieste crapuleuse, vous avez des enfants, je vous le rappelle ! Avoir une vie intime en journée fait partie d’un passé révolu!) pour occuper sainement votre jour de congé (ouais, bon ok, vous êtes affalé sur le canapé, comatant devant la millième rediffusion d’un épisode d’Arabesque)(vous avez remarqué que j’aime beaucoup les parenthèses ?), l’ado émerge de sa chambre, toujours aussi énergique et souriant, pour se diriger d’un pas lourd et traînant vers les placards à provisions.

Vous l’entendez farfouiller quelques instants puis c’est le silence.

Inquiet, peut-être a-t-il été assommé par une boite de conserve ou agressé par une botte de poireaux, vous vous dirigez vers le lieu du crime.

Et là, vous restez abasourdi devant le spectacle qui s’offre à vous : l’ado, tranquillement assis devant le frigo grand ouvert, engouffre voracement tout un amas de nourriture, posé sur ses genoux. Des gâteaux du petit dernier aux saucisson de son père, tout y passe, subissant tous le même chemin : la main de votre enfant s’en saisit (ses yeux sont fixés sur son smartphone et ne s’en lèveront pas), se dirige vers une étagère du frigo (qui est béant, pour rappel), et trempe généreusement sa trouvaille dans un pot de mayonnaise déjà bien attaqué avant que votre ado n’absorbe ce mets si délicatement préparé.

Le cœur au bord des lèvres, vous intervenez et décollez votre rejeton du carrelage (qui est maintenant aussi luisant que la peau acnéique de votre ado) manu militari.
L’ado grommelle « mais j’ai faim, moi », ce à quoi vous rétorquez qu’il n’avait qu’à manger à table, à des horaires décents, comme tout le monde !

S’ensuit alors une discussion houleuse sur ce qu’il pense de vos repas et de sa famille. Discussion qui se termine très vite (trop vite à votre goût, vous bouillonnez), vu que l’ado s’est rapidement dirigé vers son antre pour s’y enfermer, sans manquer, bien évidemment, de claquer sa porte à en faire trembler le portrait de Mémé Paulette accroché au mur du couloir.

Il ne vous reste plus qu’à ranger tout ce bazar….

Vous ai-je souhaité bon courage ? Hé hé…

La suite au prochain épisode !

Et pour ceux qui auront eu le courage de lire ce billet jusqu’au bout (merci!!), un petit bonus en lien avec ma référence : cliquez ici !

Ce que je suis

monjour

Dans quelques jours, par le hasard d’un calendrier blagueur, il paraît qu’une année de plus va se rajouter à mon compteur déjà bien avancé [comme dirait Monsieur Mon Mari, toujours si diplomate, c’est même plus de l’occasion, à ce niveau-là].

Cette journée consacrée, je la vis mal, très mal. Entre ma gêne face aux douces attentions de mes proches, entre le regret de voir ma jeunesse disparaître dans le rétroviseur de ma vie (quelle poète, je m’épate !), entre l’envie d’être fêtée et ma timidité maladive, habituellement, je vis ce jour de gr(asse)âce comme une épreuve et un cauchemar.

Mais, je me surprends cette année à ne rien ressentir. Bien sûr, il n’est pas très plaisant de penser que je ne rajeunis pas. Surtout quand je vois mes aînées approcher de leur début de vie d’adulte et qu’il me semble que c’était hier, pour moi, ces premiers pas vers l’autonomie. Bien sûr, le miroir me rappelle chaque jour que la vie fait son oeuvre et me conduit doucement vers la fin de mon périple.

Non, je ne ressens rien. Pas d’angoisse, aucune peur. Même, il me prend l’envie de fêter mon jour de naissance comme il se doit, entourée de mes proches et d’amis. Ce que je ferai, dans la joie et l’amour, dimanche prochain.

Et surtout, la grande différence cette année est que, profondément, intensément, je sais qui je suis. Je me connais enfin. Je me suis apprivoisée, je sais m’aimer (un peu), m’écouter (beaucoup), me pardonner (toujours).

Je sais qui je suis, je connais mes forces et mes faiblesses, je n’ai plus peur d’être Moi, entière et fragile, coriace et sensible.

Je suis enfin capable d’affirmer mes choix, mes désirs. Je suis assez forte maintenant pour contredire le monde entier si cela ne me convient pas. Capable de me détourner des belles paroles des autres si elles me font du mal. Je suis une adulte. Bien dans mes baskets, presque à l’aise dans mes bourrelets, totalement accomplie dans mes choix de vie.

Je suis comme je suis et n’y changerai rien.

J’ai toujours près de moi, dans le recueil de poèmes de mon adolescence, ce texte de Prévert, qui me parle tellement.

Je suis comme je suis

Je suis comme je suis

Je suis faite comme ça

Quand j’ai envie de rire

Oui je ris aux éclats

J’aime celui qui m’aime

Est-ce ma faute à moi

Si ce n’est pas le même

Que j’aime à chaque fois

Je suis comme je suis

Je suis faite comme ça

Que voulez-vous de plus

Que voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaire

Et n’y puis rien changer

Mes talons sont trop hauts

Ma taille trop cambrée

Mes seins beaucoup trop durs

Et mes yeux trop cernés

Et puis après

Qu’est-ce que ça peut vous faire

Je suis comme je suis

Je plais à qui je plais

Qu’est-ce que ça peut vous faire

Ce qui m’est arrivé

Oui j’ai aimé quelqu’un

Oui quelqu’un m’a aimée

Comme les enfants qui s’aiment

Simplement savent aimer

Aimer aimer…

Pourquoi me questionner

Je suis là pour vous plaire

Et n’y puis rien changer.

Jacques Prévert – Paroles

Réveil.

jeune_arbreC’est le Printemps ! Enfin, nous quittons le solstice d’Hiver, cette période de latence et d’hibernation qui me lamine le corps et l’âme.

Enfin, je sais que petit à petit, le froid va s’éloigner, le soleil se faire plus présent et plus chaud et que la dépression va lentement laisser la place à l’énergie.

Depuis toujours, toutes les fibres de mon être réagissent fortement aux cycles de la nature et j’ai constaté, au fil des ans, à quel point je réagis au climat.

Chaque hiver, de novembre à mars, mon esprit se met en veille, en gris. Je me replie, je m’isole, je me traîne. Physiquement, je fais comme l’ours bougon qui s’empâte et comate. La moindre activité me demande une énergie que je n’ai plus, le moindre souci prend des ampleurs dramatiques.

Mais chaque année je me réveille. Dès les premiers signes du renouveau, mon âme se régénère. L’énergie revient, l’envie aussi.

Et aujourd’hui, enfin, j’ai rouvert la porte au bonheur. C’est écrit, noir sur blanc, sur tous les calendriers. Même si l’hiver n’est pas tout à fait terminé, laissant encore quelques signes de sa froidure, je sais que le meilleur est à venir. Les heures passées à flâner dehors, le chant ravissant des mésanges du jardin, les premières sorties de Madame Hérisson. Les balades le long du Rhône et ses berges fleurissantes, les premières bronzettes sur ma terrasse, les premiers picnic en famille.

Et autant hier, je me lamentais du retour de Mme la Poisse dans ma Hutte, autant aujourd’hui, les mêmes galères me semblent surmontables. Je sais que cela va aller. Nous allons nous en relever.

Mille projets fourmillent déjà dans mon esprit. Mon corps frémit et me supplie de le faire vivre.

Je suis une fille du Printemps. Née en ce beau mois de Mars, même la perspective de souffler mes 37 bougies bientôt n’arrivera pas à me plomber le moral.

Je suis une fille du Printemps. Je me suis réveillée.