Liberté, je crie ton nom !

J’ai toujours été une gentille petite fille, même si beaucoup ont pensé, ou pensent encore le contraire. Toujours obéir, se conformer à ce que l’on attendait de moi, rentrer dans le moule, surtout me faire oublier.

« Les règles ne sont pas faites pour être transgressées », une ritournelle ancrée si profondément en moi que j’ai pu parfois renier ma nature plutôt que de ne pas me plier aux sacro-saintes règles de la société.

En grandissant, j’ai heureusement appris à m’écouter, à faire confiance à mon jugement, et parfois la désobéissance a été la clé de mon épanouissement.

Je suis devenue mère assez tôt, selon les « normes ». Parcours atypique, avec un conjoint beaucoup plus jeune que moi, mineur de surcroît, naissances à répétition, mon dieu les cas sociaux !!

J’ai suivi à la lettre les recommandations du corps médical, de ma mère, des adultes de mon entourage, parce qu’eux « iels savaient », parce que je n’étais qu’une jeune femme conditionnée à me plier aux volontés des autres, même pour mes propres enfants.

Il m’aura fallu plus de 6 ans et bien 4 grossesses pour enfin accepter que MON opinion était la meilleure pour moi, pour mes petit.e.s, pour notre liberté.

Il m’en aura fallu de la souffrance et des remises en question, pour enfin tout envoyer balader et me fier à mon propre instinct. Cette petite voix qui depuis le premier jour me criait « STOP ! N’écoute pas, bouche tes oreilles !« 

Enfin, pour ma Championne, ma quatrième fille, j’ai rué dans les brancards et envoyé paître la société bien pensante. Allaitement, co-dodo, portage, éducation positive, non violence éducative, j’ai enfin suivi mon cœur et mon âme.

Et bien que je sois aujourd’hui sûre de moi, convaincue des bienfaits du mode d’éducation que j’apporte à mes enfants, il y a toujours quelqu’un.e pour critiquer, « conseiller », dire que « moi, de mon temps », « à ta place, moi ».

On m’a traitée de mère poule, de laxiste, de hippie, et bien d’autres termes encore. On a prédit que mes enfants me boufferaient toute crue, qu’iels seraient asociaux et tellement plus.

Seulement, « on » n’avait pas prédit, qu’en fait, tout irait pour le mieux. Que mes enfants grandiraient dans la confiance, le respect, l’amour et la tolérance. Qu’iels seraient mes égaux, oui, des individu.e.s à part entière, avec une totale liberté d’expression, dans la joie comme dans la colère.

« On » n’aime pas entendre mes enfants jurer, chanter à tue-tête, me contredire, s’insurger, claquer les portes, courir, sauter, vivre en fait ?

Tout simplement, « on » n’aime pas que nous ne rentrions pas dans cette petite case que la société nous impose.

Non, mes enfants ne rentreront pas dans vos cases !
Iels sont libres, iels sont uniques, iels sont parfait.e.s dans leurs imperfections.

Non mon fils n’est pas un « attardé » ni un « pervers » parce que je l’ai allaité jusqu’à 3 ans, porté dans mon dos jusqu’à 5 ans, ni un « homo » parce qu’il a joué à faire téter son poupon. Et quand bien même !!
Il a 9 ans bientôt, est tout à fait sevré, n’a même plus aucun souvenir de notre allaitement. C’est un garçonnet qui a une passion dévorante pour les reptiles, les dinos, les engins de chantier et le foot. Tout le contraire de ce que moi, mère possessive et abusive, lui ai apporté. Il sait qui il est, agit comme il le souhaite, toujours.

Et plus encore, je vois comme « on » est intolérant avec ma Championne, ma Tomboy, ma racaille de la campagne.
Non, ma fille ne va pas un jour « être plus féminine, quand même ! ». Oui, elle adore le rap, à outrance et jusqu’à plus soif, volume à fond. Oui elle s’habille exclusivement avec des survêt’, des baggy et des tenues de foot. Oui elle a les cheveux rasés, la démarche à la racaille, un langage de charretier et un ballon aux pieds.
Peut-être qu’un jour ses passions évolueront, peut-être qu’un jour son style changera. Mais certainement pas parce que « on » lui impose.

Nous sommes en 2017, il paraît que nous autres, humains, sommes une espèce « évoluée ».

Et bien quand je regarde et écoute les réactions sexistes, rétrogrades et complètement stupides qu’ « on » distribue à foison sur ma fille, j’ai juste envie de hurler à la face du monde, à quel point ça peut faire mal d’entendre tout ça et à quel point l’Homme n’est qu’un monstre d’intolérance et de jugement.

Oui Championne est un « garçon manqué », si ça vous fait plaisir de la cataloguer, de lui faire porter une étiquette dont elle n’a cure. Mon dieu, oui elle est certainement homosexuelle, en tout cas, pour l’instant son attirance va vers le genre féminin.

Comme dirait Shy’m, « et alors ?!! » qu’est-ce que ça peut vous faire ? Championne n’a jamais été aussi épanouie que depuis que j’ai cessé de lui imposer mes goûts, mes attentes, mon envie d’avoir une petite fille à couettes.

Vous n’imaginez pas à quel point cela me blesse quand vous égrenez vos petites remarques bien pensantes. Vous ne savez pas à quel point la lionne en moi se retient de balayer vos réflexions d’un coup de griffe.

Et dans le lot de ma tribu, aucun.e ne rentrera jamais dans vos petites cases étriquées et risibles.

Chacun.e a conscience de son identité personnelle et unique, sait le respect qui lui est dû.

Que ce soit ma Prems, adulte selon la loi, mais pas du tout prête à l’être et qui compte bien profiter longtemps du réconfort du nid familial.
Que ce soit ma Deuz, emo, rebelle et king size, qui refuse de rentrer dans votre moule désuet de l’apparence bien conforme aux magazines de mode.
Que ce soit ma Perle, qui passe pour une extra-terrestre à refuser de communiquer comme tout le monde, qui refuse d’exhiber son corps parfait.
Que ce soit moi, qui n’entre pas non plus dans votre petite case, en préférant me « sacrifier » pour mes enfants. Non, il faut « prendre du temps pour toi », « et toi, faut pas t’oublier »… Qui a décidé que profiter pleinement de mes enfants était me sacrifier, m’oublier. Est-ce qu’être une individue épanouie et comblée passe obligatoirement par l’apparence physique, le nombre de rendez-vous chez le coiffeur, ou la « réussite » professionnelle ?

En ces temps de prise de conscience quant à la condition féminine, je répète jour après jour à mes enfants à quel point leur corps, leur apparence, leurs aspirations amoureuses, sexuelles, professionnelles leur sont personnelles et incontestables.

Personne ne dira jamais à mes enfants ce qu’iels doivent être, ce qu’iels doivent faire.

Personne ne les obligera à annihiler leur individualité pour être un mouton de la masse, non merci !

Alors, la prochaine fois que vous voudrez demander à mes enfants de « se tenir bien comme il faut », la prochaine fois que notre façon de vivre vous dérange, vous choque ou je ne sais quoi, mordez-vous la langue, bien fort, jusqu’au sang, avant que ce ne soit moi qui vous la morde.

A bon entendeur, ….

 

 

Un jour d’été (ou comment l’histoire a commencé)

Elle était née au petit matin d’un jour d’été, bien après l’heure, comme avant elle ses deux grandes sœurs.

Elle avait pris son temps, au creux de moi, déjà elle montrait cette façon d’être si particulière, tellement calme et discrète.

Sa naissance fut pourtant tout le contraire, violente et rapide, entre un ascenseur et une table d’accouchement encore embarrassée d’une naissance précédente.

Mais cette violence venait certainement de mon corps, de Dame Nature, enfin décidée à aider ma douce à voir le jour, car à peine née, toujours fripée, Perle restait calme et silencieuse, très vite souriante et charmante.

Et pourtant, dieu que je l’avais trouvée laide, ces premiers jours, rose vif, trop grande, trop grosse. Mon corps et mon cœur malmenés par une fin de grossesse épuisante, je l’observais, la scrutais, de ses cheveux blonds aux plis de son corps potelé, pour tenter de l’apprivoiser, de me l’approprier.

Je n’imaginais pas à cet instant l’osmose et la complicité qui allaient nous lier, moi, mère débordée et celle que j’allais très vite appelée mon Doux, mon Tendre, mon Incroyable Amour.

Entourée de grandes sœurs volubiles, Perle se faisait souvent oublier, toujours immobile et sereine, déjà elle se créait une bulle rien qu’à elle, d’où elle observait ce drôle de monde, elle regardait vivre sans trop s’en mêler, de loin, sans bruit.

Et toujours, elle portait ce sourire merveilleux, qui partait de sa bouche perlée pour éclater dans ses grands yeux bleu océan.

Gravé au fond de mon âme, je garderai le souvenir de ses étreintes matinales, quand enfin sa sœur aînée avait pris le chemin de l’école et que je venais la lever. Chaque matin, sans faillir, elle m’attendait, sûrement réveillée depuis longtemps, souriante et paisible. Et chaque matin, elle me tendait les bras, se nichait au creux de mon cou, et me serrait fort, fort de ses petits bras blonds.

Oh mon Amour ! Je ressens encore aujourd’hui ton étreinte tendre, l’amour perle au bord de mes yeux et mon cœur chavire encore, tant d’années après.

Qui aurait pu deviner, en ces temps bénis, que ma douce petite fille allait subir le pire, et tellement détester ce monde …

L’Équinoxe d’Automne, ou Mabon

C’est aujourd’hui que l’Automne s’installe. Elle va parer nos arbres d’or et de rouille, laisser traîner son voile de brume sur les murets de pierre et instiller dans le fond de l’air des effluves d’humus.

Alors qu’habituellement, je me morfonds de voir les jours raccourcir et le froid s’installer, j’ai décidé cette année de mettre à profit cet équinoxe pour découvrir avec Perle comment est célébré ce jour si particulier.

Nous nous sommes intéressées en premier lieu à l’explication étymologique et scientifique du terme équinoxe :

Le terme « équinoxe » vient du latin æquinoctium, qui lie æequs (égal) à nox (nuit), et désigne le moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit.
Pour l’équinoxe de septembre, cela se produit le 20 et le 23 du mois selon les années (l’été de l’hémisphère nord est plus long que celui de l’hémisphère austral).
Pour les habitants de l’hémisphère nord, cette date marque le début de l’automne. Les jours continuent de diminuer jusqu’au solstice d’hiver, le 21 décembre, date de la fin de l’automne. En revanche, dans l’hémisphère sud, c’est le printemps qui arrive. La longueur des jours augmente jusqu’au solstice d’été, le 21 décembre.
Vu du Soleil, lors des deux équinoxes, la Planète bleue apparaît éclairée de façon égale dans ses deux hémisphères.


Ensuite, nous avons cherché du côté des traditions, des légendes et des célébrations. Perle a été attirée plus particulièrement par les fêtes celtes, et les rituels que déroulaient les druides

Nous avons donc appris que l’équinoxe se traduit par Mabon, en celte. Les celtes célébraient ce jour en dressant un autel pour remercier la Nature de ses récoltes généreuses. Composé des meilleurs fruits, légumes et fleurs cueillis en ce jour, ils se rassemblaient soit autour d’un feu rappelant la vigueur de la Vie, soit plus tard, autour de l’âtre de la cheminée, contant légendes et récits anciens, tout en partageant des gourmandises et des boissons.

Pour la dimension païenne, nous avons lu que les druides avaient un rituel particulier pour chaque fête. Le principe est apparemment toujours le même, ils incantaient en formant un cercle sacré autour d’un feu.

Mabon, fête de l’équilibre, était le symbole de la Paix et du remerciement.

La notion de cercle est très importante, il représente le cycle du temps, l’éternité, il est la terre aussi, le cercle est sacré. L’entrée dans le cercle se fait en général par l’ouest.

Le Druide remercie l’esprit du lieu, puis l’appel à la paix : le cercle ne peut être ouvert que si la paix règne aux quatre directions. Le cercle est alors ouvert, et l’on procède à l’appel des quatre directions et quatre éléments :

L’EST symbolise L’AIR – LE SUD symbolise LE FEU

L’OUEST symbolise L’EAU – LE NORD symbolise LA TERRE

Ce remerciement se fait sous forme d’offrandes au cours du rituel. Offrandes à la Déesse et partage des derniers fruits de l’année entre les participants.


Après toutes ces recherches, il était temps pour Perle de passer à l’action. Nous avons décidé d’assembler l’esprit celtique à la création, en réalisant un Land Art célébrant l’Automne.

(Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, eau, rocher, etc.)

Après avoir ramassé, cueilli et glané, nous nous sommes attelées à la fabrication de notre Cercle Magique.

Qu’en pensez-vous ?

 

 

 

 

L’art délicat de l’unschooling à temps partiel

Si j’avais suivi mes inspirations profondes, et non les diktats et pressions de la société (tout le monde fait comme ça, on suit le mouvement, point barre), j’aurais choisi de pratiquer l’unschooling* pour toute ma tribu.

Les années passant, j’ai constaté comment la scolarisation en établissement peut annihiler l’enthousiasme, la création et les apprentissages spontanés de l’enfant. Mes différentes expériences – professionnelles et personnelles, ont éclairé et enrichi ma réflexion éducative et j’assiste, souvent frustrée, au cloisonnement de la personnalité de nos enfants.

Bon, mes enfants scolarisés sont, la plupart du temps, heureux et épanouis dans leurs établissements respectifs, et j’en mesure les bienfaits (entre deux récriminations contre ce système étriqué et restrictif ahem). Je ne parle pas là de bienfaits au niveau des acquisitions dites « scolaires » mais plutôt au niveau des échanges sociaux, de l’apprentissage de la communication entre pairs, bien qu’évidemment tout ceci se rencontre aisément dans notre vie au quotidien.

Mais voilà, notre vie s’est ainsi mise en place, et on s’en satisfait pas trop mal.

Sauf pour Perle. Ma douce, ma tendre aura toujours bataillé pour s’insérer dans la petite case sociétale qui lui est dévolue, sans jamais y parvenir.

Au sein de la fratrie déjà, quant elle se faisait oublier au lieu de prendre sa place. Discrète, silencieuse et observatrice, il lui aura fallu presque 14 ans pour parvenir à communiquer « d’égale à égale » avec ses sœurs, même si cela reste fragile, et que bien souvent, elle s’efface. Avec son frère, cela a été totalement différent, du fait de sa présence régulière à la maison, Perle et Fiston ont un lien fusionnel et quasi gémellaire.

Au sein de l’école, très vite, quand les professionnels l’ont forcée à rentrer dans le moule, l’ont critiquée, brimée, blessée.

Et de ce fait, au sein de la société, que Perle a pris en horreur, terrifiée par les adultes, puis les adolescents, jusqu’aux petits enfants qui la mettent mal à l’aise et en situation d’angoisse.

Et c’est ainsi que nous avons été broyés par les rouages de ce système, confrontés à la pression des professionnels pour la « soigner », errant d’instances en instances, de prises en charge médicales aux suivis pédo-psychiatriques.

Et que nous avons piétiné l’enthousiasme et la liberté d’être de notre fille. Réduite à une étiquette, imposante et tenace, d’enfant « à problèmes », « inadaptée », « handicapée ».

Je ne culpabilise pas (bon, un peu, mais j’y travaille), car nous avons toujours agi « pour elle », « dans son intérêt ».

Je sais maintenant que nous aurions dû freiner des quatre fers. Que nous aurions dû tout simplement proposer à notre enfant un environnement sain et adapté à son évolution. Que ce soit l’unschooling, les structures de pédagogies Montessori, Freinet ou que sais-je encore, des alternatives au système scolaire classique étaient possibles.

Mais on ne peut malheureusement pas effacer toutes ces années d’errance et nous devons continuer à avancer, à l’accompagner dans son cheminement.

Et aujourd’hui, ce qu’il lui faut, c’est prendre son temps. Observer, réfléchir, expérimenter tout ce qui lui fait envie, lui correspond, l’intéresse, la questionne. Que ce soit apprendre la fabrication d’un fromage de chèvre (merci Nathalie !), la construction d’une cabane, la pratique du football féminin, l’élevage caprin, et tellement d’autres domaines.
Vient alors l’art délicat de concilier ses besoins à notre rythme de vie, cadré par des horaires d’école, de travail, d’activités périscolaires, de trajets stage/école/job d’étudiants liés à la scolarisation de nos autres enfants.

En effet, ce n’est pas évident d’accompagner Perle dans ses découvertes, quand il faut sans cesse tout laisser en plan pour aller récupérer Fiston, le faire manger, repartir, et ainsi de suite pour lui et les autres. Ce n’est pas compatible avec par exemple, une expédition en forêt, la visite d’un musée (tout est à au moins 30 km d’ici), ou la mise en place d’une activité type lapbook ou autre recherche….

Et me voici frustrée, coincée, entre l’envie de suivre les aspirations de Perle, et mes multiples obligations de mère auprès de mes autres enfants.

Alors aujourd’hui, on pratique l’unschooling à temps partiel, en attendant mieux.

NDLR : sinon au moment où j’allais publier ce billet, Perle s’est entaillée sérieusement l’index (en préparant le gratin dauphinois pour le repas) et part en urgence à l’hôpital avec son Papa. 

NDLR2 : bilan de l’accident : Perle a donc interdiction de bouger la main jusqu’à la cicatrisation. Elle est ravie d’échapper ainsi aux activités formelles (dictées, exos divers), mais très déçue car cette immobilisation la prive également de football… A suivre.

 

*unschooling : c’est instruire nos enfants de façon non dirigée, suivant leurs évolutions, aspirations, choix d’apprentissage. Ici, je mixte entre les programmes officiels correspondant aux besoins de Perle (enseignement technique agricole),  des supports formels (pour les notions indispensables comme les bases opératoires, l’orthographe etc), et les découvertes au quotidien suivant sa demande (jardinage, visites de lieu, découverte d’exploitation agricole, cuisine, couture et tellement d’autres choses)

 

IEF, nous revoilà !

Le couperet est tombé. Perle ne sera pas scolarisée en établissement cette année. En effet, les troubles engendrés par sa phobie scolaire sont trop importants et ont trop mis à mal l’équipe éducative qui l’avait prise en charge l’an passé. Je profite d’ailleurs de ce billet pour les remercier mille fois de leur investissement, de leur bienveillance et de leur soutien de tous les instants.

Nous reprenons donc l’IEF (Instruction En Famille) pour cette dernière année de scolarité obligatoire. Perle a 15 ans passés, elle devrait « normalement » suivre le programme de 3ème.

Pour rappel, j’ai assuré la scolarité de Perle pour son CP, sa 6ème et sa 5ème.

Seulement aujourd’hui, je ne vais pas enseigner à une petite fille, mais une jeune adolescente en passe d’intégrer le monde du travail.

Il me faut donc revoir ma façon de lui enseigner, mettre à jour mes connaissances, mes ressources, fouiner, chercher, bricoler, créer, bref mettre en place un nouveau programme d’apprentissage collant aux vœux de ma fille.

Comme je l’ai déjà évoqué, Perle souhaite évoluer vers un emploi agricole, si possible en chèvrerie et/ou ferme pédagogique.

Dans l’idéal elle désirait étudier jusqu’à l’obtention d’un CAP.

C’est donc ce que nous allons étudier les prochains mois. En me basant sur le référentiel CAP Agricole, ainsi que sur le référentiel du socle commun, je vais l’accompagner dans sa démarche.

Alors on laisse tomber les fastidieux cours d’Histoire-Géo, les maths abstraites, ou bien encore la physique, pour nous concentrer sur des apprentissages concrets et directement liés à la vie active : comprendre et maîtriser un budget (familial et pro), maîtriser les bases de la comptabilité, savoir décrypter des documents de la vie quotidienne (factures, relevés, moyens de paiement, bons de commande, fournisseurs etc).

Une partie importante du programme sera bien sûr consacrée à la culture générale, mais sans formalités. Au gré de nos travaux, Perle révisera et consolidera ses acquis en géopolitique, en économie, en éducation civique, en notions essentielles de maths (pourcentages, statistiques, maîtrise des 4 opérations …)

Et bien sûr, tout  sera prétexte à la production d’écrit, à l’analyse et l’interprétation de documents divers, à l’utilisation des outils numériques etc….

De plus, Perle a décidé la semaine dernière d’apprendre les bases de la langue japonaise. Cette activité nous permettra de découvrir une nouvelle culture, nous intéresser aux traditions nippones, à leur gastronomie ainsi qu’à tant d’autres choses !

Défi supplémentaire, pour cette année, le papa de Perle va lui aussi participer à son instruction. Il faut donc que j’établisse un programme clair, avec un système de suivi qui me permette de partir travailler sans stresser (bon, ça faut pas rêver hein, c’est dans ma nature !). Monsieur Mon Mari n’étant pas très au fait de l’actualité scolaire, je vais devoir d’abord lui partager mes trucs et astuces pédagogiques avant de lui présenter la masse d’informations qu’il devra proposer à notre fille.

Si cela intéresse certains d’entre vous, je publierai régulièrement nos avancées, nos doutes, nos difficultés et nos joies dans cette aventure qui débute maintenant !

D’ailleurs, une des grosses difficultés de Perle est la mémorisation des tables de multiplication. Et l’utilisation de la calculatrice à l’école n’a en rien aidé.

Aussi première astuce mise en place aujourd’hui : le jeu de l’oie des multiplications. Je l’ai trouvé sur le blog d’Aliaslili, au gré de mes recherches internet. Merci à elle !

 2-jeux-de-l-oie-les-tables-de-MULTIPLICATION-ALIASLILI

Au-delà des enseignements théoriques, nous allons surtout nous attacher à découvrir l’univers professionnel, en multipliant les visites d’exploitations agricoles, en gardant un lien fort avec les anciens maîtres de stage de Perle, avec lesquels nous avons lié une sincère amitié.

De plus, il nous faut trouver les autorisations pour que Perle puisse effectuer des stages, car rien de tel pour découvrir un métier que d’aller y mettre les mains !

Perle continue cette année la pratique du Football, elle est désormais en catégorie U18, et attaque dès la semaine prochaine les matches de Championnat de l’Isère.

Comme dirait l’autre, y a plus qu’à !

Le rôle de ma vie

Je suis une maman poule, à n’en point douter, quand tous les soirs, se glissent sous ma couette, avec leurs pieds froids et leurs piaillements bavards, un, deux ou trois petits poussins blonds.

Je suis une maman poule quand je le porte hors de son lit, enveloppé dans sa couette. Quand je lui prépare ses tartines, quand je l’habille, le chausse, le cajole toujours plus.

Mais je suis aussi une maman débordée, quand elles me répètent dix fois une information, et que pourtant je ne la retiens toujours pas.

Je suis une maman débordée, quand je ne sais plus qui je dois transporter où, quand je mélange les emplois du temps et les professeurs.

Mais je suis aussi une maman complice, quand je souris toujours à leurs blagues potaches, quand on partage secrètement une tablette de chocolat, planquées sous ma couette, parce que  » Mam’s, elle dit toujours oui ! »

Je suis une maman psy, quand elles me disent : « Je peux te parler ? », quand les copains/copines se confient également, quand j’essaie d’aplanir leurs difficultés, quand j’explique, conseille, écoute … toujours.

Je suis une maman fatiguée, quand je dois encore me battre contre eux et non plus avec eux. Quand je dois « faire de l’autorité ». Quand je hausse le ton, quand je dis non. Quand ils me font pleurer.

Mais je suis aussi une maman copine, quand on échange nos potins, quand on chante à tue-tête, quand on fait une partie de chatouilles.

Je suis souvent une maman ourse, quand je montre les dents pour les défendre, à tort ou à raison. Toujours eux en premier.

En bref, je suis une maman quoi.

Mais une maman qui crève de fierté quand je les regarde grandir, quand je nous vois si complices et si proches.

Bref, je ne m’étais pas trompée. Être maman est le rôle de ma vie.

 

 

Quand la Tribu fait sa rentrée

source : Huffington Post

Par quoi commencer ? Depuis mai dernier, j’en aurais des choses à raconter, drôles ou moins drôles. Des anecdotes de notre quotidien à 7, des réflexions profondes d’une toute nouvelle quadra, des idées à partager, des conseils à chercher….

Je ne sais plus trop quelle ligne je dois suivre. Continuer mon pêle-mêle de billets au gré de l’inspiration ou bien décider d’un fil conducteur plus précis ?

Je ne sais pas s’il reste quelques lecteurs derrière cet écran, si quelqu’un s’intéresse encore aux tribulations de notre famille, mais si jamais ce billet trouve un auditoire, je veux bien votre avis

En attendant, je ne vais pas me soustraire à cette tradition qu’est le billet de rentrée !

En rangée bien alignée, voici quelques nouvelles de la Tribu :

Ma Prems, 19 ans dans moins d’une semaine, a décroché haut la main son Bac Pro Services à la Personne en juillet dernier ! Mon cœur de maman éclate de fierté, ma toute petite est bachelière !

Pas très sûre encore de son orientation, elle a choisi de suivre nos conseils et a repris le chemin de son école ce matin, pour une formation CAP Petite Enfance qui lui permettra au minima de décrocher un poste en crèche, ce que ne lui permettait pas son BAC. En pleine réflexion sur son avenir, elle a pour le moment comme objectif l’obtention de son permis de conduire. Et pour le financer, ma Bella Bionda a décroché un job d’étudiant dans un célèbre fast-food. Les mois à venir vont donc être bien remplis pour ma blonde, entre études, stages pro et travail le week-end.

Ma Deuz, bientôt 18 ans, a décroché avec des notes fort honorables son Bac de Français et a terminé son année de Première avec les félicitations de l’établissement ! Après deux ans de travail acharné, à lutter contre du harcèlement scolaire, des coups de blues et des moments d’abattement, ma ReBelle a triomphé et prouvé à tous ses grandes capacités.

Elle a repris le chemin du lycée ce matin, pour sa dernière année. Elle a en tête d’intégrer ensuite une école supérieure de Management dans la restauration. Pour ce faire, elle a déjà effectué des stages en milieu pro, sur son temps de vacances. Mais avant ça, elle se donne un an de réflexion et de maturation après le Bac, et souhaite s’engager auprès du Bureau Gouvernemental dans une mission de Service Civique.

Mum is so proud again !

Perle, 15 ans tous frais, a terminé son année de 4ème tant bien que mal. Sa re-scolarisation aura été compliquée et difficile jusqu’aux derniers jours. Entre crises d’angoisses, mutisme et bonne volonté, sa phobie scolaire aura mis à mal toute l’équipe pédagogique.

Malgré cela, elle a pu s’épanouir lors de son stage pro, découvrir le métier de chevrière, a apprendre le processus de fabrication des fromages (que nous avons dégusté semaine après semaine, miam !), et aspire à s’accomplir dans cet environnement au quotidien. Pour cela, elle envisage d’intégrer un CAP agricole, voir (si son niveau scolaire, encore trop fragile actuellement, le permet) un BAC Pro Agricole.

Mais, alors qu’elle préparait soigneusement son cartable, un peu angoissée mais impatiente de reprendre les cours, nous apprenons que l’école ne souhaite pas forcément son retour, craignant de nouveaux conflits. Craintes tout à fait recevables, mais grosse déception pour nous. Que va-telle devenir si elle ne peut poursuivre en 3ème ? Les scenarii catastrophes se bousculent sous mon front, à l’idée de devoir reprendre l’IEF, alors même que ma situation personnelle va connaître de grands changements.

Ma Championne, 13 ans, a traversé de sales moments au printemps dernier. Sans signe annonciateur, une grosse angoisse l’a submergée et ma puce n’a pu reprendre le chemin du collège depuis mars dernier. Nous avons multiplié les suivis psys, médicaux, pédagogiques, rencontré mitraille de spécialistes, alerté toute l’équipe du collège. Nous ne savons toujours pas ce qui a bien pu provoquer cette terreur soudaine.

J’ai donc assuré ses cours pour le dernier trimestre, tout en multipliant les appels à l’aide auprès des instances concernées. Notre choupette est suivie depuis par le CMP du secteur. Et après négociations, le collège a bien voulu l’inscrire pour cette année, en 4ème, en lui proposant même de désigner une camarade qui pourrait être intégrée à sa classe. Sa rentrée, c’est demain, et j’avoue que le stress nous tord le bide depuis quelques jours.

Quant à mon Fiston, mon tout petit, mon ange blond, qui a tellement grandi ces derniers mois, tout en fougue et en insolence, mais tellement câlin et fusionnel. Il est entré ce matin en CE2, le sourire un peu figé, les yeux un peu humides, mais l’air bravache et le pas décidé. Il mène son petit bonhomme de chemin, un peu perdu parfois. Le temps me manque souvent, l’énergie aussi, et la culpabilité me pince le cœur de le voir jouer seul, petit garçon de 8 ans au milieu de toutes ces jeunes femmes.

Et nous, Monsieur mon Mari et moi, devons tenir la barre de ce catamaran qu’est notre Tribu. Entre mer d’huile et vagues démontées, nous avons failli nous perdre, encore.

Mais encore, nous avons bataillé, serré les dents et resserré nos liens.
MMM entame un chemin bien difficile depuis quelques mois, dont je n’étalerai pas les tenants ici, mais je le soutiens dans ces choix bien ardus.

Et pour pallier aux difficultés que son cheminement implique, j’ai du revoir mes aspirations personnelles. Plutôt que d’entamer les démarches de V.A.E du diplôme d’A.P., j’ai du me mettre à la recherche d’un emploi « alimentaire » selon la formule consacrée. Si tout se déroule comme prévu, je devrais prendre mon nouveau poste, la semaine prochaine. Un boulot pas très épanouissant, de nuit, mais qui ramènera des pâtes dans les assiettes et de la sérénité dans nos têtes. Et qui sait, me connaissant, cela risque même de me plaire !

Ainsi donc le mois de Septembre commence comme celui de l’an dernier, et celui encore avant, dans l’incertitude, avec son lot d’angoisses. Mais je retiendrais aussi la sérénité de mes aînées, l’amour qui nous lie toujours plus fort dans la tempête, et soyez sûrs que notre barque continuera la traversée !

Et vous, racontez-moi votre rentrée !

Prenez soin de vous,

A bientôt !

 

Quand le monstre se réveille

Elle recommençait à se camoufler. Sa grosse veste portée en permanence, une carapace salie et usée. Je la surprenais de nouveau à courber les épaules, à fermer les yeux. Sa bouche témoignait de ses peurs, hachée, triturée et blessée par ses doigts tremblants et nerveux.

Son sourire se faisait moins vif, ses paroles moins nombreuses.

Le matin, à l’aube, alors que l’heure de la réveiller avait sonné depuis longtemps, j’hésitais, le coeur noué. Je le jouais à quitte ou double. Un sourire ou des larmes. Jackpot gagnant lorsqu’elle se préparait seule, sans que j’ai à la motiver dix fois. Echec et mat, lorsqu’à l’heure de sortir dans la gelée matinale, elle était encore enfouie sous sa couette, la mine renfrognée et le front soucieux.

L’angoisse avait repris le dessus.

angoisse

Le monstre tapi en son sein, bien qu’amadoué depuis quelques mois, n’en restait pas moins bien présent. Lourd et serrant d’une griffe de plomb la douce âme de mon enfant.

Alors, je reprenais mes litanies sans fin. Des encouragements et des câlins. Des caresses et des « cajolades ».

Parfois aussi, les larmes roulaient sur mes joues, sur mes mots, quand la fatigue et la peur étaient trop fortes.
Parfois même, les cris écorchaient ma gorge serrée, quand plus rien ne d’autre ne venait soulager notre peine.

J’étais démunie, j’étais une maman en carton.

Le monstre sortait de son sommeil pour bousculer ma Douce. Il crochetait, agrippait, retenait mon enfant, alors qu’elle était toute entière tournée vers un demain plus serein.

La fatigue physique venait amplifier la rage du Démon. Des jours et des jours à arpenter les chemins de terre, dans le froid et la bise. Des soirs et des week-ends, à courir et dribbler, sur le terrain vert.
Du plaisir pourtant, de la joie et de l’envie aussi.
Mais elle était bien fragile, quand même, ma fille.

Elle était si petite, malgré sa taille de géante.

Elle avait affronté et remporté déjà de nombreuses batailles contre ce monstre invisible.

Elle avait durci le front et serré les dents. Elle avait relevé la tête et bravé le vent.

Mais cette fois-ci, elle devait reculer.

Respirer. Expirer. Prier.

Presqu’à terre et sans souffle, nous allions nous relever, LA relever. La soutenir et la porter. Encore. Toujours.

Malgré la douleur qui grince dans mes os, et hurle dans mon cœur.

Malgré la peur qui broie nos âmes.

Elle va se relever. Bientôt.

Parce qu’elle a décidé de se battre. Parce qu’elle a décidé de GAGNER.

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« Adolescente et dé-scolarisée  » – épisode 1

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Depuis Janvier 2015, Perle est dé-scolarisée. A cause de ses troubles d’anxiété sociale, son passif de phobique scolaire et un environnement scolaire assez obtus (pour être polie), son passage au Collège n’aura été que bref et violent.

C’est perdus et désemparés que nous avons pris la décision de retirer notre enfant du système classique. Nous l’avions déjà expérimenté en 2009, lors de son CP, lorsque ses troubles ont pris trop d’ampleur pour lui permettre d’évoluer en classe.
Après une longue période d’errance, puis de soins, nous pensions que la guerre contre « ses soucis » comme elle les appelle, était – presque – gagnée et qu’enfin, Perle allait pouvoir retrouver un rythme normal de pré-ado « dans le moule ».

Malheureusement, cela n’a pas été le cas, malgré les efforts surhumains qu’elle a fournis.
De crise d’angoisse en attaque de panique, de convocation en conseil de discipline (avec les forces de l’ordre qui font bien peur), les défenses de Perle ont craqué, et pour la protéger, nous avons tout arrêté.

Bye-bye le collège, retour à la maison.

Comme son papa et moi travaillons, pour que notre fille ne reste pas seule toute la journée, nous avions trouvé une solution : qu’elle passe la semaine chez son grand-père (qu’elle adore) pour suivre tant bien que mal sa scolarité et qu’elle soit chouchoutée.
Hélas, Perle n’a pas supporté être loin de la maison plus de quelques jours et rapidement, on revenait à la case départ.

Dans le même temps, nous avons reçu une convocation des services de protection de l’enfance, nous informant qu’une information préoccupante leur avait été déposée par le Collège.
Pour négligences.
Un cataclysme d’émotions et d’angoisses a alors pris possession de mon cerveau, moi qui justement travaille dans une structure de protection de l’enfance. Moi qui ai rencontré des dizaines d’enfants retirés à leurs parents pour négligences, maltraitances. Moi qui me bas jour après jour auprès de ces familles.
Je me suis effondrée, déjà imaginant le pire. Placement, jugement, cauchemar …

Heureusement, les travailleurs sociaux chargés de notre « dossier » ont bien fait, et vite, leur travail. Au bout de quelques semaines, l’affaire était classée sans suite.

Après ce douloureux passage, nous pensions avoir trouver une solution pour que Perle soit scolarisée tout en bénéficiant d’un accompagnement psychologique fort. Sa thérapeute nous a en effet appris l’existence d’une clinique spécialisée dans ces troubles de la scolarité, particulièrement auprès des adolescents.
Un dossier est constitué cet été, mais nous sommes sans aucune nouvelle depuis…
Nous qui envisagions sa rentrée de septembre 2015 avec espoir, sommes de nouveau dans le désarroi le plus total.

Pressés par l’Education Nationale de rendre des comptes sur le devenir de notre enfant, sans solution, sans aide ni soutien des « structures compétentes », nous avons de nouveau pris la décision d’instruire notre fille en famille.
Et donc, pour cela, je dois me rendre disponible.
D’où ma décision d’arrêter de travailler (entre autres raisons).
D’où ma décision de m’investir vraiment dans ses apprentissages afin qu’elle n’accumule pas un retard trop important par rapport aux « petites cases exiguës » du programme officiel. Car oui, nous allons être contrôlés. Perle va être évaluée, avec obligation de résultats, de progression, sous peine d’un nouveau signalement auprès des services sociaux.

Mais Perle en a décidé autrement. Ma fille, qui me semblait totalement submergée par ses peurs et ses angoisses, a eu LE déclic. Est-ce l’entrée en 6ème de sa petite sœur ? Est-ce la semaine passée chez mon oncle, éleveur de vaches laitières ? Est-ce juste un cheminement personnel ?

Perle étouffe, Perle s’ennuie, Perle veut retourner à l’école !!!

C’est les larmes aux yeux et le cœur tressaillant de joie que j’ai recueilli sa demande il y a quelques jours …
Même si ce retour à une scolarité en établissement n’est pas envisageable tout de suite. Même si mille questions et autant de doutes se bousculent sous mon front.
Ma Perle a réagi.

Les mois qui arrivent vont donc être dédiés à sa future réintégration scolaire, tant au niveau apprentissages (car Perle a beau être précoce, son retard est phénoménal) qu’au niveau social, pour lui permettre de s’expérimenter dans des petits groupes, réapprendre les codes de communication avec l’Autre, trouver une structure qui lui convienne (pour l’instant on envisage une orientation en Maison Familiale Agricole, pour qu’elle puisse s’épanouir dans une formation dédiée aux animaux) .

Voilà donc un résumé brouillon des derniers mois, dans notre bataille pour Perle.

Aujourd’hui, j’aimerais trouver des pistes, lire des témoignages de parents d’adolescents instruits en famille. Parce qu’autant c’était un jeu d’enfant de l’instruire à 6 ans, autant cette année, c’est ardu et compliqué.

Alors je vais me servir de mon blog, comme tribune, comme journal de bord, pour vous raconter nos journées, nos découvertes. Pour vous appeler à l’aide aussi, quand on pataugera, quand on n’y arrivera pas. Pour vous partager aussi cette autre façon d’apprendre qu’est l’instruction en famille, bien différente qu’au collège.
Vous serez là, dites ??

(parce que des fois, c’est vraiment dur d’être une maman …)

Petits mots pour grand amour

J’ai tellement de choses à dire et puis en fait, pas tant que ça ….

Des petits bonheurs aux grosses galères, des doutes aux espérances, la vie déroule son fil entremêlé de nœuds comme partout, chez vous, chez eux …

Tous lotis à la même enseigne … alors pourquoi mériterais-je plus d’attention qu’un autre.

Mais parce que notre lien, entre vous mes lecteurs, et moi petite scribouillarde anonyme, est important et me manque, je reviens à petits pas, à petits mots, comme ceux que mes enfants me laissent lorsque j’enchaîne les jours de travail sans vraiment les voir, comme ceux que je leur écris, le matin, pour tenter de prendre soin d’eux, de loin, trop vite.

« Comme un grand »

Mon bébé, mon tout petit, mon Fiston. Qui s’est parfaitement adapté au rythme de l’école primaire, qui lit « comme un grand » tout ce qu’il peut trouver à déchiffrer. Qui ne semble pas perturbé d’être sans sa sœur, entrée au collège …

« Comme une ado »

Ma championne, entrée sans trembler dans la cour des grands, avec ses baskets et son survêt’, sans faillir devant ce nouveau monde. Épuisée d’enchaîner études et entraînements, mais motivée par ses bons résultats en cours comme sur le terrain. Ravie de découvrir l’univers des ados, qu’elle tente de nous faire partager, tout en insolence et en arrogance.

« Comme une exilée »

Ma Perle. Dans l’attente et dans l’errance, ma fille voit s’échapper sa vie sans pouvoir la rattraper. Exclue du fait de sa dé-scolarisation, de sa solitude jour après jour à la maison. Déconnectée, sans repère. Elle reste droite et souriante, aimante et adolescente, quand enfin, la Tribu rentre. Mais montre des signes d’étouffement, d’envie d’ailleurs, d’autre chose. Malheureusement, nous peinons à trouver une aide, une structure, un début d’avenir pour elle.

« Comme une douleur »

Ma Deuz, ma plus rebelle du tout. Un début d’année scolaire difficile, à tenter de s’intégrer dans un lycée bien grand, bien étouffant pour ma solitaire. Entre envies et fatigue, entre maladie et blessures, ma deuz souffre depuis quelques mois, corps et coeur. L’incertitude me ronge quant à son avenir.

« Comme une pro »

Ma Prems. Qui s’épanouit de jour en jour dans ses études, s’impliquant toujours plus dans ses apprentissages. Qui prouve aux professionnels qu’elle est faite pour ça.

Mais qui vit à fond ses 17 ans, pleine d’énergie incontrôlable, claquant les portes, râlant et maugréant. Qui passe du rire aux larmes, entre câlins serrés et bataille rangée.

 » Comme des vieux « 

Fatigués. Epuisés. Dépités. Monsieur Mon Mari et moi maintenons tant bien que mal notre embarcation familiale sur les flots mouvementés.

Sans trop se voir, avec nos horaires décalés. Sans trop se parler, avec nos rancoeurs mal placées et nos envies d’autre chose.

Unis, soudés quand même.

« Comme une envie d’ailleurs »

Parce que la vie va trop vite, parce qu’ils grandissent sans moi, parce que je ne peux plus, je ne veux plus, j’arrête. Après des mois à partir les larmes aux yeux, la boule au ventre, je rends les armes. Dans deux mois et quelques, je quitterai mon poste d’auxiliaire, pour démarrer une nouvelle aventure.

Une décision douce-amère, que j’ai prise sans hésiter. L’avenir est encore flou et incertain, s’annonce certainement plein de galères et de doutes mais je sais pourquoi. Pour qui, surtout. Pour eux, mes cinq petits et mon double.

Parce que j’ai décidé que ma vie, ce n’était pas la réussite sociale ou professionnelle. Ce n’est pas une course contre la montre, pour espérer grappiller une heure de bonheur par jour.

C’est prendre le temps de les voir grandir, c’est les accompagner, les soutenir, les chérir sans aucune mesure, sans pression.

Parce que j’ai compris, que le plus important c’est eux six, et uniquement eux. Dans la pauvreté peut-être, dans les galères certainement, mais dans l’amour et le partage, la complicité et le partage. Toujours. Unis.

Alors voilà où j’en suis.

Tournée vers l’avenir, le leur comme le mien. Tremblante de doutes, mais pleine d’espérances pour un futur plus doux.

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