Ecologie de l’éducation, à l’écoute d’André Stern.

Hier soir, j’ai eu l’immense plaisir d’assister à une Conférence d’André STERN.

Des semaines que j’attendais cette soirée.

andré stern

Cette conférence était organisée par une toute jeune et sympathique Association, Graines d’Enthousiasme.

graines enthousiasme logoGraines d’Enthousiasme est une Association du pays Voironnais (Isère) gérée par un Collégiale de parents « qui vise à permettre aux parents de se soutenir mutuellement à travers des rencontres et des activités régulières autour du maternage proximal (écoute du besoin du nouveau-né, du bambin, de l’enfant…), de la parentalité positive (communication bienveillante, écoute active) et de l’accompagnement de l’enthousiasme de l’enfant dans le respect de ses dispositions spontanées ».

Site internet

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J’ai fait la connaissance (toute virtuelle) d’André Stern, il y a quelques mois, en visionnant cet interview :

Je suis tombée amoureuse, totally in love de l’énergie, du rayonnement et de l’enthousiasme de cet homme. A la fin de la vidéo, j’avais les larmes aux yeux, le cœur serré et palpitant, partagée entre l’amertume et une joie indescriptible. Amertume de penser à mes enfants et leur enthousiasme brimé. A mon enfance, mon adolescence, ma vie entière où j’ai réfréné, dompté et mis sous bâillon mes élans d’enthousiasme. Et la joie, profonde, convaincue, de savoir que j’ai, que nous avons tous, la possibilité infinie de nous enthousiasmer, de découvrir, d’appréhender, d’aimer le monde qui nous entoure et de nous accomplir personnellement sans cesser une seule seconde de prendre du plaisir.

Tout d’abord, laissez-moi vous parler d’André Stern.

andré stern photo« Né en 1971, il grandit dans le respect de la disposition spontanée de l’humain, caractéristique du travail de son père, le chercheur et pédagogue Arno Stern.

Marié, père d’un petit garçon, André Stern est musicien, compositeur, luthier, auteur, conférencier et journaliste. Il a été nommé Directeur de l’Initiative « Des hommes pour demain » par le Prof. Dr. Gerald Hüther, chercheur en neurobiologie avancée. Il est initiateur du mouvement « écologie de l’éducation » et Directeur de l’Institut Arno Stern (Laboratoire d’observation et de préservation des dispositions spontanées de l’enfant).Il co-dirige également le Théâtre de la Tortue avec Giancarlo Ciarapica depuis 2004.

Il est l’un des protagonistes dans « Alphabet », le nouveau film du cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer (« We feed the world » et « Let’s make money »).
Son travail dans les médias, ses activités de conférencier dans les universités, auprès des professionnels de l’éducation et du grand public répondent à un intérêt croissant de la part de tous ceux qui, de près ou de loin, vivent et travaillent avec les enfants.

En bref, André Stern n’a jamais été à l’école. N’a jamais suivi d’enseignements « obligatoires », structurés, cadrés et mis en place par d’autres, sans que cela soit de sa propre initiative, de son envie propre et personnelle.

André Stern se définit simplement comme étant « un enfant tout à fait banal de 42 ans, qui n’a jamais cessé de jouer. »

En effet, d’après A. Stern, le tout petit enfant, dès sa conception (ou tout du moins dès qu’il possède une conscience) a des dispositions spontanées, qui, si on ne les réfrène ni ne les conditionne, lui permettent d’acquérir des apprentissages, d’évoluer, de se développer sans jamais cesser de jouer.

(Il est important de préciser que Mr Stern n’est absolument pas contre le système scolaire, contre l’école, ou pour la dé-scolarisation. Il relate simplement son expérience d’enfant, ses ressentis, son vécu.)

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Les dispositions spontanées primaires de l’Enfant

LE JEU

Observons un petit enfant. Que fait-il lorsqu’il est en paix ? Il joue. L’enfant joue sans discontinuer si on lui en laisse la possibilité (quelques soient les circonstances et l’environnement (humain et social : guerre, misère, luxe…)

L’ENTHOUSIASME

L’Enfant peut s’émerveiller et s’enthousiasmer à l’infini pour chaque chose qu’il a à sa portée.

Des études cliniques ont permis de calculer qu’un petit enfant a des élans d’enthousiasmes (que l’on remarque par scanner au niveau de l’activité cérébrale) environ toutes les 2 à 3 minutes.
Un adulte, lui, ressent cet élan d’enthousiasme environ 2 à 3 fois par an !!

Selon d’autres études cliniques réalisées par des neurobiologistes, le JEU et l’ENTHOUSIASME sont des dispositifs natifs (que l’on possède à la naissance) parfaits pour apprendre.

Et même, le développement cérébral est favorisé par l’enthousiasme : ce dernier est donc un engrais cérébral inné, infini.

Nous pouvons donc dire que cet enthousiasme est la seule ressource terrestre inépuisable, gratuite, et même renouvelable à volonté, car plus nous nous enthousiasmons, plus nous avons envie de revivre cette sensation de plaisir !

LA CURIOSITÉ

C’est là une prédisposition primordiale pour la croissance d’un enfant. En effet, la curiosité va le pousser à s’intéresser à un domaine, à l’appréhender, à ressentir de l’enthousiasme face à la masse de connaissances et aux compétences qu’il va développer.

Aussi, être curieux, jouer et ressentir de l’enthousiasme est le moyen le plus simple et le plus sûr d’acquérir connaissances et apprentissages.

D’ailleurs, nous tous pouvons en témoigner. Qui ne s’est pas passionné pour un sujet donné ? Une langue vivante, un sport ou toute autre activité ? Vous rappelez-vous une souffrance, une obligation à apprendre, à maîtriser cette activité ? Non, bien sûr, vous auriez même pu passer des heures entières à parfaire vos connaissances/compétences.

Comme mon Fiston, qui des jours durant, a lu, questionné, dessiné des camions de pompiers

jusqu’à connaître leur fonctionnement et leur descriptif par cœur.

Alors que, si vous réfléchissez à la façon dont vous avez appris quelque chose qui ne présentait aucun intérêt pour vous, n’éveillait aucune once de curiosité ni n’allumait aucune flamme d’enthousiasme,vous avez certainement ressenti un malaise, une obligation, un sentiment de contrainte et d’échec face à l’apprentissage difficile de ce domaine.

Comme ma Perle qui a subi brimades et humiliations dans son apprentissage de l’écriture.

Qui en a tellement souffert qu’elle n’a plus su écrire pendant plus d’un an.

Mais voilà, dans notre société au cadre rigide, où chacun doit se cantonner à une case bien précise, les adultes estiment de leur devoir d’imposer ces apprentissages aux enfants. Dans un ordre donné, selon des études, des réflexions de soi-disant experts de l’enfance (marcher à tel âge, dormir une nuit complète, connaître une quantité de mots définie à un âge défini, savoir compter, conjuguer, obéir etc etc….)

Mais forcer notre petit enthousiaste à rester sagement dans une seule case ne mène qu’à une chose : brimer et freiner son enthousiasme inné et effacer ses dispositions spontanées pour des apprentissages qui lui sont propres afin de lui imposer nos dispositions et nos attentes.

Un enfant, par son attachement intense à son référent primaire, choisira d’instinct de combler nos dispositions plutôt que les siennes.

Mais, me direz-vous, si l’environnement de l’enfant n’est pas disposé à favoriser l’éveil et la curiosité de l’enfant (milieu social, environnement culturel, circonstances familiales), il faut bien que quelqu’un ou quelque chose se charge de l’intéresser, de lui ouvrir les voies de l’apprentissage ? (crèche, écoles, facultés etc…)

Que nenni, que nenni.

Il n’y a pas de dispositions (milieu social, environnement, circonstances (disponibilité de l’adulte, etc…) favorables à l’évolution de l’enthousiasme, c’est l’inverse.
L’Enfant est instinctivement curieux et enthousiaste. Il n’a aucun préjugé, ni « a priori » : il va vers l’autre sans tenir compte de l’âge, de la race, de l’origine, du milieu social.
L’Enfant est sociable par excellence. Il va de lui-même se rapprocher, entrer en lien avec l’autre (quelqu’il soit) par intérêt commun, par partage (collectionner les bouchons comme Papi – bricoler une moto comme le voisin, jardiner comme Papa) et non pour trouver un miroir à lui-même.

Et là, vous vous interrogez : mais ? Et les enfants de son âge ? Comment peut-il les rencontrer s’il est « exclu » du système classique (école, collège etc..) ?
Pourquoi aurait-il absolument besoin de rester avec ses semblables ? Bien sûr, il sera enthousiaste de partager des jeux et des expériences avec un camarade du même âge. Mais il le serait tout autant avec quelqu’un de 50 ans plus âgé. C’est le partage et l’enthousiasme qui le motivent, et non la condition sociale
Cantonner l’enfant à rester avec ses pairs est le meilleur moyen d’annihiler son enthousiasme et ses dispositions spontanées.

Autre idée reçue : l’adulte doit imposer – par un cadre, des limites – une discipline pour apprendre l’autonomie à l’Enfant.

On me reproche d’accorder trop d’importance à mes enfants, de trop leur laisser de liberté.

Alors que ce n’est que du respect face à leurs dispositions spontanées, leur identité.

J’ai appris, énormément, intensément, grâce à eux. Avec enthousiasme et confiance.

Hors, plus l’attachement est fort et intense, prolongé, plus l’enfant acquiert de l’autonomie. Rassuré, confiant en ses référents d’attachement primaire et les sachant absolument fiables et constants (mère, père, autre adulte qui lui a prouvé son attachement et sa confiance dès la toute petite enfance), l’enfant n’aura pas peur d’évoluer en autonomie, de rencontrer des obstacles, des difficultés. Ainsi libre de ses actes, il ne ressent pas les peurs et les tabous de l’adulte, se sait capable.

Comme mes enfants. Que je n’ai jamais laissés pleurer, que j’ai porté, soutenus, accompagnés.

Je suis souvent surnommée « maman-poule » par mon entourage, on m’a fort souvent reproché de trop les couver, d’être trop tendre, voir trop fusionnelle. Alors qu’il n’en est rien. J’ai seulement suivi mon instinct primaire qui me dicte d’éviter toute souffrance à mon enfant, en le rassurant quand il pleure, en le consolant quand il souffre. J’ai simplement refusé de l’humilier en le punissant, refusé de vouloir à tout prix qu’il rentre dans une petite case.

De plus, donner son « accord », montrer son enthousiasme et sa bienveillance face aux expériences/découvertes/apprentissages de l’Enfant le conforte dans son envie/sa volonté et lui laisse la pleine possibilité d’être enthousiaste et donc de développer des compétences élevées dans le domaine qui l’enthousiaste.

Car la compétence n’est qu’un effet secondaire de l’enthousiasme. Et non l’inverse. Nous ne sommes pas heureux d’être compétents. Mais nous sommes compétents car nous avons été heureux (enthousiastes) lors de l’apprentissage de ces compétences.

Et là est toute la différence entre ces compétences acquises dans l’enthousiasme et la confiance, et des qualifications (diplômes, études supérieures etc..) que nous aurons acquis par des apprentissages codés, dictés par la société, imposés dans un rythme pas forcément en cohésion avec nos dispositions spontanées.

La société nous dit qu’il est nécessaire d’apprendre l’effort, de devoir vivre la difficulté, de savoir dépasser ses limites.
Imposer un effort intense à un individu conduit immanquablement à l’échec. Alors que si il y a enthousiasme, plaisir intense, l’individu est capable de dépasser ses limites, de démultiplier ses forces, grâce au plaisir ressenti devant le dépassement de soi.

Comme mon Fiston par exemple : sa marotte en ce moment est de passer l’aspirateur.

A 5 ans, il n’a pas la taille adéquate à cet appareil.

Trop lourd, difficilement maniable, trop grand pour mon toutpetit.
Mais Fiston n’en a cure.

Inlassablement, il continue à traîner l’aspirateur, à se débattre pour tenir le manche correctement,

à lutter contre la force d’aspiration qui freine son avancée.

Et il accomplit ces efforts surhumains, il lutte contre les obstacles avec le sourire aux lèvres,

fier comme un Pape, heureux comme tout.

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Et là est la clé de tout apprentissage : le PLAISIR, l’ENTHOUSIASME.

Alors, comme le dit si bien Mr STERN, reculons-nous. Observons nos enfants. Laissons les s’enthousiasmer, se passionner pour le même jeu des heures, des jours durant. Acceptons leur évolution personnelle, sans chercher à tout prix à les voir accomplir ce qu’un pédiatre, un instituteur ou un psychologue nous incite à leur apprendre.

Et faisons de même !
ENTHOUSIASMONS-NOUS !

Au commencement de la rédaction de ce billet, je voulais « simplement » synthétiser en quelques phrases la philosophie, cette écologie de l’éducation que souhaite partager André Stern. Seulement je n’ai pas su que dire et quoi passer sous silence. Quelle idée résumer et quelle autre développer.
Et surtout, chacun de ses mots, chacun de ses partages m’a émue, remuée, touchée, sensibilisée, qu’il m’est impossible de ne pas tous les citer.
Alors, j’espère, si jamais j’ai l’insigne honneur d’être lue – un jour – par Mr Stern, qu’il ne m’en voudra pas d’avoir ainsi dévoilé ses réflexions, sa philosophie de vie. Il me paraît si urgent, si vital que chacun d’entre nous se questionne, s’observe afin de retrouver le sens primaire de notre être, le PLAISIR.

Pour tous ceux d’entre vous qui souhaitent découvrir cet enfant si attachant, André Stern a décrit son enfance dans ce livre, que je vais m’empresser d’acquérir !

stern livre

[ceci est aussi ma participation au Projet 52 du blog C’est quoi ce Bruit, dont le thème cette semaine était « Lire »]

Vis ma vie de parent d’ado #Sortie « soldes » part.2

Vous voici arrivés devant l’antre du Diable, l’île de la Tentation version modesque, je veux bien sûr parler du Centre Commercial.

Toujours accompagnée de sa bande, votre ado chéri(e) n’en peut plus de trépigner d’impatience à l’idée de farfouiller parmi les étalages, limite vous vous croyez dans l’émission de télé « Nouveau look pour une nouvelle vie », tellement les voix mutantes montent dans les aigus et s’enthousiasment, en bavant sur les devantures de magasin.

A ce moment-là, deux choix s’offrent à vous.

Soit vous libérez la horde et la laissez gérer, moyennant un budget défini, son shopping frénétique sans la présence maternelle et vous pouvez vous-même déambuler sereinement dans vos boutiques préférées [ouais, ne mentez pas, hein, je l’ai bien vu, votre pupille se dilater devant le petit top trop tendance à -30%, là!!].

Soit vous préférez accompagner votre ado et ses amis pour pouvoir éviter les achats compulsifs et inutiles comme une hideuse ceinture cloutée ou des chaussures à plateformes vif argent.

Votre cœur balance ? Vous hésitez ?

Allez, j’suis sympa, voici un petit aperçu in vivo de ces deux situations. Vous ne pourrez pas dire que je vous ai pas prévenu, hein !

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Situation 1 : Chacun sa route, chacun son chemin…

Entre votre ado et vous la confiance règne, le dialogue est le maître-mot de vos relations. Aussi, vous n’hésitez pas une seconde et tendez à votre cher enfant une (petite) liasse de billets, synchronisez vos portables et le laissez explorer le centre commercial sans votre (bienveillante) compagnie. [En clair, il vous a sèchement demandé : « nan, mais c’est bon, quoi, Mam’s, tu vas pas venir avec nous !! C’est trop la honte de se trimbaler sa reum, là ! Sérieux, j’ai plus 8 ans! »]

Vous le regardez donc partir en remontant son baggy (ou extirpant d’un doigt délicat (et atrocement verni) la ficelle de son string de son entre-fessier, si c’est un spécimen féminin), bras dessus-bras dessous avec son BFF, prêts à conquérir l’Univers ou tout du moins, la boutique du coin.

Libérée !! Délivrée !! [Ah ah, ça vous dit quelque chose hein ? Bah voilà, vous l’avez dans la tête pour la journée, hé hé ! Ne me remerciez pas!]

A vous les tops à -50%, la paire de sneakers repérée la semaine dernière et la pause café-croissant-facebook en attendant le retour de la troupe.

Aahh, vous êtes détendue, vous vous sentez bien !

Vous vous félicitez, vous vous trouvez « trop top » comme dira l’ado : passer pour la mère « trop cool » devant les potes, prouver à votre enfant chéri à quel point vous avez confiance en lui/elle et cherry on the cake, dénicher le dernier sac de la célèbre marque espagnole que vous convoitiez depuis 6 mois (entre nous, c’est quoi ces goûts de chiottes, hein…Franchement, plus bariolé, tu meurs!)

Bon, votre café siroté jusqu’à la dernière goutte, vous commencez à trouver le temps long.

Il est 16h27 et l’Ado devrait vous avoir rejoint depuis bien douze minutes au moins…

Non, non vous ne stressez pas, la confiance, le dialogue, tout ça quoi…[Arrêtez de regarder votre portable ! Posez-le…Là…Respirez profondément…]

Prenez un air serein..et lancez votre regard infrarouge dans la foule pour tenter d’apercevoir votre ado..

Rien ? Sûr ? Nan, on ne va pas s’inquiéter. Tss, tss, pas notre genre..

Votre portable est bien allumé ? Y a du réseau ? Nan mais on sait jamais hein…L’Ado a certainement tenté de vous avertir de son retard, vous n’avez pas reçu son SMS encore, c’est sûrement ça.

16h28 : Toujours pas d’ado en vue et votre portable n’a jamais été aussi silencieux.

16h29 : Dans une minute, il aura ¼ d’heure de retard, vous commencez à sentir la parano inonder vos veines (Rapt ? Accident ? Malaise ? Qui sait ce que votre enfant subit à cet instant!).

16h30 : Vous n’y tenez plus et envoyez un texto inquiet à la chair de votre chair. « Mon bichon/Ma chouchoune tout va bien ? »

16h30 et 35 secondes : aucune réponse…Votre cœur ne tiendra pas le choc. Vous commencez à rassembler vos affaires pour aller trouver une vendeuse, un vigile, un CRS, quelqu’un pour porter secours à votre petit !

Lorsque vous apercevez, au loin, derrière deux vieilles mamies traînant leur cabas, un éclair de cheveux blonds que vous reconnaîtrez entre mille. Vous tendez l’oreille et, malgré le brouhaha ambiant des jingles pub et des conversations mêlées, vous percevez un rire gloussant, une voix de crécelle qui finit dans les graves : la douce mélodie de la voix de votre petit !

Vos doigts se décrispent, votre cœur ralentit ses battements sporadiques et le sang reprend son circuit habituel dans vos veines.

Leur enthousiasme à vous retrouver fait plaisir à voir, ils n’ont jamais marché aussi lentement. Traînant la patte, accrochés à leur portable, suspendus au bras de l’autre, la bande d’ados gloussant vous rejoint enfin.

Surchargés de sacs siglés du nom des boutiques les plus chérots du Centre Commercial. Répandant sur leur passage une odeur sucrée (sûrement qu’un kilo de bonbons a été engouffré) et divers effluves bien entêtants (tiens, z’ont dû essayer tous les parfums et autres déos qu’ils ont croisé en chemin).

Vous hoquetez en découvrant les motifs bariolés et les matières synthétiques qui s’échappent de chaque pochette.

Votre écoeurement atteint son apogée lorsque vous découvrez aux pieds de votre fille chérie des plateformes monstueuses, vif argent, qui semblent clignoter à chacun de ses pas mal assurés (tu m’étonnes, avec 15 cm de hauteur, faut limite des béquilles pour marcher!)

Et tout le bénéfice de votre après-midi s’évanouit en fumée lorsque votre ado lâche ses emplettes à vos pieds, et vous assène : « On a faim. Mam’s, j’ai dit aux potes que tu nous paierais Macrado ! »

Z’auriez mieux fait de les accompagner, hein…

La suite…bientôt ! 

Vous ai-je souhaité bon courage hé hé ?

Brèves de tribu #2014-04

journal

Après quinze jours d’invasion microbienne, je retrouve doucement mon énergie et ma speed-itude [ouais, j’invente des mots si j’veux!] naturelle et tente de rattraper tout le retard accumulé dans les tâches ménagères/mon boulot/le suivi des enfants etc…

Ces deux dernières semaines ont pourtant été marquées de petits bonheurs, d’instants câlins et de bisous fondants.

Février est le mois de mon Fiston, avec ces 5 ans tout ronds pour cette année. Un fiston qui grandit toujours à son rythme particulier, bien plus axé sur les engins de chantier/camions de pompiers/hélicos de police, que sur ses apprentissages cérébraux ou moteurs.

Il ne sait peut-être pas compter jusqu’à 12, mais connait par cœur le nom de chaque engin qui croise notre route.

Il n’est peut-être pas très porté sur l’écriture, sur les boucles bien faites et les quadrillages bien perpendiculaires, mais il peut, d’un coup d’un seul, construire un avion futuriste perfectionné avec ses petits Légos.

Il n’arrive peut-être pas à articuler correctement plus de trois mots dans sa phrase, il est encore et toujours fâché avec la conjugaison [donc il n’utilise que l’infinitif des verbes, c’est plus simple hé hé], mais il sait remplir le lave-vaisselle et faire une purée [atouts certains pour sa future vie amoureuse, n’est-il pas?]

Mon toutpetit, mon blond charmant. Mon bagarreur, mon boudeur. Prends bien ton temps, il file si vite pour moi…

Entre deux rechutes grippales, j’ai tenté de motiver Prems à travailler ses cours – enfin ! – expédiés par le CNED. Une masse de travail imposante pour une ado bien nonchalante.

Pas évident de la soutenir dans ses apprentissages, quand toute parole maternelle est détournée, quand chacun de mes propos la heurte. Partagée entre mon envie de la materner, de lui laisser le temps de progresser dans son travail psychologique, et l’envie non moins forte de la secouer comme un prunier, de la sortir manu militari de sous sa couette, de la voir vivre pour elle et sans nous.

Il y a Deuz aussi. Qui s’enfonce lentement dans la dépression, malgré notre soutien, malgré son entourage amical, éducatif, qui fait tout pour la sortir de son marasme. Mais rien ne semble l’atteindre, aucune de nos attentions n’a d’impact sur son moral.

Mais il y a aussi Perle. Qui continue sereinement son chemin, dans les rires et même l’exubérance parfois ! Qui excelle à l’école et s’épanouit à la maison. Elle n’hésite plus à s’affirmer, toujours dans la bonne humeur et l’humour potache.

Il y a notre Championne. Qui se passionne pour les Jeux Olympiques. Qui profite d’un coriace rhume qui la cloue au lit pour se gaver de biathlon et autre patinage artistique. Elle garde le sourire malgré la fatigue. Et doit d’ailleurs être vraiment bien affaiblie pour ne pas rouspéter face aux entraînements loupés, aux matches non disputés.

Et enfin il y a Nous. Deux adultes noyés dans la masse. Déboussolés, malmenés dans ce rythme trop soutenu. Aucune pause, aucun répit. Une communication rompue, des incompréhensions, de la rancoeur et des doutes, qui nous font perdre pied et creusent un sillon douloureux dans notre Amour. Alors ce soir, nous nous mettons sur Pause. Une pause d’amoureux, en ce jour consacré. Juste nous deux. Pour ne pas rompre le fil aimant qui nous lie depuis 17 ans. Parce que l’on s’aime, tout simplement.

Aimez-vous les uns les autres, aimez-vous égoïstement, chérissez-vous, prenez soin de vous !